Les boîtes de dons servent de poubelles, déplorent des organismes
Aux prises avec des dons souillés et volés, des organismes montréalais et québécois font front commun pour demander aux citoyens de garder leurs objets à donner jusqu’à la reprise des services non-essentiels.
«Les dons qui sont laissés (devant les boîtes de dons), on ne peut rien faire avec. Ils s’en vont aux poubelles. (…) Quand ils sont laissés la nuit, il y a du pillage, les sacs sont éventrés. La police débarque, et les gens se plaignent», résume Marie-Claude Masson, directrice des communications et du marketing chez Renaissance.
La majorité des organismes qui récoltent des dons est considérée comme étant non essentielle et a dû fermer ses portes le 25 décembre. Faute de personnel pour amasser ou trier leurs dons, les boîtes de dons débordent et des citoyens laissent des objets devant l’organisme, soutient Mme Masson. Chez Renaissance, le problème s’observe partout sur l’île de Montréal.
Des organismes québécois ont envoyé un communiqué le 29 décembre demandant aux citoyens de retenir leurs dons jusqu’à leur réouverture, prévue pour le 11 février. Malgré leurs appels sur les réseaux sociaux et les affiches apposées sur leurs boîtes de dons, des citoyens continuent d’y déposer des objets.
La Saint-Vincent-de-Paul de Montréal s’est pour sa part vue obligée d’envoyer des employés régulièrement pour vider les boîtes, bien qu’elle soit en arrêt de service. En raison de la quantité importante de dons, impossible de garder le rythme, indique Denise Ouellette, directrice générale de l’organisme.
«C’est des dons gratuits, qui en fin de compte, finissent par nous coûter très cher», déplore-t-elle.
Pandémie: augmentation des dépôts sauvages
Philippe Siebes, directeur de l’organisme Le Support, déplore pour sa part l’augmentation des dépôts sauvages depuis mars dans les divers points de dépôt de son organisme.
«Les gens déposent des télévisions, des matelas, qui n’ont aucune valeur monétaire. On est pris pour en disposer. Ça engendre des coûts importants, et on a moins d’argent à remettre à nos causes respectives», soutient-il.
Un avis partagé par Mme Ouellette, qui a observé une augmentation de dépôts sauvages dans toutes les succursales montréalaises de la Société. À Montréal-Nord, l’organisme a même dû débourser de grand frais pour jeter des dépôts sauvages et des dons contaminés.
À l’avis de Mmes Ouellette et Masson, les citoyens profitent du confinement pour faire le ménage, en profitant pour se départir d’une grande quantité d’objets qui n’ont malheureusement pas toujours de valeur.
«Il faut qu’on puisse se servir de nos dons pour nos programmes, pas pour les envoyer à la poubelle. On ne répare pas les objets qu’on reçoit», souligne Mme Ouellette.
Des dons précieux
Si les organismes demandent l’arrêt des dons momentanément, ils espèrent que les citoyens continuent à donner dès la réouverture: les dons sont leur moteur économique.
«On demande aux gens d’être patients. Mais on va avoir besoin de leurs dons. Nos services sont très sollicités en raison du ralentissement économique», soutient Mme Masson.