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Exploiter le potentiel des berges de la rivière des Prairies

Photo: Archives

La réappropriation des berges est un enjeu ciblé par la population du nord-est de l’île pour accroître le dynamisme des quartiers environnants. Alors que Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies sont engagés dans des démarches de planification, cet envie pourrait se traduire en objectif.

«On a délaissé cette rivière qui est historique pour Montréal et qui a un potentiel énorme», croit Christian Desautels, le directeur général de la Route de Champlain. Depuis 2012, ce dernier tente avec son organisme de redonner du dynamisme à la rivière des Prairies par les activités nautiques. Que ce soit en kayak de mer, en rabaska ou désormais en bateau électrique, la Route de Champlain propose des excursions durant toute la période estivale pour naviguer sur les eaux qui bordent le nord de Montréal. Selon M. Desautels, l’offre de loisirs et culturelle est insuffisante dans ce secteur.

«Cette rivière doit permettre de voir plus grand . Des barrages [face à Montréal-Nord] jusqu’à la pointe de l’île, il y a plus de quinze kilomètres. On doit faire un arrimage entre la terre et l’eau pour avoir un parcours tout au long de Gouin avec des points d’attractivité», pense ce responsable de l’organisme Nord-Montréalais.

Ce dernier plaide notamment pour la création de cafés, l’émergence de pôles d’activités, l’implantation de panneaux d’interprétation et la mise en place de navettes fluviales entre le parc-nature de la Pointe-aux-Prairies et Montréal-Nord. «Le courant est assez fort et cela limite les activités. Avec des navettes, on pourrait faire du paddle board, du kayak ou du canot et ramener les gens à leur point de départ», se projette Christian Desautels.

«C’est fou de penser que rien ne s’est développé. J’ai rien contre le fleuve, mais la rivière des Prairies est là aussi.»
Christian Desautels, directeur général de la Route de Champlain.

Certaines des pistes préconisées par le directeur de la Route de Champlain ont aussi été proposées lors des consultations citoyennes menées ces derniers mois, autant dans Montréal-Nord que dans Rivière-des-Prairies. Le premier arrondissement est engagé dans une démarche de planification culturelle et la «réalisation d’activités de création éphémère sur la rivière et les berges» avait été ciblée parmi les actions prioritaires lors d’une clinique réalisée à l’automne. Dans le quartier RDP, la dynamisation des bords de l’eau est aussi régulièrement ressortie lors des rencontres avec les résidents sur la réalisation du plan de quartier.

«C’est aussi quelque chose qui m’anime énormément et c’est une des raisons pour lesquelles je me suis présentée en politique, réagit Chantal Rouleau, la mairesse d’arrondissement de RDP-PAT. On a d’ailleurs un plan bleu et vert où l’on travaille sur la réappropriation». Pour le secteur RDP, l’élue évoque notamment l’inauguration prochaine de la place publique dans le secteur Saint-Joseph ou l’aménagement du quai au parc André-Corbeil-dit-Tranchemontagne.

De son côté la mairesse de Montréal-Nord entend aussi renforcer l‘attractivité des berges et promet des annonces dans les prochains mois. Elle souligne tout d’abord l’investissement réalisé pour la création d’un pôle récréotouristique au parc Aimé-Léonard et souhaite profiter du parcours Gouin que la Ville de Montréal a principalement développé dans Ahuntsic-Cartierville pour servir d’élan aux autres arrondissements.

«La rivière est un atout. Il faut l’assumer et la rendre encore plus attrayante et accessible. On a l’intention de regarder comment le parcours Gouin peut devenir une attraction encore plus intéressante de Rivière-des-Prairies jusqu’à Pierrefonds, en passant par Montréal-Nord», indique Christine Black.

Une histoire tourmentée
Cet attrait pour les berges n’est pas nouveau puisque les bords de la rivière ont connu une histoire riche dans le passé.

«Il y a eu la plage Rochon face au ruisseau de Montigny et elle était très courrue. Du début au milieu du XXe siècle, la rivière des Prairies était un endroit de villégiature pour les Montréalais», raconte Hubert Lewis, bénévole au sein de la Société historique de Rivière-des-Prairies (SHRDP).

À l’époque, des chalets fleurissaient dans le nord de Montréal pour profiter de ses paysages, principalement durant la saison estivale. «Il y en a eu jusqu’à 500, ce n’était pas le grand confort, mais ça a eu son heure de gloire. Tout cela s’est arrêté brutalement avec la pollution de la rivière et la fermeture de la plage Rochon dans les années 60», poursuit ce membre de la SHRDP.

Si la rivière a été largement polluée pendant des décennies, la situation s’est améliorée ces dernières années. Le risque de dégradation des eaux reste toutefois présent lors d’épisodes pluvieux à cause de débordements de surverses, mais le remplacement des raccordements inversés et l’usine d’ozonation des eaux usées annoncée dans les grands chantiers 2018 de la Ville de Montréal devraient permettre de réduire cet impact.

La mairesse de RDP-PAT entend d’ailleurs poursuivre les investissements sur les berges et envisage l’aménagement de plages sur la rivière à l’image de celle qui va arriver sur les bords du fleuve.

«On veut chasser le gris pour laisser place au bleu et au vert et donner accès aux plans d’eau. On a des espaces qui peuvent être aménagés pour devenir des plages et on a l’œil sur certains endroits», promet Chantal Rouleau.

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