Surdoses mortelles : Montréal-Nord est touché
Dans 80 % des 56 cas de surdoses répertoriés, les victimes avaient consommé de l’héroïne. La grande majorité de ceux-ci l’avait fait par injection. Le nombre de décès semble en baisse. En mai, 14 personnes sont mortes. Ce nombre est passé à 6 en juin.
« Ces nombres sont au-delà de ce que nous avons l’habitude de voir », explique Marie-France Coutu de l’Agence de santé.
Il ne s’agit que d’estimations puisque les cas de surdoses ne sont pas soumis à un signalement obligatoire. Une enquête est en cours pour connaître les véritables causes de cette vague de surdoses.
Des autopsies sont effectuées afin de déterminer les causes du décès alors que les experts de l’Agence de santé étudient la composition du mélange mortel. Ces résultats devraient bientôt être connus.
La peur
Pour alerter les utilisateurs de drogue par injection, l’Agence a distribué des affiches dans les bars, les CSSS et les pharmacies de la ville. L’opération semble avoir fonctionné puisque plusieurs personnes du milieu affirment que les consommateurs connaissent le danger.
Ce ne sont toutefois pas tous les consommateurs qui prennent le danger au sérieux.
« Les consommateurs sont habitués au risque. C’est comme si on disait de rouler moins vite parce que ça augmente les chances d’accident : si tu aimes l’adrénaline de la vitesse, tu vas le faire quand même », explique un toxicomane rencontré dans un centre de désintoxication de Montréal-Nord.
Real Woodbury croit que la peur causée par la vague de surdoses pourrait finir de convaincre ceux qui songent déjà à arrêter.
Manque de ressources
Il déplore toutefois le manque de ressources qui en décourage plusieurs à se désintoxiquer.
« Quand tu es tout nu dans la rue et qu’on te prévient qu’il va y avoir une attente d’un ou deux mois avant de pouvoir aller en cure, c’est décourageant en partant », explique-t-il.
Le pharmacien Frédéric Normand de la succursale Jean Coutu de la rue de Charleroi déplore aussi ce manque de ressource. Le pharmacien spécialisé en toxicomanie à Montréal-Nord croit qu’il est difficile de trouver un médecin qui accepte de prendre en charge cette clientèle.
« À Montréal-Nord, le médecin spécialiste vient seulement deux fois par semaine. Si quelqu’un veut commencer une cure et qu’il a besoin de médicaments, il doit attendre au lundi ou au vendredi après-midi. Sinon, il doit se rendre à l’urgence. Si la personne doit attendre et qu’elle est en sevrage, il y a de bonnes chances qu’elle abandonne. »
Au CSSS, on affirme prendre soin de cette clientèle du mieux qu’il peut.
« À l’accueil des CLSC, nous avons des gens qui font de la sensibilisation et qui échange avec les toxicomanes qui viennent chercher du matériel d’injection, explique Anik Tremblay du programme Dépendance. À Montréal-Nord, il y a une équipe Quartier qui est spécialisée dans la prévention. Nous avons aussi un partenariat avec l’organisme l’Accès-soir. Nous essayons de prendre soin de cette clientèle. »
Conseils aux toxicomanes
Pour éviter les overdoses, l’Agence de santé a distribué des affiches pour sensibiliser les consommateurs. – Couper la dose en quatre – Ne pas consommer seul – Consommer plus lentement – Regarder la texture et la couleur de la drogue – Appelez le 911 si quelqu’un fait une surdose
Signes de surdose : – Difficultés à respirer – Respiration plus lente – Lèvres bleues – Perte de conscience
Roussources: – L’unité mobile de l’Accès-soir : 514 347-4207 – CLSC de Montréal-Nord : 514 381-4221