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Mobilisation citoyenne pour lutter contre le désert alimentaire

Bousquet-Richard Simon - TC Media
Tannés de devoir marcher plusieurs kilomètres pour se procurer des fruits et des légumes frais, des citoyens de Montréal-Nord mettront la main à la pâte (ou plutôt à la terre!) pour cultiver des potagers qui serviront à alimenter une nouvelle coopérative alimentaire qui verra le jour sous peu.

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« À Montréal-Nord, il y a deux problèmes : celui de l’accessibilité aux fruits et aux légumes sur une distance de marche et celui de l’accessibilité d’un point de vue monétaire », explique Marie-Sarah Darnaudet de Parole d’excluEs.

Lors du premier rendez-vous nord-montréalais sur la sécurité alimentaire qui a eu lieu en 2013, les participants avaient discuté de la nécessité de créer une épicerie solidaire afin de régler ces problèmes.

Une coop alimentaire

Au cours de la dernière année, Parole d’excluEs a planché qui devrait voir le jour dès le printemps prochain.

À la suite d’une étude des besoins réels de la communauté par les chercheurs de l’incubateur universitaire de l’organisme, le modèle coopératif s’est imposé.

En plus de créer trois emplois rémunérés dans le quartier, la coopérative permettra d’offrir des produits à faible coût. L’ensemble du travail sera accompli bénévolement par ses membres à raison de trois heures par mois.

Un an après la première rencontre, le projet est presque prêt. Il ne manque plus que le financement et le personnel à embaucher. Le plan d’affaires a d’ailleurs été soumis à la population lors du dernier rendez-vous sur l’accès alimentaire qui a eu lieu le 29 mai dernier devant 120 personnes.

Si tout va bien, Parole d’excluEs souhaite recruter une centaine de membres durant la première année d’opération de la coop et doubler ce nombre au cours des deux années suivantes.

L’organise se défend toutefois de faire concurrence aux petits commerces du quartier et prévoit même les intégrer dans la distribution des produits de la coopérative.

Les citoyens pourraient alors se rendre à leur dépanneur du coin pour aller chercher les fruits et les légumes qu’ils ont commandés à la coopérative.

Cultivés par les citoyens

Cette coop n’est pourtant que la pointe de l’iceberg puisque l’organisme tente de mettre en place un véritable système alimentaire citoyen ravitaillé par des jardins communautaires.

« La coop est au centre. Elle va permettre de donner accès aux produits, dont la source sera l’agriculture urbaine et les producteurs locaux », explique Mme Darnaudet.

Un premier jardin a déjà pris racine dans un ancien stationnement de l’îlot Pelletier et des discussions ont commencé avec la Société d’habitation populaire de l’est de Montréal.

L’organisme voudrait implanter des jardins sur les sols et les toits des 200 appartements que possède la société.

Un jardin de fines herbes et un verger seront aussi mis en place en partenariat avec l’École hôtelière Calixa-Lavallée. Ces cultures serviront d’abord à des fins éducatives, mais les surplus pourront être vendus à la coopérative.

Qu’est-ce qu’un désert alimentaire?

Le terme désert alimentaire aurait été utilisé pour la première fois par le ministère de la Santé de Grande-Bretagne, au milieu des années 1990. À l’origine, il désignait le phénomène de l’abandon des secteurs pauvres par les chaînes d’alimentation.

De nos jours, le terme désigne plus spécifiquement le manque d’accès à de la nourriture saine, comme des fruits ou des légumes frais et variés, sur une distance de marche (500 m). À Montréal, 40 % des citoyens vivent dans un désert alimentaire selon la direction de la santé publique. Sur les quelque 500 commerces qui offrent des fruits et des légumes, une centaine seulement desservent 60 % de la population.

Dans son étude, le chercheur Dario Enriquez a considéré deux critères pour identifier les déserts alimentaires de Montréal-Nord : l’absence d’épicerie dite complète dans un rayon de 750 mètres et le faible revenu de la population.

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