Une «place de l’Espoir» 10 ans après le décès de Fredy Villanueva
Dix ans après la mort de Fredy Villanueva et des émeutes qui ont secoué Montréal-Nord, l’arrondissement va créer la place de l’Espoir, un lieu de «mémoire collective, de rencontre et de cohésion sociale». Si le projet se veut commémoratif, il ne fera aucune référence explicite aux événements tragiques de 2008.
La place de l’Espoir sera aménagée au parc Henri-Bourassa, lieu où le jeune homme avait été abattu par un policier le 9 août 2008.
Au centre de la nouvelle place publique, l’arrondissement compte aménager une œuvre artistique qui pourrait prendre la forme d’une mosaïque. Aucun détail ne fera toutefois mention de Fredy Villanueva ou des émeutes.
Celle-ci remplace donc le projet de murale du centenaire, dans les cartons depuis 2015. Ce projet avait suscité plusieurs débats, notamment sur la pertinence d’y inclure une référence à la mort de Fredy Villanueva.
L’idée de créer une murale à la mémoire du jeune homme avait aussi été évoquée et était notamment réclamée par les représentants de la famille Villanueva. Elle avait reçu notamment l’appui de la mairesse Valérie Plante qui qualifiait cette démarche de «geste de réconciliation». Des voix comme celles de la Fraternité des policiers de Montréal s’y étaient toutefois opposées.
«Aujourd’hui, en 2018, Montréal-Nord a besoin d’un projet qui rassemble ses citoyens, et non un choix qui les diviserait», fait valoir la mairesse de Montréal-Nord, Christine Black.
Cette dernière dit s’être entretenue avec toutes les parties prenantes de ce dossier, dont la famille Villanueva, mais comprend que certains seront probablement déçus par cette annonce. Elle invite néanmoins au rassemblement. «Cela va nous aider à ne pas oublier, tout en nous encourageant à regarder vers l’avenir », précise l’élue.
Valérie Plante apporte son appui à ce projet, même si son opinion sur la murale n’a pas été suivie par l’arrondissement. «Je salue le geste qui est posé, mais c’est important de rester toujours en contact avec les différentes communautés parce que cela a laissé des marques. Pour passer à autre chose, la communauté a besoin de lieux d’expression», indique la mairesse de Montréal.
Plusieurs représentants du milieu communautaire nord-montréalais, qui ont été conviés à cette annonce par la mairie d’arrondissement, soutiennent également cette démarche.
«C’est à chacun de nous de vouloir se souvenir. Il faut que ça devienne un symbole d’espoir pour la jeunesse, pas un symbole de malheur. C’est pas une photo qui va nous faire nous souvenir, c’est plus que ça», souligne Brunilda Reyes, fondatrice des Fourchettes de l’espoir.
L’arrondissement va aussi intégrer une capsule temporelle à cette place dans laquelle tous ceux qui ont été marqués par les événements de 2008 pourront laisser des témoignages. Elle sera ouverte en 2065 pour les 150 ans de Montréal-Nord.
Fredy Villanueva est mort à la suite d’une intervention policière pour interrompre une partie de jeu de hasard présumée illégale, car de l’argent était en jeu. Une altercation s’était déclenchée lors de laquelle le jeune homme de 18 ans avait été touché par trois balles, dont deux au niveau du torse. Il était décédé à l’hôpital quelques heures plus tard. Fredy Villanueva n’avait pas de casier judiciaire et cette affaire avait provoqué des émeutes dès le lendemain dans Montréal-Nord. L’enquête menée à la suite de sa mort n’a donné lieu à aucune accusation contre les policiers impliqués.
La place de l’Espoir, d’une superficie d’environ 11 000 pieds carrés, sera située à l’extrémité sud-est du parc, au carrefour avec la Maison culturelle et communautaire et les écoles Henri-Bourassa et Gerald McShane. Elle se fera dans le cadre du projet de réaménagement du parc qui comprendra aussi l’installation de jeux d’eau, d’une pataugeoire, la construction d’un pavillon et la rénovation du plateau sportif.