Montréal-Nord: inquiétude pour les logements sociaux
Plusieurs organismes dénoncent la mise en vente de coopératives d’habitation dans Montréal-Nord. Ils jugent cette action «inacceptable» dans un arrondissement «durement touché par la pauvreté.»
Ces deux coopératives, Fidèle et le Rayon bleu, qui regroupent deux immeubles de huit logements situés dans le quartier nord-est de Montréal-Nord et dont la moitié des résidences sont inoccupées, seraient actuellement en difficulté financière.
«Si on perd des logements sociaux, c’est vraiment grave. Ce serait clairement une mauvaise nouvelle pour Montréal-Nord», clame Marie-Ève Lemire, porte-parole de Comité Logement Montréal-Nord (CLMN), devant le 6291 rue Villeneuve, l’une des deux coopératives mises en vente par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).
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Le nombre de personnes en attente d’un HLM dans l’arrondissement, selon le Comité de logement Montréal-Nord.
Soutenu par le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et par le Collectif Ahuntsic-Montréal-Nord unis contre l’austérité, le CLMN craint «une hausse de loyer» potentielle, de plusieurs dizaines ou centaines de dollars, pour les locataires actuels qui bénéficient de ces logements en raison de leurs faibles revenus.
«Cette vente n’annonce rien de bon. Cela aura des impacts importants sur la qualité de vie des ménages qui y vivent», regrette Mme Lemire.
Pour justifier et agrémenter leur «inquiétude», ces organismes citent également la cession des coopératives Le Pascal, en 2012, et du Confort, deux ans plus tard, qui aurait privé l’arrondissement de 66 logements sociaux «dans un quartier durement touché par la pauvreté.»
6% de logements sociaux à Montréal-Nord
Un chiffre bien inférieur à la moyenne du Québec, avec 11%, selon le CLMN
Remonté par cette situation, François Saillant, porte-parole du FRAPRU, si dit «extrêmement préoccupé par cette vente qui prive aussi plusieurs générations de personnes de ce type d’habitation.»
«On ne veut pas perdre des logements sociaux à Montréal-Nord, au Québec ou Canada, explique-t-il. On va privatiser encore plus de logements alors que c’est le contraire qu’on devrait faire. Il y a un vrai besoin de logements sociaux. Un besoin pressant. Alors on ne peut pas vraiment pas se permettre de perdre ce qu’on a déjà.»
Avec leurs actions, FRAPRU et le CLMN espèrent interpeller les gouvernements fédéral et provincial pour obtenir différentes aides et investissements afin de sauver les logements sociaux existants et en créer de nouveaux.
Dans un courriel envoyé à TC Media, la SCHL reconnait «des difficultés» qui expliquent cette mise en vente car ces «ensembles de logements sociaux sont dans l’incapacité de revenir à la viabilité financière à long terme».
«Une solution à un coût raisonnable pour les contribuables n’a pu être trouvée», écrit la SCHL, qui affirme que les locataires «pourront continuer à occuper leur logement au même coût.»
Christine Black «déplore» cette vente
La nouvelle mairesse de Montréal-Nord évoque «une situation inquiétante». «Trouver une solution est une priorité pour l’arrondissement, explique Christine Black. Nous déplorons la perte de logements sociaux.»
L’élue assure que l’arrondissement va réfléchir dans les prochains jours, en concertation avec le Comité fierté habitation dont il fait partie, en compagnie notamment du Comité logement Montréal-Nord, «pour évaluer toutes les options possibles.»