Consternation des parents anglophones après l’annonce de transferts d’écoles
Incapables depuis de nombreuses années de s’entendre sur les écoles à transférer à la Commission scolaire de la Pointe de l’Île (CSPÎ), les élus de la Commission scolaire English-Montréal (CSEM) se feront possiblement imposer le choix du ministre de l’Éducation dans un mois. Une proposition jugée « inacceptable » par Angela Mancini, présidente de la CSEM.
Le ministre de l’Éducation avait annoncé mercredi sa « perte de patience » à la fin du mois de mai. S’il reste ouvert à de nouvelles propositions de la part de la CSEM, il a tout de même fortement suggéré, dans une lettre officielle adressée à Angela Mancini, de donner trois établissements à la CSPÎ.
Saint-Léonard serait donc en voie de voir deux écoles anglophones transférées à la CSPÎ : l’école primaire General Vanier (19 classes) et le collège John Paul I (19 classes). Montréal-Nord perdrait également une école primaire, celle de Gerald McShane (30 classes). Ce qui représenterait donc 68 classes.
Incompréhension totale à la CSEM
Une demande qui provoque de vives émotions et de nombreux désaccords au sein de la commission anglophone. Représentant des parents à l’école primaire General Vanier, Bob Reda explique que la nouvelle était « totalement inattendue » et demande au ministre de « donner plus de temps pour trouver des solutions ».
Depuis de nombreuses années, les deux commissions scolaires discutent pour trouver des solutions à l’augmentation importante d’élèves dans les écoles de l’est de la ville. Elles n’ont jamais été capables de se mettre d’accord. C’est pour cela que le ministre a tranché en leur laissant un mois pour trouver une solution. Même si la commission sait que le ministre « a tous les pouvoirs », elle espère tout de même avoir la possibilité de regarder s’il y a d’autres solutions que de leur « arracher trois édifices ».
Plusieurs commissaires déplorent l’opposition du ministre à transférer le centre Galileo. Le gouvernement maintient sa position encore aujourd’hui comme le souligne la ministre responsable de la région de Montréal et de la Métropole « il est hors de question de déplacer les étudiants » du centre Galileo. Une nouvelle qui réjouit Sylvia Lo Bianco, commissaire de la CSEM à Montréal-Nord, qui défend depuis plusieurs mois le centre éducatif pour adultes et élèves ayant des besoins intellectuels et physiques particuliers. Pour elle, il faut que la commission « tourne la page du centre Galileo, parce que ce n’est pas une solution envisagée par le ministre et le gouvernement ».
Giuseppe Ortona, également commissaire à la CSEM, est « déçu » du changement de position du ministre, insistant sur la possible perte de trois écoles alors qu’ils offraient avec le centre Galileo. Patricia Lattanzio, commissaire à la CSEM, se dit également consternée de la proposition faite par M. Roberge qu’elle ne comprend pas puisque le centre Galileo « offre autant de places voire même plus que les trois écoles que l’on va ébranler ».
Des parents et des enfants chamboulés
N’ayant pas 18 mois devant eux, Mme Mancini va rencontrer les parents des élèves et la communauté lundi soir lors de la tenue d’un conseil exceptionnel. La présidente a également déclaré « ne pas vouloir s’entretenir avec le ministre avant la fin de cette rencontre ».
Des parents présents à l’école primaire General Vanier étaient en pleurs. L’émotion est importante et l’avenir de leurs enfants chamboulé. Laura Zuanigh Marra a eu ses quatre enfants dans cette école qui fait donc parti du possible transfère. Sa fille qui est actuellement en 5ème année « voudrait rester avec ses copains, elle était ici depuis la maternelle ».
Difficile aussi pour Evy Arvanitakis dont les deux enfants sont élèves dans cette école. « Mon plus grand gradue l’année prochaine et il veut le faire avec ses amis, mais ce ne sera pas possible puisqu’ils ne seront plus dans les mêmes écoles ».
Karen, mère de deux filles, abonde dans le même sens. Elle reproche un manque d’éthique dans la décision du gouvernement. « Il n’y a aucune solution en ce moment. Les délais pour trouver d’autres options sont trop courts. »
De son côté, Pat, venu attendre son fils, rappelle que la contribution financière de la communauté anglophone a été déterminante pour l’école, et tombe, d’une certaine façon, à l’eau. « Le terrain de jeux, les infrastructures ; ce n’est pas le gouvernement qui les a mis en place, mais l’argent donné par les parents. »
La députée libérale de Jeanne-Mance–Viger, Filomena Rotiroti ne perd pas espoir de voir une entente. « La façon dont je comprends la sortie du ministre [de l’éducation, Jean-François Roberge] est qu’il y a encore 30 jours de négociations. J’ai encore confiance que les commissions scolaires pourront s’assoir et trouver une décision convenable pour tous, dans le meilleur intérêt des enfants. » Elle souligne qu’en tant qu’élus, les commissaires des deux commissions scolaires sont les mieux placer pour juger de la situation.
En collaboration avec Félix Lacerte-Gauthier