L’histoire de la famille Moineau
Le 19 mai 1809, les seigneurs ensaisinent son droit de propriété sur l’autre moitié la censive.
Antoine Moineau avait épousé, le 31 juillet 1775, en l’église du Saint-Enfant-Jésus-de-la-Pointe-aux-Trembles, Marie-Anne Regnier, dite Brion, fille de Toussaint Regnier-Brion et de Marie-Anne Desroches. Il était le fils de feu Jacques Moineau, cultivateur de la Longue-Pointe, et de feu Marie-Louise Lehoux, dite Laliberté, qui s’étaient mariés le 23 novembre 1722 à Saint-Joseph-de-la-Rivière-des-Prairies. Son grand-père Michel Jeanmonneau, fils de Louis Jeanmonneau et de Marthe Gauthier, avait quitté Augé, près de Niort en Poitou, pour se rendre au Canada. Ce soldat de la compagnie de Joseph de Monic avait convolé à Boucherville avec Marie Jodoin le 1er septembre 1688. Le patronyme des Jeanmonneau se changera en celui de Moineau dès la génération suivante.
Cultivateur très à l’aise pour l’époque, Antoine Moineau possède, en plus de celle sur laquelle il habite au Sault-au-Récollet, deux autres terres, l’une à la côte Saint-Léonard dans la paroisse de la Longue-Pointe et l’autre dans la paroisse de la Rivière-des-Prairies. Antoine et sa femme, Marie-Anne Regnier vendent, le 6 juin 1804, la première qui mesure 3 arpents sur 38, à leur fils Antoine et à leur bru, Marguerite Chevalier, pour la somme de 2 100 livres et contre une rente viagère. Puis, le couple délaisse la deuxième, qui contient un demi-arpent de front sur environ 20 de profondeur, à Michel Beauchamp pour la somme de 1 500 livres.
Le 11 avril 1809, Antoine Moineau et Marie-Anne Regnier cèdent à leur fils Augustin, demeurant avec eux au Sault-au-Récollet, la totalité de la censive 1127 avec maison de pierres (qui porte aujourd’hui les numéros 6523, 6525 et 6527 sur le boulevard Gouin Est), grange, étable, écurie et autres dépendances. De plus, il lui abandonne deux chevaux, deux paires de bœufs, cinq vaches, dix mères brebis et un bélier, quatre cochons, deux douzaines de poules et un coq, deux poules d’Inde et un coq d’Inde, deux canards et un jars, une charrue, une petite charrette, deux grandes charrettes, une calèche, un tombereau, une carriole, deux traînes, trois herses et tous les articles de ménage. En contrepartie, les donateurs, qui se réservent notamment une partie de la maison, exigent la juste moitié des revenus de la terre pendant trois ans et, après coup, une rente viagère annuelle, qui consistera en 40 minots de « beau blé net, sec et marchand et du meilleur que la terre produira », deux cochons gras, 100 livres de bœuf livrées en décembre, 4 veltes de rhum, une velte de vin d’Espagne ou de Bordeaux, trois briques de chocolat à leur besoin, etc. Augustin Moineau devra aussi payer à sa sœur Agathe, femme de Noël Papineau-Montigny, une somme de 1 000 livres ou chelins de 20 coppres.
Au Sault-au-Récollet, le 6 novembre 1809, Augustin Moineau unit sa destinée à celle de Marie-Amable Dagenais (elle signait Dagenest), fille mineure de Louis Dagenais et de Marguerite Pigeon. Le 2 février 1822, il acquiert des époux François Verdon et Marie Hogue un arpent sur 40 dans la censive № 1128 pour la somme de 5 700 livres. Le 23 septembre 1844, lui et sa femme cèdent 2 arpents sur 40 de la censive № 1127 à leur fils Firmin Moineau et à leur bru Mathilde Cadieux.
Selon la tradition orale, Augustin Moineau aurait participé aux côtés du docteur Chénier à la bataille de Saint-Eustache en 1837. On conserva longtemps dans la famille un fusil qu’il aurait alors pris à un soldat anglais. Le cultivateur sera marguillier responsable de la Visitation en 1846.
Le 21 février 1848, Augustin Moineau et sa femme cèdent à leur fils Cyrille un arpent de front sur 40 de profondeur dans la censive № 1127, à l’est de la terre de Firmin Moineau, et un arpent de large sur 40 de long dans la censive № 1128, à l’ouest de la terre de Jean Léonard. Ce bien-fonds portera le № 5 du cadastre. En outre, ils lui font donation de trois pièces de la maison de pierres située sur la terre de Firmin Moineau : une salle, une cuisine et une chambre contiguë à la cuisine, depuis la cave jusqu’au grenier, au sud-ouest de la partie réservée à Firmin, pour en jouir conjointement et à parts égales avec leur autre fils Gédéon. L’emplacement de la demeure portera le № 7 du cadastre comme le reste de la terre que Firmin Moineau vendra comme un immeuble distinct dès le 3 novembre 1849 à Antoine Chartier. Tandis que le lopin où se trouve la maison continuera tout au long du X1Xe siècle à appartenir aux Moineau, la quasi totalité de ce qui deviendra le bien-fonds № 7 passera successivement entre les mains de Firmin Corbeil, de Firmin Corbeil fils, de Jean-Baptiste et Louis Fortin, enfin de Louis Fortin fils et de ses deux frères Alfred et Amédée.
Cyrille Moineau épouse en l’église de la Visitation le 23 octobre 1855 Félicité Lemay, dite Delorme, fille mineure de Jean Lemay-Delorme et de Marie-Marguerite Dagenais. Il deviendra marguillier en charge en 1880. Cyrille Moineau deviendra commissaire de la municipalité scolaire de Saint-Charles-du-Bas-du-Sault lors de sa fondation en 1892.