L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève veut sauver les vieux bâtiments
Une petite maison en perdition située au 198, rue du Pont a été sauvée de la démolition et sera revampée grâce à la vigilance du Comité consultatif d’urbanisme de l’arrondissement de L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève ainsi qu’à la vision du conseil d’arrondissement. Les élus ont d’ailleurs donné le mandat au Service d’urbanisme de prendre toutes les mesures nécessaires pour sauver de la catastrophe cette maison érigée en 1893 dans le cœur du village original de Sainte-Geneviève.
«Il s’agit d’un cas typique où on se rendait directement vers une demande de démolition par abandon», affirme la conseillère d’arrondissement du district Sainte-Geneviève, Suzanne Marceau.
Pour preuve, cette vidéo qui montre le déclin de la maison, faute d’entretien:
Plusieurs promoteurs adoptent en effet la stratégie d’acheter une maison pour ensuite la laisser dépérir et ainsi pouvoir obtenir un permis de démolition. Ils peuvent alors présenter une demande pour construire un immeuble plus grand et viser une meilleure rentabilité.
«Dans le cas présent, il s’agit d’une ancienne résidence unifamiliale isolée construite à la fin du 19e siècle, explique Suzanne Marceau. Elle est implantée sur la rue du Pont, qui, de 1893 à 1966, était une artère importante faisant le lien entre le village de Sainte-Geneviève et le village de L’Île-Bizard. Le cadre paysager et patrimonial de la rue lui confère une ambiance unique et elle a conservé sa trame urbaine originale. Elle est l’une des rues les mieux conservées à Sainte-Geneviève et sur l’île de Montréal», soutient la conseillère.
Historique de la démarche
En 2005, le plan d’urbanisme de la Ville de Montréal, d’ailleurs toujours en vigueur, intégrait le chapitre de l’arrondissement dans lequel certains objectifs étaient de préserver et mettre en valeur le caractère villageois des rues commerçantes traditionnelles et de poursuivre la mise en valeur du noyau villageois de Sainte-Geneviève.
Il faudra attendre 15 ans avant de voir arriver le Plan de revitalisation du village de Sainte-Geneviève, adopté en 2021. Les deux principaux objectifs du document sont de préserver les témoins historiques qui forgent l’identité de Sainte-Geneviève et de stimuler les opportunités de requalification urbaine en favorisant la mixité fonctionnelle, la mixité sociale et la densification douce.
«Bien que le Plan de revitalisation se concentre uniquement sur le village de Sainte-Geneviève, la majorité des composantes, diagnostics, orientations, objectifs et moyens de mise en œuvre s’appliquent également au village de L’Île-Bizard. Les enjeux et défis sont souvent assez similaires», explique Suzanne Marceau.
«Nous devions agir vite car depuis 2019, plusieurs promoteurs souhaitent voir se développer leurs propriétés dans les deux villages, poursuit la conseillère. Ils y voient des opportunités de faire fructifier leurs acquisitions immobilières. Plusieurs projets déposés en avis préliminaire au Comité consultatif d’urbanisme visent à développer des terrains en démolissant une maison existante d’intérêt villageoise pour construire un nouveau bâtiment sans tenir compte du caractère villageois du secteur et de sa densité traditionnelle.»
Un projet de règlement modifiant le règlement de zonage déposé lors de la séance du conseil d’arrondissement du 6 juin découle d’une volonté de l’Arrondissement d’assurer que les futurs projets de construction puissent correspondre au caractère villageois des deux villages, tant au niveau de l’usage, de la densité, de la forme et de la volumétrie des bâtiments projetés.
Le projet de règlement propose entre autres ainsi de réduire le nombre de logements à un maximum de quatre.
«Ce souci de conservation du caractère villageois découle du fait que ces milieux sont vulnérables aux pressions urbaines et qu’ils présentent un intérêt historique et patrimonial. Ils sont pratiquement les derniers vestiges villageois de l’île de Montréal. Leur protection est importante pour conserver la mémoire de ces lieux et de pouvoir redonner aux générations futures l’histoire des anciens occupants», conclut Suzanne Marceau.
La reconversion de bâtiments anciens
Un autre règlement vient confirmer le désir de l’Arrondissement de L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève de donner de la vigueur au centre des villages. Celui-ci préconise maintenant l’usage mixte des bâtiments, c’est-à-dire un logement en haut et du commerce en bas. Les ateliers d’artisans seront aussi les bienvenus.
«Au fil des années, le village de Sainte-Geneviève a perdu ses petits commerces de proximité au profit du boulevard de Pierrefonds, dans l’arrondissement voisin, explique la conseillère de Sainte-Geneviève. Il faut redonner vie à notre village. Les gens sont avides d’une plus grande proximité avec les commerces, avec des expériences de consommation plus humaines. Le village s’oriente avec le temps vers du résidentiel, se transformant en ville-dortoir en quelque sorte.»