Les mécaniciens de vélos, un service essentiel?
Alors que le temps s’adoucit et que des Montréalais sortent leur vélo, certains pensent que le gouvernement du Québec a «oublié» les cyclistes dans sa liste de services essentiels qui ne fermeront pas pour les trois prochaines semaines; les réparateurs de bicyclettes n’y figurent pas.
«C’est un très mauvais timing, pense Daniel Lambert, porte-parole de la Coalition vélo de Montréal. C’est maintenant que les cyclistes de la période estivale pensent à sortir leur vélo.»
En contexte de lutte contre la propagation du coronavirus, le gouvernement du Québec a publié hier une liste de services essentiels qui ne fermeront pas durant les trois prochaines semaines. Cette liste comprend, entre autres, les garages de réparation d’automobiles. Or, contrairement à l’Ontario, Québec n’y a pas inclus les mécaniciens de vélos.
Fernand Rooseboom, propriétaire de la boutique Cycles et Sport Patrick, croit que le gouvernement devrait prendre en compte l’importance du vélo comme mode de transport.
«Je ne verrais pas pourquoi les cyclistes ne seraient pas inclus. Si les automobilistes continuent de recevoir des services, je crois que les commerçants de vélos devraient avoir une exemption» -Fernand Rooseboom, propriétaire de la boutique Cycles et Sport Patrick
M. Rooseboom soulève également que cette fermeture tombe à une période où les nombreux cyclistes saisonniers sortent leur vélo. «Ce sont trois semaines de l’un de nos plus gros mois de l’année pour les réparations et la vente», indique-t-il.
À Montréal, la part modale du vélo comme mode de déplacement entre le domicile et le travail était de 3,2% en 2017.
Option au transport collectif
En Allemagne, le ministère de la Santé a recommandé à sa population d’opter pour les déplacements à vélo ou de marcher au lieu d’utiliser le transport en commun afin de limiter les risques de transmission lors des déplacements.
«Le risque de contamination à vélo est quasi nul», a souligné le porte-parole de la Fédération des pneumologues d’Allemagne, Michael Barczok, au magazine Der Spiegel.
Une idée dont le Québec devrait s’inspirer, croit Daniel Lambert.
«Autant que possible, les gens préfèrent éviter le transport collectif, pense-t-il. Le vélo est une excellente méthode pour se déplacer et garder les distances prescrites par le gouvernement.»
Débat
À la boutique Bicyclettes Montréal-Nord, le propriétaire croit plutôt que des réparations sur des vélos ne valent pas le risque qu’il court pour sa santé.
«C’est sûr que c’est ma haute saison et que ça ne fait pas mon affaire, mais je suis d’accord avec la fermeture», mentionne Yves Chénard.
Il constate que les consignes de santé publique ne sont pas suffisamment respectées dans sa boutique. «Samedi, j’étais ouvert et je n’arrêtais pas de dire aux clients qui couraient après moi de respecter la distance. J’ai 66 ans. Si je la pogne [la maladie], je vais peut-être y goûter solide.»
Chénard pense également que les cyclistes sauront patienter. «Les gens peuvent endurer leur vélo, dit-il. Ils viennent souvent faire faire de la mécanique pour corriger des petits problèmes.»