La hausse des agressions sexuelles rapportées s’accélère
Près de deux fois plus de cas d’agressions sexuelles ont été déclarés en 2021 dans l’Ouest que ce que prévoyait l’évolution annuelle des 10 dernières années. Une tendance qui se maintient aussi dans le reste de l’île de Montréal.
Ce sont 604 cas d’agressions sexuelles qui ont été rapportés dans les postes de quartier du Centre opérationnel Ouest du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), selon son rapport annuel 2021, présenté le 8 juin aux responsables de la sécurité publique de la Ville de Montréal.
Toutefois, en raison du contexte social spécifique dans lequel les agressions sexuelles sont commises, de la pression mise sur les victimes et de la nature de ce type de crime, ces chiffres sous-évaluent fortement le portrait réel des agressions sexuelles à Montréal, prévient la criminologue et sociologue Maria Mourani. «Quand on parle d’agressions sexuelles, souvent, les chiffres d’agressions ne représentent pas la réalité, ça ne montre que les dénonciations.»
Réagissant par écrit à cette hausse des cas d’agressions sexuelles dénoncées dans l’Ouest, la directrice générale du Centre pour les victimes d’agression sexuelle de Montréal (CVASM), Dèby Trent, abonde dans le même sens.
S’il y a eu une augmentation de dénonciations policières en 2021, cela ne veut pas dire qu’il y a eu plus de cas d’agression dans cette année-là.
Dèby Trent, Directrice générale du Centre pour les victimes d’agression sexuelle de Montréal (CVASM)
«Les personnes victimes ont une multitude de raisons pour vouloir, ou ne pas vouloir, faire une dénonciation à la police. Une personne peut dénoncer quelques jours seulement après l’agression sexuelle, comme cela peut être des dizaines d’années plus tard. Peut-être que des personnes ont dénoncé en 2021 une agression sexuelle qui aurait eu lieu il y a très longtemps», explique la directrice du CVASM, qui ajoute qu’«il est possible que des victimes de longue date aient également été inspirées de l’abolition de la prescription au civil».
En parler pour soutenir les victimes
La directrice du CVASM croit aussi que la récente médiatisation de cas anciens aurait donné le courage aux victimes de dénoncer davantage ces crimes. «[Les] procès médiatisés de ces dernières années concernaient des actes commis il y a plusieurs années. En parler plus publiquement, et surtout de la bonne manière, donne un espace de parole aux personnes victimes», poursuit-elle.
«On se souvient aussi que la vague de dénonciation sur les médias sociaux a eu lieu en été 2020 [concernant des] actes de violence sexuelle qui ont pu avoir lieu des années auparavant. Face à ce mouvement, des personnes auraient pu prendre quelque temps encore [avant de] prendre la décision de dénoncer», analyse la directrice.
L’importance d’être entendue et crue
La directrice du CVASM, Dèby Trent, soutient que, quelle que soit la première ressource qu’une personne victime sollicite pour parler d’une agression sexuelle, il est essentiel qu’elle soit crue et entendue sans jugement.
«C’est essentiel pour qu’une personne victime continue de se confier et de demander de l’aide. Ce qu’on souhaite pour les personnes victimes en fin de compte, c’est que chacune obtienne l’aide adéquate à ses besoins», conclut-elle.
Les personnes touchées par de la violence sexuelle sont accueillies 24h/24, 7 j/7 sur la ligne Info-aide violence sexuelle, joignable au 1 888 933-9007. Les intervenantes téléphoniques offrent de l’écoute, du soutien et des références aux différentes ressources.2