Montréal-Nord : le cauchemar des livreurs
Le nombre de vols qualifiés et de vols simples à Montréal-Nord est l’un des plus élevés de la métropole. En 2013, 153 plaintes pour vols qualifiés (100 en moyenne à Montréal) et 1004 vols simples (943 en moyenne) ont été déposés auprès du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Cela ne représenterait pas la totalité des plaintes à en croire les commentaires recueillis auprès des livreurs du quartier.
« Je ne fais pas de plaintes à la police parce que j’ai peur que les voleurs m’attaquent avec une arme, explique l’un d’eux. Les policiers sont ici pendant quelques minutes, mais après je reste seul avec les gangs de rue. »
Améliorations
Même si les livreurs reconnaissent que la situation s’est améliorée depuis que les policiers ont procédé à l’arrestation de suspects, ils restent toujours préoccupés. Un restaurateur de la rue Fleury affirme d’ailleurs être en moyenne victime de deux vols par années.
« Les policiers peuvent seulement intervenir après le vol. Si on les appelle pour dire que quelqu’un voulait nous voler, ils ne peuvent rien faire parce qu’il n’y a pas eu de crime et qu’il n’y a pas de témoin », déplore-t-il.
Afin de réduire le nombre de vols, les policiers misent donc sur la prévention. Chaque année, ils font la tournée des restaurateurs et distribuent des conseils de prévention. Si l’application de ces conseils semble efficace selon les livreurs, plusieurs admettent devenir moins prudents avec la routine.
D’autres affirment au contraire avoir développé un sixième sens pour évaluer les situations dangereuses.
« Nous sommes plus prudents. Ça arrive souvent qu’on revienne avant d’avoir livré parce que nous avons des doutes ou que l’adresse n’est pas bonne. Ça fait même deux samedis que des livreurs arrivent à un endroit où il y a des gangs de rue qui les attendent alors, ils n’arrêtent même pas et il s’en retourne. C’est drôle, les gens ne rappellent pas pour se plaindre », raconte un livreur.
Une des tactiques les plus rependues selon les livreurs est de passer une commande avec un téléphone volé dans un appartement désert. Le voleur s’embusque alors dans le hall d’entrée ou près de la porte pour attendre sa victime.
Afin d’éviter ces vols, les policiers recommandent de ne pas livrer lorsque les lumières de l’appartement sont éteints.
« La nuit, quand j’arrive dans un endroit où il n’y a pas de lumière, j’éclaire avec ma grosse lampe de poche », explique un livreur.
Certains restaurateurs refusent même de livrer dans certains quartiers de Montréal-Nord après la tombée de la nuit. Ce ne sont toutefois pas tous les commerçants qui peuvent se permettre de refuser des clients.
« Nous n’avons pas le choix. Même si c’est dangereux, nous y allons quand même. Je livre partout », explique le propriétaire d’une petite pizzéria.
Il admet même avoir accepté des livraisons à des adresses où des vols ont déjà été commis.
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