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Des jeunes de Montréal-Nord contestent leur «amende COVID»

Montréal Nord
De gauche à droite : le travailleur de rue Beauvois Jean, Jason Desormeaux et le travailleur de rue Marc Saint-Félix Photo: Olivier Faucher/Métro

Soutenus par le Café-jeunesse multiculturel, une dizaine de jeunes contestent des amendes de 1500$ reçues pendant le confinement. Selon eux, les policiers auraient été plus sévères dans Montréal-Nord que dans d’autres quartiers de la métropole.

Une journée du mois d’avril, plusieurs semaines après le début du confinement, Jason Desormeaux, résident du secteur nord-est, décide de sortir à l’extérieur pour discuter avec des amis.

«Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas vu», dit-il. Il raconte que chacun était à plus de deux mètres des autres. «C’était vraiment des distances considérables».

Selon son récit, un premier policier est passé en voiture devant le groupe. «Il a dit que c’était correct, qu’on était à distance», mentionne Jason.

Une deuxième voiture aurait toutefois vu les choses différemment.

«Il nous a demandé si on savait c’était quoi la COVID-19. Il nous a donné 30 secondes pour nous en aller, mais il avait déjà appelé des renforts. On a vu des voitures de police nous prendre d’assaut. Je suis rentré chez moi, et ils ont presque brisé ma vitre pour venir me donner un ticket.»

Un autre jeune visé par l’intervention à qui Métro a parlé a confirmé le récit de M. Desormaux.

Traitement inéquitable?

Y voyant un exemple de profilage, M. Desormeaux croit que les policiers ont appliqué différemment dans son secteur le règlement de distanciation physique.

«Mon ancienne copine habite dans Mercier. Chaque fois que j’allais la voir avec mon enfant dans un parc, les personnes étaient ensemble, la police passait et ne faisait rien. Ici, on a était à distance comme là-bas et on a reçu un ticket.»

Marc Saint-Félix, un travailleur de rue pour l’organisme Café-jeunesse multiculturel a reçu une amende en faisant son travail, bien qu’il soit connu par les policiers pour son rôle.

«J’essayais de dire aux jeunes de se disperser et de faire attention, affirme-t-il. 1500$ ce n’est pas quelque chose que je peux payer. Ils ne pensent pas à ça eux autres. Ils distribuent des tickets comme si ce n’était rien.»

Contestations

Café-jeunesse multiculturel a déjà aidé une dizaine de jeunes à contester les amendes COVID données à des jeunes du quartier. Il invite toute personne du quartier qui croit avoir reçu à tort cette contravention à venir chercher de l’aide chez lui.

Pour l’avocate à la Clinique juridique de Montréal-Nord Marie-Livia Beaugé, il peut toutefois être compliqué de remporter une contestation d’infraction. «Il faut vraiment que tu prouves que tu ne l’as pas fait ou que, si tu l’as fait, ce n’est pas de ta faute», dit-elle.

Me Beaugé a peu de doute que ce règlement a été utilisé à des fins de profilage à Montréal-Nord. «Je suis assez sûre que ça a été un motif pour les policiers de faire du profilage qu’il soit racial et social», affirme-t-elle.

Pour le porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal, André Durocher, les accusations de profilage ne tiennent pas la route. «On ne fait pas ce genre de chose là. Si la personne pense qu’elle n’a pas commis l’infraction, elle peut facilement le contester à ce moment-là.»

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