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Des jeunes de Montréal-Nord et du Lac-Simon qui partagent des réalités similaires

Les deux groupes de jeunes ont développé un lien de solidarité grâce à certaines similitudes observées dans leur réalité respective, et ce, malgré les différences culturelles. Photo: Olivier Faucher - Métro Média

Samedi après-midi, des jeunes de Montréal-Nord accueillent leurs amis de la nation Anishinabe du Lac-Simon avant de prendre part à un atelier portant sur la décolonisation. Bien qu’ils viennent de milieux complètement différents, ces deux groupes de jeunes ont découvert plusieurs points en commun grâce à cette correspondance établie depuis maintenant quatre ans.

Tout a commencé lorsque Janie Dolan Cake, alors étudiante en travail social, a eu l’idée de jumeler des femmes de ces deux communautés après avoir fait son stage chez Café-jeunesse multiculturel et un échange au Lac-Simon.

«Quand j’étais à Café-jeunesse et que je voyais l’oppression que des femmes [de Montréal-Nord] pouvaient vivre, mais aussi leur force et leurs résistance, il y a beaucoup de liens que je faisais avec les luttes des femmes autochtones», raconte-t-elle.

L’activité s’est avérée un succès, notamment grâce aux échanges entre ces femmes qui ont appris à se connaître personnellement et culturellement.

La Nord-Montréalaise Séphora Ghoulam, qui participe à ces rencontres depuis le début du projet, sentait qu’on ne lui avait pas assez enseigné la vie d’aujourd’hui des peuples des Premières Nations.

«Je voulais m’informer parce qu’à l’école, on apprenait le passé des peuples autochtones, mais pas la réalité des réserves», explique-t-elle.

Dans l’autre groupe, Taïsha Papatie se rappelle que c’est l’opportunité de «rencontrer de nouvelles personnes et de voir la diversité qu’il y a à Montréal» qui l’a motivée à participer au projet.

Si l’initiative était d’abord réservée aux femmes, elle s’est ouverte à la mixité depuis deux ans.

Aujourd’hui, 12 jeunes du Lac-Simon et 11 Nord-Montréalais se rencontrent quatre fois par année, parfois à Montréal-Nord, parfois au Lac-Simon.

Similitudes dans la différence

Malgré les différences culturelles qui peuvent sembler importantes entre les jeunes de Montréal-Nord, majoritairement issus de l’immigration, et les autochtones du Lac-Simon, les deux groupes ont développé un lien de solidarité grâce à certaines similitudes observées dans leur réalité respective.

«Ce sont des territoires exclus avec des populations qui sont marginalisées, souligne le coordonnateur de Café-jeunesse multiculturel, Slim Hammami. Ils sont dans la même posture sociale.»

Ces ressemblances se remarquent, par exemple, lors d’un échange sur la thématique de la décolonisation.

«Je suis d’origine algérienne et, comme les autochtones, il y a des Français qui sont venus prendre notre pays, pointe Séphora Ghoulam. On nous dénigre parce qu’on est immigrant et on vit du racisme alors qu’on rien fait de mal. C’est un peu comme eux. Ils vivent du racisme alors qu’ils sont sur leur propre terre.»

Derice Papatie, originaire du Lac-Simon, observe à Montréal-Nord des problèmes qu’il voit aussi chez lui. «Sur la réserve, tu côtoies beaucoup la consommation et la drogue. La plupart du monde ici en voit aussi.»

Pour Gloria Anichinapeo, animatrice familiale qui coordonne le groupe du Lac-Simon, la correspondance permet de faire tomber des préjugés. «Je veux que les jeunes voient que ce n’est pas tout le monde qui est pareil et de ne pas mettre tous les musulmans dans le même bateau, par exemple.»

Ce sont avant tout des liens d’amitié qui se sont toutefois développés entre les deux groupes.

«Taïsha, c’est mon amie, dit la Nord-Montréalaise Jasmine Jean. On discute de la vie normale.»

«On a hâte de les voir à chaque fois», exprime pour sa part Séphora.

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