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Fermeture et délocalisation de l’usine Câbles d’acier de Pointe-Claire

L’usine Câbles d’acier de Pointe-Claire compte 145 ouvriers. Elle fermera le 31 mai. Photo: Metro

Alors que la date fatidique de fermeture approche, les ouvriers de l’usine Câbles d’acier de Pointe-Claire contestent les compensations proposées. En plus de leurs conditions de travail, c’est une communauté dont ils doivent se séparer.

Le syndicat des ouvriers de la manufacture de l’Ouest-de-l’île conteste les compensations proposées par l’employeur, le groupe Bridon Bekaert Ropes Group (BBRG). La fermeture a été annoncée en janvier. Une délocalisation des productions vers les États-Unis est prévue.

«Le gros du litige, c’est qu’on nous propose un montant qui ne tient pas compte de toutes les clauses de la convention collective, dont les fonds de pension ou les assurances», avance le président du syndicat, Stéphane Collette.

Une autre clause est aussi disputée. Le collectif est allé en arbitrage le 25 mars, et attend une réponse au plus tard le 22 avril. Elle spécifie qu’un ouvrier doit recevoir une compensation s’il n’a plus sa place pour opérer une machine de l’usine. Ce serait le cas pour le principal opérateur de la machine 70, Éric Durant.

L’homme de 49 ans a rejoint l’usine en 1996. Il a gravi les échelons progressivement, avant de devenir deuxième opérateur B de la machine 70. L’appareil n’a rien de spécial au premier regard. Il sert à produire des câbles d’acier utilisés dans les mines et sur les ponts roulants portuaires.

Toutefois, il l’est pour Éric: son père en était l’opérateur A, et il l’a formé au poste. «À l’époque, quand j’ai postulé, c’était pour travailler avec mon père», dit-il.

Ses collègues aiment lui dire que son père, décédé en 2016, lui a légué la machine 70. Plusieurs d’entre eux aussi ont un membre de famille ayant travaillé dans la boîte. Éric évoque un sentiment de famille qui s’est tissé entre eux depuis l’enfance, autour du travail ouvrier.

«Chaque année, il y avait un dépouillement de Noël pour les enfants d’employés. Mes collègues, ce sont des gens que je connais depuis l’enfance. On se côtoyait une fois par an. Maintenant, on se côtoie chaque semaine pendant 40 heures» – Éric Durant

Lettre

L’annonce de la fermeture de l’usine de Pointe-Claire a été douloureuse pour lui, mais aussi pour sa conjointe, Karine Giguère. Celle-ci a écrit une lettre, où elle relate avec émotion l’histoire de l’usine, et ce que cette dernière représente pour sa famille.

«Je l’ai comme adressée à l’univers. Je l’ai écrite à chaud. J’avais de la peine pour lui», raconte-t-elle. Lorsqu’elle l’a montrée à son partenaire qui ne s’y attendait pas, il a été ému. «Quand cela fait 25 ans que tu travailles à la même place, tu tisses des liens d’amitié, et ça te crée une sécurité financière. Maintenant, il doit recommencer à zéro», elle ajoute.

La moyenne d’ancienneté se situe entre 20 et 25 ans, selon Stéphane Collette. «Par contre, il y a beaucoup de monde qui ont entre 30 et 40 ans d’ancienneté», précise-t-il. Lui-même a 33 ans de service.

Le 31 mai, c’est une histoire qui se termine et qui laisse plusieurs face à l’incertitude. «Je crois qu’on va se relever. Je pense qu’on va trouver une force là-dedans, qui va nous amener ailleurs. Je fais confiance à la vie» affirme cependant Karine. Un deuxième différend sera soumis au tribunal arbitral le 8 juillet.

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