Le multiculturalisme à Montréal-Nord
Tout au long de son histoire, la ville de Montréal-Nord acceptait tous ceux et celles qui voulaient s’y établir. Elle a accueilli des citadins qui quittaient les rues plus encombrées du centre-ville pour l’espace et le grand air qu’ils pouvaient trouver plus au nord, tout en restant à proximité des commerces, des magasins et des transports publics.
Le développement et l’expansion du nord-est de l’île de Montréal vont se réaliser malgré la pauvreté des infrastructures. Pendant longtemps le boulevard Henri-Bourassa (il portait alors deux noms : Leduc et Perras) qui relève du gouvernement du Québec, ne sera qu’un mauvais chemin de campagne. Pendant plusieurs années, la Ville va tenter de persuader les différents gouvernements que le prolongement du métro vers l’Est devrait se rendre à Montréal-Nord, une municipalité de près de 100 000 habitants. Peine perdue! Tous les gouvernements ont fait la sourde oreille. Malgré une résolution votée à l’unanimité par le conseil municipal de Montréal-Nord, le 11 juin 1985.
Au cours de la décennie de 1950, bon nombre d’immigrants italiens se sont installés à Montréal-Nord. Ils y ont trouvé des terrains à prix abordable et un milieu qui commençait peu à peu à s’épanouir. Ces nouveaux arrivants se sont adaptés et ils ont apporté leur loyale collaboration dans de nombreux secteurs d’activités.
Vers 1960, des Haïtiens, parmi les plus instruits ont quitté leur pays et ont choisi le Québec pour y exercer leurs talents. Parmi eux se trouvaient des médecins, des avocats, des enseignants, des administrateurs qui faisaient partie de l’élite haïtienne.
La deuxième vague d’immigration haïtienne comprenait des techniciens et des professionnels, qui ont dû accepter parfois des emplois moins bien rémunérés, car leur certificat d’études n’était pas compatible avec les critères exigés par les différentes professions du Québec. Puis, d’autres immigrants haïtiens ont fui leur pays en proie à de nombreux tiraillements et sont venus rejoindre leur famille ou des amis. Des pressions ont alors été exercées pour que ces réfugiés ne soient pas retournés dans leur pays d’origine, là où leur sort était plutôt incertain.
Il importe de souligner que ces derniers arrivants étaient sous-scolarisés, s’exprimaient difficilement en français et, ne possédant aucun statut officiel, il leur était souvent impossible de se trouver un emploi ou d’assurer leur substance.
Montréal-Nord a connu trois vagues d’immigration haïtienne. Très tôt, la Ville s’est intéressée à leur présence et a voulu faciliter leur adaptation. Grâce à un réaménagement de la carte électorale autorisé par une nouvelle loi, la ville de Montréal-Nord a pu augmenter du double le nombre de ses conseillers municipaux. En 1982, la Ville a créé le Comité des relations avec les groupes ethniques, de toute origine, italienne, haïtienne, latino-américaine et arabe, qui, de plus en plus, s’établissaient dans certains secteurs de la ville. Ce comité était composé de conseillers municipaux et de fonctionnaires municipaux. Il avait pour « mandat d’harmoniser les relations entre les citoyens et de faire en sorte que tous les résidents, quelles que soient leur origine ou leur couleur, puissent vivre en toute quiétude à Montral-Nord. » De nombreux collaborateurs, dont des responsables d’organismes, ont été invités à participer aux réunions de travail et à faire connaître leur point de vue. L’immigration étant de compétence fédérale et provinciale, les villes ont un rôle subsidiaire. Elles ont à faciliter l’adaptation et l’intégration des immigrants.
Montréal-Nord a assumé pleinement ses responsabilités. Dès le début, le comité a décidé de travailler en étroite collaboration avec les écoles et il a obtenu l’embauche d’un animateur haïtien pour s’occuper des activités récréatives, culturelles et sportives des jeunes haïtiens, après les heures de classe. Le 23 novembre 1985, une fête de l’amitié multiethnique a été organisée par la Table de concertation multiethnique avec la collaboration de nombreux organismes de la ville sous l’égide de représentants municipaux. Les citoyens ont pu participer à des ateliers de discussion qui pouvaient traiter de thèmes comme l’immigration, l’intégration, les valeurs culturelles. La même fête a eu lieu les 14 et 15 mars 1987 dans le but « d’échanger avec nos concitoyens d’origine autre que québécoise, de se familiariser avec nos coutumes respectives et d’établir des contacts harmonieux. » Chaque fois, le Service de police était présent en participant à des ateliers et en présentant quelques-uns de ses outils d’intervention. Il y avait présentation de films, de diaporamas, des stands d’information, des spectacles et, on offrait aux participants des mets cuisinés.
Le 24 mars 1987, à la demande de la Table de concertation, le Conseil municipal a accepté de modifier le nom du Comité des relations avec les groupes ethniques en celui de Comité des relations multiculturelles. Le 4 juin 1990, la Ville a autorisé l’embauche d’une agente de liaison qui avait comme tâche d’informer les membres des communautés culturelles des services offerts par la municipalité : les bibliothèques, la culture, le logement, les parcs et loisirs, la police, les règlements municipaux, la santé et l’hygiène publique, les travaux publics, l’urbanisme et le zonage.
Le mandat de l’agente de liaison était aussi d’informer les autorités municipales à une meilleure adaptation des services afin de répondre aux besoins des communautés. L’agente soutenait les représentants des communautés culturelles à acheminer leurs demandes aux autorités municipales. Tout était mis en œuvre pour faciliter l’intégration à la société d’accueil.