REM de l’Est: une opportunité ou une fatalité?
L’Est de Montréal attend depuis assez longtemps et ne peut pas se payer le luxe de rater le train du REM de l’Est, plaide la Chambre de commerce de l’Est de Montréal (CCEM). Mais ce n’est pas une raison d’accepter un cadeau empoisonné, rétorque le Collectif en environnement de Mercier-Est (CEM-E).
C’est un véritable pavé dans la mare qu’a lancé l’Autorité régionale de transport (ARTM) avec son avis préliminaire sur le projet du REM de l’Est qui a fuité dans La Presse mardi matin.
«À la lumière des constats qui se dégagent de nos analyses, nous suggérons d’envisager des options qui permettraient un projet mieux ancré dans un principe de complémentarité avec l’écosystème de transport collectif existant, ainsi qu’une meilleure adéquation entre les besoins de déplacement, les milieux urbains traversés, le mode proposé et les coûts d’investissement», a déclaré par voie de communiqué le directeur général de l’ARTM, Benoit Gendron.
Le vice-président du CEM-E, Daniel Chartier, salue l’avis de l’ARTM, qui est essentiellement le même message que porte le Collectif depuis un an et demi.
«L’ARTM démontre que [le REM de l’Est] est un très mauvais projet qui va affamer et désorganiser la STM, et qui ne fera pas le transfert de l’automobile vers le transport collectif qui a été promis», affirme-t-il.
Revitalisation de l’est
Selon le président-directeur général de la CCEM, Jean-Denis Charest, le projet du REM de l’Est doit être évalué de manière beaucoup plus large que ses simples retombés sur le transport.
«Le REM de l’Est est aussi une infrastructure qui va nous permettre d’accélérer la décontamination des sols et de transformer des passifs environnementaux en actif. C’est également une possibilité de créer de nouvelles zones d’emplois et d’attirer des investissements en logement», soutient le PDG.
Si la présidente-fondatrice de l’Agence métropolitaine de transport – ancêtre de l’ARTM –, Florence Junca Adenot, reconnaît les apports positifs du projet à la revitalisation de l’est de Montréal, elle ne comprend pas que les questions soulevées par l’ARTM n’aient pas été résolues par la CDPQ Infra avant que le projet soit annoncé en décembre 2020.
Ces questions justifient, selon elle, que d’autres modèles de déplacement soient examinés afin de mieux desservir l’est de Montréal, tout en étant complémentaires aux services existants.
Mais pour le PDG de la CCEM, il n’y a pas de plan B au REM de l’Est.
«De penser qu’on va être capable de rebâtir un nouveau projet de A à Z et d’arriver avec un financement de 10 G$, ce n’est pas réaliste. On a la responsabilité de réaliser ce projet», martèle Jean-Denis Charest.
Remise en question
Personne ne veut jeter le projet à la poubelle, réplique Florence Junca Adenot, mais cette dernière remet en question la nécessité d’un tracé à l’ouest de la station de métro Honoré-Beaugrand et des futures stations de la ligne bleue.
Selon elle, il est inutile que le REM de l’Est aille jusqu’au centre-ville, sans compter que ce tracé dédouble le service déjà offert par la STM et risque de cannibaliser ses usagers.
«Quand vous regardez les statistiques, 50% des déplacements dans l’est se font à l’intérieur du secteur de l’est. Il y en a à peine 13% qui vont au centre-ville», affirme-t-elle.
La même logique s’applique au tracé souterrain prévu vers Montréal-Nord qui vient rivaliser avec le SRB Pie-IX.
«[Ce tracé] a tout intérêt à s’éloigner pour desservir un nouveau secteur, dont l’arrondissement d’Anjou», soutient Florence Junca Adenot.
Elle rappelle du même coup que la communauté de Rivière-des-Prairies n’est pas incluse dans le projet actuel du REM de l’Est.