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Des citoyens se mobilisent pour aider des familles à la rue

Photo: Simon Bousquet/TC Media

Noël sera difficile pour les trois familles qui ont été jetées à la rue lors de l’incendie de leur immeuble du boulevard Maurice-Duplessis, le 1er décembre (voir autre texte). Heureusement, des citoyens se sont mobilisés pour leur venir en aide.

Sur la quinzaine de personnes qui ont tout perdu dans cet incendie, une mère monoparentale avec trois enfants et deux familles avec un et trois enfants n’étaient pas assurées. Pour eux, il n’y aura rien sous l’arbre de Noël.

«On ne pense pas à ça, admet Laura-Lise Aceus. L’important, c’est que nos enfants soient vivants et qu’on ait un endroit pour se réchauffer.»

Pour subvenir aux besoins de ces familles, une administratrice de la page Facebook «Entraide Montréal-Nord», Julie-Tania Richard, a organisé une collecte de biens. Cette récolte a notamment permis d’amasser des vêtements d’hiver pour les enfants.

«Dans une situation comme la nôtre, on a vraiment besoin de quelqu’un comme Julie-Tania pour nous remonter le moral. Elle était vraiment la seule à nous venir en aide!» – Marie Acinthe, une des sinistrées.

Des familles abandonnées
Pendant les trois jours suivant l’incendie, les trois familles ont été hébergées par la Croix-Rouge. Elles estiment tout de même avoir été abandonnées par la suite. Mme Acinthe a d’ailleurs sollicité le Centre local de services communautaires (CLSC), mais sans grand succès.

«Je les trouve irresponsables, s’insurge-t-elle. Ils auraient dû venir nous chercher parce que nous étions déjà mal pris. Je n’avais pas le temps de m’occuper de ça. J’ai trois enfants qui étaient nus, je devais trouver un endroit où rester et je ne connaissais pas les étapes à suivre.»

Si l’aide n’est pas venue des institutions et des organismes, elle est venue de la communauté. Depuis le sinistre, les sacs de jouets, de vêtements et de nourritures s’empilent dans l’appartement de Mme Richard. L’administratrice du groupe «Entraide Montréal-Nord» s’est dite agréablement surprise par l’élan de générosité des internautes.

«Ils ont très bien répondu, pourtant les membres du groupe ne sont généralement pas très riches», admet Mme Richard.

Ce n’est pas la première fois que la mère de famille aide des résidents du quartier par l’entremise de sa page Facebook. Elle compte maintenant s’associer avec l’Équipe quartier pour créer un véritable organisme d’entraide qui fera la promotion des ressources disponibles.

«Il y a énormément d’organismes à Montréal-Nord, le problème est qu’il n’y a personne pour accompagner les gens vers ces organismes, soutient-elle. Il faut aller chercher les gens. Ils sont souvent incapables de défendre leur cause pour obtenir de l’aide, surtout lorsqu’ils sont en détresse. Il faut les motiver!»

Celle qui gravite dans le communautaire depuis 15 ans estime que trop souvent, les organismes répondent aux besoins des gens sans faire de suivi personnalisé. Elle voudrait donc parrainer les familles en leur offrant un accompagnement plus humain.

«Tous les organismes prêchent pour leur paroisse alors, ils ne vantent pas les services de leurs voisins», déplore Mme Richard.

Elle estime aussi que les informations transmises par les travailleurs sociaux sont souvent périmées.

Entraide Montréal-Nord
Le groupe d’entraide Montréal-Nord existe depuis décembre 2013. Il a été créé afin de permettre aux résidents du quartier dans le besoin de demander de l’aide et d’échanger ou de vendre des objets. Les articles les plus populaires sont les vêtements et les accessoires pour bébés. Le groupe est également un lieu de discussion sur l’actualité du quartier. Environ 360 internautes y sont abonnés.

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Trois familles à la rue

Incendie-Montreal-Nord

Trois familles de Montréal-Nord se sont retrouvées pratiquement nues dans la rue, par la nuit particulièrement glaciale du 1er décembre. Il aura fallu près de trois heures à la centaine de pompiers dépêchés sur les lieux pour éteindre l’incendie de l’immeuble où ils habitaient.

Des enfants seuls dans le brasier
Laura-Lise Aceus habite l’appartement situé au-dessus de celui où l’incendie a débuté. Ce soir-là, cette mère monoparentale était à son travail, alors que ses filles de 6 et 16 ans étaient restées seules avec leur grand frère de 17 ans.

C’est d’ailleurs lui qui a remarqué de la fumée en premier, puisqu’aucun détecteur de fumée n’a sonné l’alarme.

«Il passait la vadrouille dans la cuisine et il a vu de la fumée sous la table. Il m’a appelé et pendant qu’il me parlait, il a vu qu’il y avait de la fumée qui sortait de mon garde-robe», raconte Mme Aceus.

Le jeune homme n’a pas hésité. Il a rapidement sorti ses sœurs de l’immeuble où la fumée s’accumulait déjà. Morte d’inquiétude, sa mère s’est précipitée dans les transports en commun pour retourner à la maison.

Lorsque Mme Aceus a retrouvé son fils, il était mal en point. Le jeune homme avait inhalé de la fumée et a dû être hospitalisé toute la nuit.

Pieds nus dans la rue
Au sous-sol, Marie Acinthe aidait ses garçons de 11 et 12 ans à faire leurs devoirs pendant que son fils de 7 ans se brossait les dents. Son mari venait à peine de rentrée lorsqu’un homme a frappé très fort à la porte.

«J’ai entendu boom, boom, boom et un homme qui a crié: “du feu, du feu, il faut sortir”. Nous n’étions pas préparés pour ça», se souvient la femme avec émotion.

Toute la famille s’est alors retrouvée sur le trottoir, pieds nus et en pyjama. Seul le benjamin, qui tenait toujours sa brosse à dents, pouvait se réchauffer dans le manteau de son père.

«Quand nous sommes arrivés sur le trottoir, nous avons vu toute la fumée et c’est là que nous avons réalisé que c’était grave», raconte Mme Acinthe.

Les familles ont rapidement été conduites dans l’autobus de la Croix-Rouge où elles ont été prises en charge.

Après le feu
Après le sinistre, les familles se sont retrouvées démunies.

Mme Aceus a dû faire des pieds et des mains pour pouvoir obtenir une attestation afin de s’absenter du travail. On l’a alors informée qu’elle devrait attendre un mois pour recevoir le document.

Heureusement, son employeur s’est contenté de la couverture médiatique comme preuve et lui a accordé quelques jours de congé de maladie.

De son côté, Mme Acinthe a fait une demande auprès d’un organisme d’aide au logement. Celui-ci l’a hébergé au centre-ville alors que ses enfants fréquentent des écoles de Montréal-Nord.

«Quand j’ai appelé, ils m’ont dit que je devais amener des papiers. Comment voulez-vous que j’amène des papiers si je viens de passer au feu!», ajoute-t-elle.

Pour parvenir à subvenir aux besoins de sa famille, son mari cumule maintenant deux emplois.

Malgré tout, ces familles peuvent se compter chanceuses puisqu’elles ont déjà trouvé des logements. Ceux-ci sont toutefois vides. Sans meubles et sans électroménagers, la vie quotidienne est compliquée, si bien que Mme Aceus préfère rester chez une amie en attendant.

De son côté, la famille Acinthe a pu récupérer certains effets, dont la structure du lit des garçons.

Une chambre en cadeau
La troisième famille a été moins chanceuse. Elle n’a pas encore trouvé d’appartement. En plus de meubles, elle a également besoin d’aide alimentaire.

Leur fils qui fêtera son quatrième anniversaire en janvier n’a qu’un souhait: retrouver sa chambre.

Une généreuse citoyenne du quartier, Julie-Tania Richard, a donc entrepris de décorer la future chambre du petit de la même façon que celle qui a été détruite.

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Incendie-Montreal-NordLeur citoyenneté épargnée

Pour les familles de nouveaux arrivants, l’obtention de la citoyenneté a une si grande valeur qu’un père de famille a pénétré dans un immeuble en flammes pour récupérer ses papiers d’immigration.

L’immeuble où habitait la famille Acinthe a été détruit par les flammes seulement trois jours avant leur cérémonie d’obtention de citoyenneté canadienne.

Lorsque toute sa famille s’est retrouvée en sécurité dans l’autobus de la Croix-Rouge, M. Acinthe a supplié les policiers de récupérer leurs documents.

Malgré ses indications, les premiers répondants n’ont pas été en mesure de mettre la main sur la précieuse valise. M. Acinthe a alors convaincu les pompiers de l’accompagner dans l’immeuble en flammes.

«C’est la seule chose qu’on a pu sauver», raconte Mme Acinthe.

La famille devra de nouveau repartir à zéro, mais cette fois, ce sera en tant que citoyen canadien.

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