Un programme pilote mélange enseignement et cuisine dans Hochelaga
Une pincée de mathématiques, un soupçon d’histoire, une touche de vocabulaire et une bonne dose de cuisine, le tout saupoudré de bonne humeur. Voici la recette ludique que testent l’école Baril et la Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve depuis la rentrée 2017.
Une fois par semaine, des groupes de 17 enfants du troisième cycle de cet établissement primaire de Hochelaga passent une heure dans les locaux de la Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve (CCHM) qui sont de l’autre côté de la rue Adam.
En tout, 72 enfants bénéficient de ce programme pilote qui résulte d’un arrimage d’ambitions entre l’école et l’organisme du quartier.
La CCHM avait envie de développer un nouvel atelier pour promouvoir les saines habitudes alimentaires chez les plus jeunes et l’école Baril voulait profiter de sa réouverture pour s’impliquer avec un organisme communautaire local.
«On a déjà travaillé en milieu scolaire, mais là ce qui me stimule, c’est l’implication des enseignants. C’est vraiment un travail d’équipe», salue Benoist De Peyrelongue, directeur général de la CCHM.
«C’est intéressant et ça se passe très bien. […] J’ai certains élèves qui n’auraient jamais eu cette chance de cuisiner. Cela nous ouvre d’autres horizons et ça permet de développer des talents», se félicite aussi Caroline Allard, enseignante de l’école Baril.
Cette initiation à la cuisine sert aussi à dispenser un apprentissage pluridisciplinaire. Les élèves âgés de 10 à 12 ans étudient les mathématiques en abordant les recettes et les conversions, ils enrichissent leur vocabulaire avec un lexique préparé par la CCHM et ils apprennent des notions historiques lors des séances de cuisine.
«Il y a l’envie de construire demain. […] On est dans du concret avec les enfants et pour nous c’est du bonbon.»
Benoist De Peyrelongue, directeur général de la CCHM.
À l’occasion de l’activité de décembre consacrée aux biscuits de Noël, ils ont notamment eu un aperçu de deux fleurons montréalais avec la farine Five Roses et le sucre Lantic.
«J’ai toujours dit que la cuisine est un vecteur où tout s’apprend. Dès qu’on tombe dans le manuel, on arrive à canaliser l’énergie de l’enfant», constate M. De Peyrelongue.
Enthousiasme et vocations
Lors de l’atelier du mardi 12 décembre, des jeunes avec des troubles d’apprentissage ont participé à la préparation et à la décoration des biscuits. Autour du plan de travail, l’excitation prenait parfois le dessus, mais les 17 enfants passionnés ont collaboré pour réaliser quatre plaques de cuisson entières de biscuits à ramener chez eux.
«J’ai appris à travailler en équipe pour faire des biscuits […] et puis j’ai aussi appris le nom des usines d’où viennent le sucre et la farine et tout ça c’est des trucs méga-fun», indique Kingsley, douze ans, qui a même passé le balai avec enthousiasme à la fin de la séance.
Comme lui, Zoé, âgée de onze ans, avait du mal à cacher sa joie de participer à cette activité. Elle et Kingsley ont même trouvé une vocation et rêvent de devenir chefs cuisiniers lorsqu’ils seront plus grands.
«Quand je cuisine, ça fait sortir toutes mes émotions, ça me rend heureuse. Ça me fait sortir toutes les énergies négatives et ressortir le positif. La cuisine, ça sert à exprimer sa créativité», confie la fillette.
Si la CCHM et l’école Baril se donnent encore du temps pour faire mûrir ce programme, les premiers retours sont encourageants pour les deux parties. Elles souhaitent déjà reconduire ce projet l’an prochain et peut-être même l’élargir au deuxième cycle dans quelques années.