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Le défi de taille de rouvrir les garderies à Montréal-Nord

Des garderies et CPE de Pointe-aux-Trembles et de Rivière-des-Prairies peinent à combler toutes les places disponibles dans leurs établissements.
Les garderies peuvent accueillir 75% du nombre d’enfants permis avant le confinement. Photo: 123rf

La réouverture des garderies demande une préparation colossale et suscite l’inquiétude dans le quartier le plus touché par la pandémie au Québec.

Il est difficile de rassurer parents et employés face à une réouverture des garderies, constate Mourad Haoues, directeur de la garderie Carrefour des lucioles.

«C’est un travail d’Hercule, illustre-t-il. Mon milieu d’accueil répondra aux conditions sanitaires qui sont très drastiques. Les éducatrices veulent seulement rentrer travailler dans ces conditions. C’est vraiment un gros défi qui est accentué par les conditions locales.»

Dès le 1er juin, les services de garde pourront rouvrir, mais sous de strictes conditions. Les consignes gouvernementales prévoient une réouverture à mi-capacité pour faciliter la distanciation sociale. Le partage d’objets, les contacts physiques et le transport d’objets personnels entre le lieu de garde des enfants et la maison sont des pratiques à éviter. Les modules de jeux seront fermés et les locaux réaménagés pour favoriser une distanciation sociale de deux mètres, avec recommandation d’utiliser un marquage au sol.

«C’est beaucoup de travail parce que c’est beaucoup de détails.» -André Leblanc, directeur général par intérim du CPE L’Oasis des enfants.

Son CPE, qui est devenu un service de garde d’urgence pour 8 enfants lors des deux premiers mois des mesures des confinement, se prépare à accueillir 27 enfants, le 1er juin.

Malgré les inquiétudes des parents et de certains employés, il anticipe positivement la réouverture de son établissement. «Ça se passe relativement bien. Les employés sont professionnels et veulent faire leur part. J’ai une éducatrice de 60 ans qui aurait pu rester chez elle, mais elle a voulu travailler.»

Cet engouement de revoir les enfants est aussi partagé par le directeur du CPE Sainte-Gertrude, Jean-Claude Lavergne. «On s’ennuie de nos enfants», dit-il.

Distanciation «impensable»

Il sera cependant pratiquement impossible de faire respecter une distanciation sociale toute la journée chez les enfants dans les garderies, malgré un plus petit ratio dans les groupes, préviennent les dirigeants contactés.

«C’est totalement illusoire de penser que c’est faisable en petite enfance», -Jean-Claude Lavergne, directeur du CPE Sainte-Gertrude.

En outre, il s’inquiète de l’augmentation du ratio à venir, alors que le gouvernement prévoit un fonctionnement des garderies au maximum de leur capacité au courant de l’été.

«Le ratio, ça sert à diminuer le nombre de moments où la distanciation ne sera pas respectée, explique-t-il. Très rapidement, lorsque les ratios vont augmenter, la gestion quotidienne devient pratiquement impossible à réaliser.»

Manque de personnel et d’équipement

Alors que des employés ont choisi de ne pas rentrer travailler, que les ratios ont diminué, des services de garde se trouvent confrontés à un manque de personnel.

«La rareté de la main-d’œuvre est un autre problème qui vient se greffer, dit M. Haoues. J’ai des éducatrices qui ne sont pas très chaudes pour rentrer au travail.»

L’équipement de protection promis aux employés par le ministère de la Famille tarde également à arriver. «À une semaine d’ouverture, nous n’avons pas eu d’informations pour aller chercher ce matériel», informe M. Haoues.

D’autres problématiques liées à l’équipement sont soulevées. «Quand on a une éducatrice qui a un masque et une visière, l’enfant ne voit plus grand-chose dans la communication non verbale, mais c’est surtout qu’il y aura de l’inconfort parce qu’il y a des CPE qui ne sont pas climatisés», prévient M. Lavergne.

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