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Pas de relâche pour les filles durant l'été

Pas facile de se trouver un premier emploi, surtout quand on vient de débarquer dans un nouveau pays. Pour aider les adolescentes dans cette situation, le Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé a lancé la toute première école d’été pour filles de Montréal.

Aussitôt qu’elles ont terminé leurs examens finaux du printemps, 17 jeunes filles de 14 à 17 ans se sont empressées de retourner sur les bancs d’école pour apprendre à se trouver un emploi.

« C’est un projet que nous avons mis sur pied parce que plusieurs adolescents veulent travailler, mais il y a beaucoup de choses qu’ils doivent développer avant. Par exemple, il faut savoir quelle est la bonne période pour postuler, parce qu’en juin, c’est trop tard », explique Justine Damord, la responsable du projet.

La plupart des jeunes disent vouloir travailler pour l’expérience, pour avoir de l’argent de poche et pour aider leur famille.

« Je veux travailler parce que ce n’est pas seulement les études qui vont m’aider à trouver un emploi, affirme Khawla Boukehil, une participante. Je suis venue ici pour chercher un emploi, mais j’ai trouvé une école alors, j’ai été très surprise. Ce n’est pas une école normale parce qu’on nous forme tout en s’amusant entre filles. »

Trouver un emploi

La plupart des participantes à l’école d’été sont de nouvelles arrivantes. Plusieurs n’ont même pas encore terminé leurs parcours en classes d’accueil. L’expérience a donc été une occasion pour elle de se familiariser avec les us et coutumes de leur société d’accueil.

Selon leur culture, les jeunes filles ont été surprises d’apprendre qu’elles ne devaient pas inclure de photo et de statut matrimonial dans leur curriculum vitae. D’autres ont été étonnées de l’existence même du document.

« En Algérie, notre CV est notre diplôme », explique Sofia Boukehil, une autre participante.

Les jeunes filles ont également assisté à des ateliers sur les méthodes de recherche d’emploi et ont participé à des simulations d’entrevues.

Les intervenantes ont souligné qu’au Québec, certains comportements essentiels pour dénicher un emploi différer de ceux de leur pays d’origine. En Haïti par exemple, la ponctualité prend une place beaucoup moins grande alors que dans d’autres pays, il est impoli de regarder son interlocuteur dans les yeux.

Former des travailleuses

Les apprentissages nécessaires aux futures travailleuses vont bien au-delà de la recherche d’emploi. L’école leur a donc apprise à se présenter convenablement, à laisser un message vocal ainsi que les règles de bienséance.

« J’ai appris à ne pas mettre mes coudes sur la table et à déposer mes ustensiles entre les bouchées. Je pense que ça va me servir quand je vais travailler parce que peut-être que je vais être invitée à manger avec mes collègues ou mon gérant alors, il faut savoir comment se comporter », dit Sofia.

Les participantes ont également eu droit à une formation sur le service à la clientèle afin de rendre leur candidature plus alléchante. C’est d’ailleurs un domaine ciblé par les adolescentes.

Puisque le CJE est toujours axé vers l’entreprenariat, l’équipe d’intervenants en a profité pour tenter d’inculquer la fibre des affaires aux jeunes participantes en leur présentant des ateliers sur le sujet.

Seulement quelques adolescentes qui ont participé à l’école du CJE sont parvenues à se trouver un emploi. Toutefois Mme Damord estime que ses élèves seront prêtes à se trouver un emploi à temps partiel, dès la rentrée scolaire.

« Nous avons plus d’outils maintenant parce qu’au début, nous n’avions même pas la base, admet Kheira Mekhachef, l’une des participantes. Avant l’école, j’avais commencé à chercher un emploi, mais mon CV faisait presque deux pages : il n’y avait aucune expérience de travail et il y avait des fautes. J’allais déposer mon CV dans les commerces, mais je ne me présentais même pas. »

Le programme a également préparé les participantes à l’équilibre travail-études. Les adolescentes estiment que leur priorité restera les études. Elles ont aussi été sensibilisées sur des sujets comme la sexualité et les drogues.

Question de profiter de l’été, les participantes ont aussi eu droit à à des activités plus ludiques, comme de la zumba, du kayak et une sortie à la Ronde. Ce sont d’ailleurs les seules activités mixtes.

Et les garçons…

En plus du groupe des filles, un petit groupe d’une dizaine de garçons a été créé cette année. Le volet masculin devrait toutefois prendre plus d’ampleur l’été prochain. L’année dernière, l’école s’adressait aux deux sexes, mais les organisateurs se sont rapidement rendu compte que la formule n’était pas optimale.

« Dépendamment des sujets que nous abordions durant les ateliers, ça créait des tensions ou de la gêne. Par exemple, quand nous parlons de la puberté ou de la sexualité, ce n’est pas la même chose pour les filles et les garçons alors, ils n’étaient pas à l’aise », explique Mme Damord.

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