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Le futur de l’église Saint-Enfant-Jésus en jeu

L’église Saint-Enfant-Jésus a été reconstruite en 1939. Photo: Coralie Hodgson/Métro Média

En raison d’une situation financière précaire, la paroisse Saint-Enfant Jésus recommande la vente de son église du même nom. Une situation à laquelle s’oppose la mairesse de RDP-PAT Caroline Bourgeois, qui défend la valeur patrimoniale de l’église.

La question était déjà sur la table depuis plusieurs années. Avec un déficit annuel moyen de 38 000$ qui s’accumule depuis 2012 et des besoins d’investir 330 000$ dans la rénovation des toits, la paroisse Saint-Enfant-Jésus, qui gère l’église du même nom et celle de Saint-Marcel, n’est plus rentable, explique Gérald Lajeunesse, curé de la paroisse.

Une situation qui s’explique notamment par le fait que la paroisse se finance principalement par les dons. Parmi eux, les dons des quêtes, qui fondent avec la désertion de ces lieux de culte. En temps de COVID, des messes limitées à 25 personnes n’arrangent pas la situation.

Dans ce contexte, la vente d’une des deux églises est inévitable pour la survie de la paroisse, croit M. Lajeunesse.

Un scénario qui s’observe d’ailleurs partout au Québec. Selon le Conseil du patrimoine religieux du Québec, à la fin de l’année 2019, la province dénombrait 631 églises en mutation, soit fermées, à vendre ou transformées. Cela représenterait environ 1 église sur 5.

Préférence pour Saint-Marcel

Lors de messes qui se sont tenues les 18 octobre et 25 octobre, les fidèles ont été appelés à voter sur le futur de la paroisse. Des 69 votants, 55% se sont prononcé à faveur de la vente de l’église Saint-Enfant-Jésus. L’an passé, un vote similaire avait également donné préférence à Saint-Marcel, avec 58% des voix.

Selon M. Lajeunesse, cette préférence s’expliquerait par des escaliers difficiles à gravir pour les aînés à Saint-Enfant-Jésus et un manque de stationnement dû aux travaux sur Saint-Jean-Baptiste.

Pour leur part, les marguilliers considèrent plus rentable de conserver l’église St-Marcel. Cette dernière comporte par ailleurs des bureaux et des salles de rencontre qui seraient « plus adaptés» à leurs besoins, croit M. Lajeunesse.

La prochaine étape sera donc, pour la paroisse, de soumettre le désir de vente à l’archevêché de Montréal, à qui reviendra la décision finale de vendre, ou non.

Caroline Bourgeois s’oppose

À l’arrondissement RDP-PAT, cependant, la perte de Saint-Enfant-Jésus est « impensable ». Une motion a d’ailleurs été déposée lors du conseil d’arrondissement du 3 novembre à cet effet.

« Oui je suis sensible à la situation de la paroisse (…) mais ce que je veux, c’est qu’on trouve une solution ensemble », exprime la mairesse d’arrondissement Caroline Bourgeois. «Mon pire cauchemar serait qu’il y ait acquisition de ce bâtiment, et que l’acquéreur laisse dépérir ce bâtiment pendant dix, douze, quinze, vingt ans (…) comme on a pu voir ailleurs».

Comme le bâtiment est situé « sur une grande propriété à caractère institutionnel reconnue par la Ville et l’agglomération de Montréal », la règlementation d’urbanisme est très contraignante pour tout projet visant la démolition ou l’altération de l’intégrité du bâtiment actuel, explique l’arrondissement.

D’ailleurs, Mme Bourgeois affirme qu’elle ne compte pas ouvrir la porte à un changement de zonage qui permettra la démolition de l’Église Saint-Enfant-Jésus si c’est pour permettre la construction de condos ou d’autres types d’habitation. Elle se dit ouverte à étudier un changement de zonage pour un projet communautaire qui préserve l’aspect public du site, tant que les bâtiments patrimoniaux sont conservés.

M. Lajeunesse se dit pour sa part ouvert à cette approche, si elle permet de défrayer les frais de l’église. « S’il y avait un autre projet, par exemple si la Ville voulait louer l’édifice, on ne sera pas contre, au contraire. Mais on n’a pas de projet dans ce sens-là à présent», note-t-il.

Une valeur patrimoniale

Bien que l’église St-Enfant-Jésus ne bénéficie pas du statut de bâtiment patrimonial, son emplacement au cœur du Village et son histoire ont une grande valeur historique, croit Pierre Desjardins, vice-président de l’Atelier d’histoire du Vieux-Pointe-aux-Trembles.

D’abord construite en 1705, face à l’ancien Chemin du Roy et au fleuve, l’église sera réduite en cendres lors d’un incendie en février 1937. L’église sera reconstruite en 1939 sur Notre-Dame, dans le respect de ses proportions originales.

La paroisse Saint-Enfant-Jésus, fondée en 1674, est la deuxième plus ancienne de l’île montréalaise.

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