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L’imaginaire de l’exposition Vallée Duhamel

Les deux artistes devant l’une de leurs installations. Photo: Métro Média – Lila Maitre

C’est dans un univers surréaliste que nous emmène l’exposition Vallée Duhamel, au Livart, sur la rue Saint-Denis, jusqu’au 15 août. Comme des fragments dispersés de l’esprit des deux artistes, Julien Vallée et Eve Duhamel, les œuvres exposées n’ont pas vraiment de sens spécifique. Mais elles traduisent de l’évolution de la recherche artistique du duo québécois. 

Dès les premiers pas dans la galerie, le visiteur est projeté face à une œuvre on ne peut plus intrigante. Face à lui, une lame tourne et frôle une corde suspendue verticalement, sertie d’une pierre. Sous cette roche, un téléphone passe une vidéo des artistes qui se jettent des objets au visage. Cette œuvre interactive propose au visiteur d’appuyer avec le pied sur un bouton qui arrête ou redémarre le tournoiement de cette lame.


Pour Julien Vallée et Eve Duhamel, cette installation est un moyen pour les gens de « mettre le pied dans notre monde ». La vidéo diffusée sur le téléphone témoigne des débuts du travail du duo.


Tout commence il y a 13 ans, quand les deux étudiants de l’UQAM se rencontrent. Elle est en Arts visuels, spécialisée en peinture, et lui en design et animation graphiques. La collaboration artistique démarre avec de l’illustration et des sculptures de papier. Puis, ils dérivent vers la vidéo et produisent des œuvres en animation graphique ou en volume. Aujourd’hui, les deux artistes possèdent leur propre studio sur la rue Bellechasse, dans lequel ils produisent, avec ou sans équipe, leurs créations.


Plusieurs de ces vidéos sont diffusées dans l’exposition. Ainsi, on découvre dans Les inconnus des personnages qui font en boucle des mouvements surréalistes, comme sauter d’une estrade avec les jambes et le buste qui se détache puis se rejoint à l’atterrissage. Au fur et à mesure de cette vidéo, des personnages se rajoutent et envahissent le lieu, mais sans jamais se toucher.

Métro Média – Lila Maitre


L’exposition nous permet aussi de découvrir le processus de production des vidéos. Par exemple, dans une vidéo en animation en volume, on voit comment des objets d’un bureau sont mis en mouvement grâce à des fil de nylon ou autres procédés ensuite effacés en postproduction. Une fois tous ces objets assemblés en une seule vidéo, ils créent une sorte de cacophonie visuelle.


Avec cette rétrospective, les deux artistes ont pu inclure plusieurs installations. La plupart sont en mouvement, comme ce ventilateur posé sur une voiturette et dont le souffle gonfle un sac plastique. À intervalle régulier, la voiturette avance et recule, donnant l’impression que c’est le ventilateur et le sac plastique qui créent du mouvement. On note aussi la présence d’un énorme ballon de baudruche, qui fait face à un clou délicatement posé sur un socle de bois. Cette œuvre met au défi la tentation du visiteur de percer ce gros ballon rose et nous amène à nous poser une question : qui osera?

Art et publicité

La présence dans l’exposition de créations vidéo produites dans un but publicitaire pourrait faire frissonner les amateurs d’art les plus puristes. Mais pour le duo, c’est un choix volontaire et assumé « On ne voulait pas se bloquer en disant que c’est une galerie d’art et que la corpo ne peut pas mettre les pieds là-dedans ».


Car le travail de Julien Vallée et Eve Duhamel se trouve dans bon nombre de clips vidéo, pour des artistes comme Katy Perry ou Cœur de Pirate, et aussi des publicités. Celles sélectionnées pour le Livart, sont, comme l’assure le duo, pour des compagnies qui leur ont laissé beaucoup de liberté créative. Garder les publicités est aussi un moyen pour eux de rendre cette rétrospective complète et de mettre face à face leur travail artistique et commercial.

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