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Définancer la police, une bonne idée à Montréal-Nord?

Will Prosper Photo: Archives Métro

Alors que la criminalité est en hausse à Montréal-Nord, un conseiller a demandé à ce que plus d’effectifs policiers soient alloués ponctuellement au PDQ 39, une revendication qui a fait bondir un organisme en faveur du définancement de la police.

«Quand je vois des politiciens demander plus de policiers, surtout à Montréal-Nord, c’est le signe [qu’ils] ont échoué envers leurs citoyens», martèle le co-fondateur de l’organisme Hoodstock, Will Prosper.

M. Prosper est outré de la sortie du conseiller de la Ville Abdelhaq Sari, qui demande notamment une hausse des effectifs policiers dans l’arrondissement au printemps et à l’été.

«On peut mettre un policier à chaque coin de rue à Montréal-Nord. Mais est-ce qu’en faisant ça, on va lutter contre le racisme systémique? Est-ce que ça va réduire les problèmes d’insalubrité? Le taux de pauvreté? Les problèmes de santé mentale?» -Will Prosper, co-fondateur de l’organisme Hoodstock

Pour M. Prosper, qui travaillait auparavant pour la Gendarmerie royale du Canada (GRC), la solution aux problèmes que vit Montréal-Nord passe plutôt par un définancement de la police.

«Il faut redistribuer des fonds auprès d’intervenants pour que les communautés qui subissent les conséquences du profilage racial, de la brutalité policière, puissent elles-mêmes avoir des services qui sont beaucoup plus humains que la répression policière», pense-t-il.

Hoodstock est le seul organisme nord-montréalais faisant partie d’une coalition qui compte près de 60 organisations en faveur du définancement du SPVM.

Hausse de la criminalité

Dans l’arrondissement, les policiers sont de plus en plus appelés à intervenir. Le poste de quartier 39 a dû appeler des renforts cet été pour répondre à une flambée de crimes violents. Les dernières statistiques disponibles montrent qu’il y a eu une hausse de 13% des crimes contre la personne à Montréal-Nord entre 2018 et 2019.

Appelé à commenter l’idée de définancer le SPVM, le conseiller Abdelhaq Sari estime qu’elle est très peu appuyée par les citoyens de Montréal-Nord.

«Je n’ai jamais rencontré un citoyen qui était en faveur du définancement de la police, mais le contraire est vrai. Les citoyens me disent qu’ils veulent plus de policiers sur le terrain et qu’ils ne se sentent pas vraiment en sécurité sur le territoire.»

«Je ne peux pas demander plus de présence policière, des caméras portatives, une augmentation des effectifs des équipes spécialisées en itinérance et en santé mentale, et [en même temps] demander un définancement de la police. Je trouve ça irresponsable.» -Abdelhaq Sari, conseiller de la Ville

L’idée de définancer la police fait débat depuis la mort de George Floyd aux États-Unis, en mai. Plusieurs villes américaines ont depuis réduit le budget accordé aux forces de l’ordre.

À Montréal, l’administration Plante a plutôt choisi d’augmenter le budget du Service de police de 14,6 M$ en 2021.

Aujourd’hui, un groupe d’organismes a proposé un budget «alternatif» qui retirerait 50% du budget du SPVM pour l’investir dans les communautés. La mairesse Valérie Plante a estimé que cette mesure serait «irresponsable» en raison du contexte de la pandémie et de la hausse de crimes impliquant une arme à feu.

Pour Will Prosper, il s’agit d’une proposition qui peut gagner l’appui de la population «si ses fondements sont bien expliqués.»

«Des rôles qui nous appartiennent»

Pour le chef du Poste de quartier 39, Patrick Lavallée, «il y a encore de la place» pour que le SPVM travaille davantage en complémentarité avec le milieu communautaire et d’autres partenaires institutionnels.

Couper directement dans le budget du SPVM pour rediriger les fonds vers ces partenaires n’est cependant pas une bonne idée, selon lui.

«Il y a des rôles qui nous appartiennent et le financement pour ça, je le pense, est adéquat, mentionne-t-il. C’est sûr que quand on regarde le budget de la police, c’est un montant important. Je pense que le citoyen moyen n’est pas trop sensible au concept de définancement de la police parce que quand il en a besoin, il est content de nous voir arriver.»


14,6 M$

C’est l’augmentation du budget alloué du SPVM entre 2020 et 2021. L’an prochain, la Ville de Montréal dépensera un total de 679,1 M$ pour financer son corps policier.

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