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La charcuterie Noël résiste aux chaînes d’alimentation dans Montréal-Nord

À la charcuterie Noël, l’amour de l’alimentation se porte comme un flambeau qui se passe d’une génération à l’autre. Ayant pignon sur rue au coin du boulevard Léger et du boulevard Lacordaire, le commerce spécialisé agit comme une petite ambassade de la gastronomie italienne à Montréal-Nord depuis presque un demi-siècle. Fondée en 1979 par Salvatore Natale, la charcuterie est désormais entre les mains de Roberto, le fils de Salvatore, qui doit faire face à des défis propres au 21e siècle.  

C’est dans notre ADN, c’est pas compliqué! On remonte en Europe, en Italie. Dans le village, mon grand-père, déjà dans son temps, il vendait tout ce qui était en vrac, que ce soit de l’avoine, du blé, de la farine, des fruits et des légumes. C’est de là que vient notre passion.

Roberto Natale, propriétaire de la charcuterie Noël

Selon Roberto, ses enfants «sont aussi passionnés, peut-être même plus» que lui par la nourriture fine. Malgré cela, le père ne souhaite pas poursuivre la tradition et leur transmettre la charcuterie. «On ne voulait pas que nos enfants continuent l’opération, même s’ils sont très passionnés et ont travaillé ici.»

On s’en rend compte facilement en mettant le pied à la charcuterie Noël: le métier d’épicier est une tâche énorme. Derrière les lumières chaleureuses et les odeurs apaisantes de paninis faits par des artisans, Roberto court partout. D’une section à l’autre, il place des pintes de lait, vérifie la température d’un réfrigérateur, salue des clients – après 44 ans de service, des amitiés se créent –, replace des produits, conseille d’autres clients, gère son équipe… C’est de cette charge et de cette pression constante qu’il souhaite épargner ses enfants.

David contre Goliath

La situation économique que vit Roberto n’est pas la même que celle qu’a connue son père. «Les temps changent», dit-il. Depuis la fondation de la charcuterie Noël, bon nombre de commerces locaux et de petites chaînes se sont fait avaler par les conglomérats de l’alimentation. La compétition qui augmente encore lui fait parfois craindre pour l’avenir du commerce.

Les gens vont sur les chaînes, sur les Costco de ce monde, sur les Amazon. Peut-être qu’un jour on va commander notre 200 grammes de bœuf haché sur Amazon… Mais qu’est-ce qui va arriver à tous les petits commerces de proximité?

Roberto Natale, propriétaire de la charcuterie Noël

Étant un entrepreneur de formation – il a fait des études universitaires en marketing –, Roberto a tout de même une stratégie pour ne pas se faire écraser par les gros joueurs. Il mise sur les atouts d’un commerce ayant pignon sur rue qui ne peuvent être copiés par les Costco de ce monde: la chaleur de l’ambiance et la qualité des produits.

C’est notamment parce que toutes les lumières froides «au néon» ont été remplacées par des lumières chaleureuses qui mettent les produits en valeur que le simple fait d’explorer les diverses allées de produits fins devient une expérience gourmande. Pour que les clients se sentent chez eux, tout le commerce a aussi été revêtu de joli bois.

Si les clients, nombreux, et les sourires semblent indiquer que la proposition fonctionne malgré la tendance du marché, il est difficile de dire pour combien de temps encore le modèle sera viable. «Je ne sais pas ce qui nous attend. Je me questionne tous les jours», révèle Roberto. Reste qu’il tient pour l’instant l’une des plus vieilles entreprises en alimentation du secteur.

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