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Noyade de Nicolas Viel et de son protégé Ahuntsic (Auuntsic)

C’est Samuel de Champlain qui rebaptisera la rivière des Prairies, en l’honneur d’un de ses compagnons, François des Prairies, qui s’y est égaré lors d’une expédition d’exploration. La rivière a reçu son nom en 1610.

Le père Vimont écrit dans la Relation des Jésuites de 1640: «… un certain Français, M. des Prairies, ayant charge de conduire une barque au Sault-Saint-Louis en 1610, quand il vint à la rencontre des deux fleuves. Au lieu de continuer dans le Saint-Laurent, à la hauteur de Repentigny, il entra sans le savoir dans l’affluent de ce dernier que les Indiens appelaient Skawanoti, ce qui signifie en huron la rivière en arrière de l’île. Les anglophones ont repris l’appellation amérindienne et nomment ce cours d’eau Back River.

Le 24 juin 1615, les pères récollets Denis Jamet et Joseph Le Caron, effectuèrent cette première messe aux abords de la rivière des Prairies, en présence de Samuel de Champlain. Un monument historique surmonté d’une croix a été installé en 1915, afin de souligner le 300e anniversaire de la toute première messe ayant été célébrée sur l’île de Montréal. Le monument rappelle également le tragique accident qui coûta la vie, le 25 juin 1625, au missionnaire Nicolas Viel et à son compatriote français surnommé Auhaitsic (signifie : petit et frétillant) par les Hurons. Viel et Auhaitsic ont péri dans les rapides de la rivière alors qu’ils partaient pour Québec, en canot, ce qui était le moyen de transport le plus efficace à l’époque. 

Samuel de Champlain, malgré le nombre de ses écrits, ne décrit pas ce qu’on sait aujourd’hui être la tragédie de Nicolas Viel, ce Récollet qui se noya au Sault-au-Récollet (Sault, en ancien français, désigne des rapides). Pour mieux connaître cet incident, nous nous reporterons au mémoire que nous a laissé Pierre-François-Xavier Charlevoix. Il décrit ainsi la tragédie: ….”Le père Nicolas Viel après avoir demeuré près de deux ans chez les Hurons, eut envie de faire un tour à Québec, pour y passer quelque temps dans la retraite. Des Sauvages, qui se disposaient à faire le même voyage, lui offrirent une place dans leur Canot, et il l’accepta. Ils suivirent la rivière qui sépare l’Isle de Montréal de celle de Jesus, et qu’on appelle communément la rivière des Prairies. Et au milieu de cette rivière, il y a un Rapide, que les Sauvages, au lieu de mettre à terre et de faire ce qu’on appelle un portage, voulurent sauter avec un canot. Soit qu’ils eussent pris mal leurs mesures, soit qu’ils le fissent exprès, le Canot tourna; le Pere Viel et un jeune Neophyte, qui l’accompagnait, se noyèrent. Et c’est cet accident qui a fait donner au Rapide le nom de Sault-au-Recollet, qu’il porte encore”… Et Charlevoix termine son récit en ajoutant qu’alors les Hurons se sauvèrent. Et puisque ces Hurons étaient apparus mal disposés envers le récollet Viel, on eut de graves soupçons envers eux. Certains ajoutèrent que la chose avait été intentionnelle et planifiée. D’autant plus que les bagages du père Viel avaient été saisis par “ces Barbares”. L’incident eut pour effet qu’à Trois-Rivières, les pères Baillon et Brébeuf différèrent à plus tard des voyages qu’ils désiraient entreprendre vers le pays des Hurons. Cette mort tragique du père Viel retardera quelque peu l’arrivée des Jésuites qui s’apprêtaient alors à venir prêter main-forte aux Récollets en Huronie

La rivière des Prairies, c’est d’abord la Kitchesipi (Grande-Rivière), la voie principale des peuples amérindiens vers la rivière des Outaouais, chemin qu’adopteront les voyageurs et coureurs  de  bois pour la traite de la fourrure (comme le sieur Des Prairies). C’est aussi une des voies de pénétration du continent pour les explorateurs comme Cartier ou Champlain. Plus tard, on retrouve sur les terres fertiles de ses rives et dans les puissants courants de son lit les activités agricoles et la source d’énergie des moulins qui feront vivre certains des noyaux de peuplement les plus anciens de l’île.

Au  19e siècle, c’est « l’autoroute » du  transport du  bois sur laquelle les acrobatiques cageux  guidaient leurs trains de billots flottants vers Québec. Ce sont également les chalets de villégiature qui apparaîtront à mesure que le temps de loisir se développe au siècle dernier. Le début du  20e siècle verra se calmer les flots parfois tumultueux de cette décharge du lac des Deux-Montagnes avec la construction d’une grande centrale électrique.

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