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Gérald Godin, ses idées plus que jamais d'actualité

À l’heure où le projet de charte des valeurs tel que formulé par le gouvernement Marois, suscite des débats enflammées, Jacques Parizeau, conférencier-invité au colloque consacré à Gérald Godin, au cégep qui porte son nom, a tenu des propos directs et lucides sur ses rapports avec son ancien collègue, militant, député puis ministre des Communautés culturelles et de l’Immigration.

C’est dans une salle comble que l’ex-premier ministre du Québec Jacques Parizeau a pris place. Sa démarche nous rappelle son âge avancé mais sa mémoire exceptionnelle et ses propos bien articulés identifient le style d’un homme d’état, dont il a conservé le discours. Tel un cours qu’il aurait donné aux HEC, Jacques Parizeau a divisé en trois parties son exposé, abordant d’abord sa proximité avec Gérald Godin , dont il fut un des derniers confidents avant son décès à son domicile du Carré Saint-Louis. Puis, Jacques Parizeau aborde la création du cégep qui portera le nom du poète, affirmant qu’il rejettera dès qu’il reviendra au pouvoir en 1994, le projet qui consistait à créer une succursale du Cégep de Saint-Laurent plutôt qu’un collège autonome. Les francophones de l’Ouest-de-l’Île méritaient d’avoir un cégep et Parizeau estimait «qu’il payait sa dette à un grand bonhomme» en donnant le nom de Gérald-Godin, un an après le décès du poète, à ce collège.

Parmi les anecdotes que Parizeau a relaté sur son collègue, on s’arrêtera à l’image du candidat qui fait sa campagne électorale à vélo, celle également du député qui voyage en autocar entre Québec et Montréal et celle du journaliste de Québec-Presse qui est prêt à se battre à coups de poing pour conserver la chronique de Parizeau dans l’hebdo malgré la critique. Gérald Godin est un défenseur de la liberté d’expression et il ne se gêne pas pour l’affirmer.

D’ailleurs, la vision de Godin s’inscrit dans cette perspective de respect de l’autre. Parizeau aborde un deuxième volet de sa conférence en décrivant Gérald Godin, ministre des Communautés culturelles et de l’Immigration comme celui qui voulait préserver les cultures des nouveaux arrivants tout en favorisant leur intégration dans un Québec nouveau, l’un enrichissant l’autre.

L’échec du référendum de 1980 (40% pour le oui) fut une catastrophe, aussi l’événement a relégué aux oubliettes la question de la souveraineté qui revient à l’avant-plan entre 1988 et 1995, année du deuxième référendum, dont la défaite fut crève-coeur parce que perdu par quelques milliers de votes. Jacques Parizeau évoquera le paradoxe québécois d’un Québec qui fait élire le Parti Québécois à Québec et qui accorde 74 des 75 sièges au fédéral à Trudeau. Parizeau se souvient également de la position électorale du PQ qui consistait à privilégier les efforts dans des comtés où la proportion de Québécois se situait au-dessus de 80%, favorisant plus la victoire que dans les comtés multiethniques. Gagner un référendum uniquement avec les francophones, Gérald Godin ne partageait pas une telle alternative, car il croyait qu’on devait rallier ces communautés culturelles.

Malgré ces divergences, où sont confrontés le réalisme (Parizeau) et l’idéalisme (Godin) les uns et les autres s’entendent pour dire que les Québécois ne sont ni intolérants, ni racistes. L’accueil des «boat people» vietnamiens, l’appui populaire aux Haitiens menacés d’expulsion, l’élection d’un premier député noir à l’Assemblée nationale et d’un député d’origine juive à Trois-Rivières sont autant de faits qui démontrent l’ouverture de la société québécoise.

La Loi 101 et l’Entente Cullen-Couture

L’adoption de la Loi 101 sur la langue en 1977 et l’entente Cullen-Couture portant sur la sélection des immigrants par le Québec seront des événements décisifs dans le virage vers la primauté du français et la francisation des enfants d’immigrants selon l’ex-premier ministre du Québec.

Les cohortes successives d’enfants d’immigrants dans les écoles de langue française et les nouveaux arrivants francophones ou plus familier avec le français (comme les Nord-Africains et les Libanais) ont fait avancer l’idéal d’une société québécoise moderne et ouverte comme Gérald Godin la souhaitait. L’intégration dans le maintien des cultures originelles, un espoir si cher à Gérald Godin semble faire partie de cet héritage selon Jacques Parizeau qui a mis récemment comme chacun sait, un bémol sur la charte des valeurs proposée par le gouvernement Marois. Parizeau n’est pas contre la charte mais il s’inquiète à l’idée de légiférer sur des questions religieuses, prônant davantage de tolérance à cet égard, une position que Gérald Godin aurait… peut-être pris.

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À lire aussi: Table ronde, spectacle et conférences consacrées à Gérald Godin

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