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Le Colombier: un «village» soudé malgré le changement

Line Francoeur et Céline Bouthillier se tiennent devant la coopérative d'habitation Le Colombier en janvier 2017.
Photo: Ralph-Bonet Sanon/TC Media

En 35 ans, l’esprit qui anime le mouvement coopératif a bien changé, mais subsiste toujours au Colombier de Pointe-aux-Trembles, témoignent des résidents et une gestionnaire de l’une des plus grandes coopératives d’habitation au Québec.

«Avant, les gens croyaient qu’ils pouvaient être maîtres de leurs décisions, tandis que maintenant, les jeunes de l’âge de mes enfants, 35 et 25 ans, demandent souvent ce qu’on peut faire pour eux, ce qu’on a à leur offrir» constate Céline Bouthillier, qui gère les affaires administratives du Colombier depuis 32 ans.

«C’est correct aussi, mais dans un milieu coopératif comme ici, c’est à toi à te demander ce que tu as à offrir à la coop.»

En février 2017, la Coopérative Le Colombier célèbre les 35 ans de la signature de l’acte de vente en vertu duquel elle a acquis ses immeubles pour 2,6 millions de dollars. Ses 187 membres célèbrent également le remboursement de leur prêt hypothécaire. Un événement est prévu le 25 février au centre de réception Le Châteaubriand, dans Rivière-des-Prairies.

À l’époque de la vente, en 1982, Le Colombier était considéré comme la plus grosse coopérative d’habitation au Québec. De nos jours, la Confédération québécoise des coopératives d’habitation recense 21 logements par coopérative, en moyenne.la-semaine-pointeliere_9fev1982

Garder les loyers abordables
Le Colombier compte aujourd’hui 187 logements, où vivent 470 personnes. Un «village», plaisante Céline Bouthillier. «Il n’y a jamais eu un logement vacant ici depuis 35 ans. Certaines années, j’ai déjà vu 4 à 6 ans d’attente pour un 4 et demie. Présentement, c’est entre 1 et 3 ans d’attente environ», indique-t-elle.

Ce qui appâte les nouveaux venus, le plus souvent, ce sont les loyers peu élevés : 555$ pour un 5 et demie chauffé et éclairé, grâce au rabais-membre. Par contre, pour conserver ce rabais – des centaines de dollars de moins que le prix du marché -, il faut faire sa part, selon ses capacités. Par exemple, dans l’entretien, le déneigement, les comités, ou le conseil d’administration.

Line Francoeur, membre résidente depuis 27 ans, explique qu’elle siège au conseil d’administration depuis plus de six ans et s’est occupé des loisirs, de diverses fêtes, d’un journal interne, de l’éducation communautaire et de l’entretien parce qu’elle «aime les gens et l’implication».

«Aujourd’hui, c’est plus du in and out : des gens viennent à la coop en attendant de pouvoir s’acheter une maison », constate Mme Francoeur.

4 générations de résidents
Les niveaux d’implication au Colombier varient selon ce que peuvent faire les membres. Pour les guider, il existe des formations et du parrainage par les membres, ainsi qu’un livre de règlements. «On apprend la gestion, la tenue de livres, le calcul de subventions, le fonctionnement d’assemblées générales, etc. Il y a un côté formateur et éducatif vraiment important qui peut servir d’atout au travail ou dans la vie en général», estime une membre fondatrice de la coopérative de Pointe-aux-Trembles, Gisèle Laforest.

À 70 ans, Mme Laforest habite le complexe depuis 41 ans, à l’époque où il appartenait encore à la Société canadienne d’hypothèque et de logement. Elle témoigne de l’attachement, de la solidarité et du bon voisinage des membres encore aujourd’hui.

«On se connait bien, grâce entre autres aux assemblées. C’est important pour la sécurité et l’entraide. Si quelqu’un est victime d’un cambriolage, son voisin peut l’alerter par exemple. Ou si on a besoin d’aide pour déneiger, on peut aller cogner chez un voisin», illustre Mme Laforest.

La membre fondatrice témoigne aussi de l’attachement des membres au fil du temps. «Je connais beaucoup de familles de l’âge de mes enfants qui ont grandi dans la coop et qui y demeurent aujourd’hui en tant que parents. J’ai déjà vu quatre générations réparties dans trois logements de la coop», dit-elle.

 

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