Tournoi d’échecs du député de Nelligan: l’art d’avoir «trois ou quatre coups d’avance»
Alors que les échecs connaissent un essor à l’échelle du Québec, le phénomène se ressent particulièrement dans la circonscription de Nelligan, dans l’Ouest-de-l’Île. Le député local, Monsef Derraji, multiplie les initiatives pour encourager la renaissance du jeu millénaire.
«On est en train de créer une nouvelle niche dans la circonscription», se réjouit le président de la Fédération québécoise des échecs, Éric Guipi Bopala. Celui-ci s’est entretenu avec Métro samedi, en marge de la 2e édition du tournoi des échecs du député de Nelligan à la Kuper Academy, à Kirkland. Près de 140 joueurs et joueuses de tout âge, surtout des élèves de la circonscription, s’y sont affrontés, soit le double de la première édition.
Depuis un an, cinq ou six nouveaux clubs ont été créés dans la circonscription, souligne Monsef Derraji, qui joue lui-même aux échecs depuis son jeune âge. «Toutes les écoles m’appellent parce qu’elles veulent lancer des clubs», poursuit-il. «C’est une fierté.»
L’élu libéral assure ne pas vouloir mettre de pression sur les jeunes de sa circonscription, mais plutôt leur transmettre la passion d’un jeu qui «l’a beaucoup aidé dans sa vie personnelle».
«[Aux échecs], il faut prévoir trois ou quatre coups à l’avance. C’est ça la vie», explique-t-il. Le député y voit «un parallèle à 100%» avec la politique, où l’on ne peut poser une question ou établir une stratégie sans prévoir comment nos adversaires vont y répondre.
Chose certaine, l’engouement pour les échecs était palpable chez les jeunes rencontrés par Métro. «Ça m’aide à me calmer», confie un garçon de 11 ans. D’autres vantent la complexité du jeu ainsi que la nécessité d’être prêt à sacrifier des pièces pour gagner.
Un champion du monde comme invité d’honneur
L’invité d’honneur du tournoi, le champion du monde des échecs des moins de 18 ans, Shawn Rodrigue-Lemieux, a multiplié les parties, dont plusieurs simultanées, contre de jeunes joueurs ébahis, dont l’admiration était visible.
Concentration, discipline, logique: le champion souligne l’apport que les échecs ont eu dans sa vie, lui qui a commencé a joué en 1re année du primaire. «J’ai commencé pour pouvoir battre [mes amis qui jouaient]», explique-t-il, laissant présager son esprit compétitif.
La clé du succès, pour ceux et celles qui aimeraient suivre ses traces? «Pratiquer beaucoup. C’est la meilleure recette pour s’améliorer.» Celui qui espère devenir grand maître prochainement insiste aussi sur l’importance «d’utiliser la pression comme carburant» pour gérer le stress dans les compétitions de haut niveau.
«Le Québec est en train de prendre sa place»
Shawn Rodrigue-Lemieux fait partie d’un groupe de jeunes joueurs qui a commencé à s’intéresser aux échecs il y a une dizaine d’années et qui arrive présentement à maturité, note Éric Guipi Bopala.
«On en voit les résultats», poursuit le président de la Fédération. Pour la première fois de son histoire, le Québec a été déclaré champion en titre de la francophonie en 2021. La province a conservé son titre en 2022.
«La première fois, les gens disaient que c’était un hasard, mais la deuxième c’était foudroyant», souligne M. Guipi Bopala, sourire en coin.
«Le Québec est en train de prendre sa place. J’espère que cette ascension incroyable va se poursuivre», conclut-il.