Itinérance: une première halte-chaleur à Montréal-Nord
La nouvelle halte-chaleur financée par la Ville de Montréal est accueillie favorablement à Montréal-Nord, secteur confronté pour la première fois au problème de l’itinérance visible. Il faudra toutefois plus de ressources pour répondre aux besoins, préviennent plusieurs intervenants.xf
Depuis le 1er novembre, les personnes en situation d’itinérance peuvent passer la nuit dans le sous-sol d’église de l’avenue des Laurentides. Cette nouvelle ressource comptant une quinzaine de lits est l’une des neuf haltes-chaleur créées par la Ville de Montréal dans les quartiers à l’extérieur du centre-ville.
Les personnes dans le besoin peuvent y passer la nuit seulement. Des repas y sont servis le soir et le matin.
Cette ressource est réservée aux hommes. Les femmes seront raccompagnées par navette vers d’autres ressources spécialisées, à l’extérieur du quartier.
C’est l’organisme «Amour en action», possédant une expertise d’aide auprès des personnes à faible revenu, qui a la responsabilité de gérer cette halte-chaleur.
Un premier pas
La mairesse de Montréal-Nord, Christine Black, affirme qu’il s’agit d’une «excellente nouvelle» pour le quartier, mais rappelle que ce pas dans la bonne direction n’est pas une panacée. «Il y a des besoins importants qui demandent la mise en place d’une ressource permanente, de jour, et plus structurée.»
Mme Black demandait depuis plusieurs semaines à la ville-centre de financer cette ressource dans son arrondissement. Elle se félicite d’avoir fait reconnaître le problème à l’administration Plante, alors qu’il s’agit de la première ressource en itinérance déployée à Montréal-Nord.
«Quand on finance quelque chose, c’est qu’on reconnait qu’il y a une problématique et qu’il faut intervenir», dit-elle.
Mme Black affirme que l’itinérance visible est un nouveau problème à Montréal-Nord, mais qu’il y a «beaucoup» d’itinérance cachée. Elle ne dispose toutefois pas de chiffres pour soutenir cette affirmation.
«C’est toujours très complexe de mesurer un problème comme celui-là, surtout dans les quartiers excentrés parce que les gens vont souvent trouver d’autres alternatives», explique-t-elle.
Le Comité logement de Montréal-Nord qualifie également cette mesure de «première étape» à l’échelle locale. «C’est une option qui est possible, souligne l’organisatrice communautaire Marie-Ève Lemire. Pour travailler à la lutte à l’itinérance, il faut y avoir plusieurs options offertes.»
Décentralisation historique
Le réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) a salué l’arrivée de ressources dans les quartiers périphériques de Montréal. Selon l’organisme, c’est la première fois que la réponse de la Ville est aussi importante et décentralisée.
L’organisatrice communautaire Mariana Racine Méndez soutient que la pandémie a fait augmenter le nombre d’itinérants, mais les a aussi rendus plus visibles. Les campements de fortune érigés à plusieurs emplacements dans la métropole en est une illustration.
Mme Méndez pense que la Ville devra poursuivre ses efforts après l’hiver. «Ces gens-là ne vont pas tout simplement disparaitre au cours des prochaines années. Il faut poursuivre les services et il faut réfléchir autrement qu’en fonction de la température.»