Cannabis médical: une formation sur les bonnes pratiques
Un Pointelier et un Terrebonnien espèrent «déstigmatiser» l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques en offrant une formation sur les bonnes pratiques de production de cette plante.
Michel Auger et Marc-André Laperle forment patients, proches aidants, étudiants et autres dans un hôtel du Vieux-Montréal depuis la mi-octobre. Une première au Québec, affirment-ils.
Les deux hommes sont convaincus des bienfaits thérapeutiques du cannabis, notamment parce que l’un d’eux en a utilisé pour son arthrite rhumatoïde.
«J’ai fait des recherches, j’ai micro-dosé, j’ai fait des gélules que je prenais trois fois par jour pour être sûr que mon système d’endocannabinoïdes soit toujours saturé et […] depuis deux, trois ans, mes douleurs arthritiques n’existent plus», relate M. Laperle, consultant spécialisé en culture biologique.
M. Laperle reconnait que son histoire est «anecdotique». Le cannabis n’est pas un traitement reconnu, souligne le Collège des médecins du Québec.
Pour sa part, M. Auger, consultant spécialisé dans le domaine pharmaceutique, raconte avoir eu l’idée de la formation cette année. Toutefois, il entendait déjà parler des bienfaits thérapeutiques du cannabis dans les années 1980.
«Notre professeur a dit qu’on n’ira pas plus loin parce que l’industrie pharmaceutique n’utilise pas ça, alors on a étudié tous les opiacés et j’ai passé ma vie à analyser ça et d’autres médicaments», affirme le formateur agréé.
Règles d’usage
Dans leur séance de sept heures, les deux hommes enseignent les rudiments du Règlement sur l’accès au cannabis à des fins médicales (RACFM) de Santé Canada.
Ils traitent aussi du bon aménagement d’un lieu de culture, des engrais biologiques à utiliser et de l’hygiène à adopter.
Plusieurs rappels de produits liés à des pesticides non homologués ont entaché la production commerciale cette année. En réponse, Santé Canada a annoncé qu’il fera des analyses aléatoires.
«On enseigne la bonne façon de cultiver une plante sans pesticides, sans métaux lourds, argue M. Auger. C’est ça qui empoisonne les gens, pas la plante comme telle et nous n’encouragerons pas la consommation de cannabis par fumée, qui est nuisible pour le corps.
On va suggérer d’autres formes non dangereuses: liquide, suppositoires, crèmes, etc.
– Michel Auger
L’avantage commercial
Il est pourtant possible de produire à grande échelle et de bonne qualité, assure le plus ancien producteur autorisé par Santé Canada.
«Nous n’avons jamais eu de rappel en 17 ans parce que nous avons une inspection en 281 points. Nous n’utilisons pas de pesticides, uniquement des nutriments similaires à ceux utilisés pour d’autres cultures intérieures», souligne Brent Zettl, fondateur et PDG de l’entreprise saskatchewanaise CanniMed.
M. Zettl ne croit pas qu’un patient puisse obtenir le niveau de précision voulu avec une production maison.
«Par exemple, un patient souffrant d’anxiété ou de dépression utilisera généralement notre huile d’un milligramme de THC sur 20 milligrammes de CBD, tandis que le patient souffrant de syndrome de stress post-traumatique ira avec celle d’un taux de 22 sur 1», explique M. Zettl, qui revendique 36 000 patients enregistrés.
THC
Delta-9-tétrahydrocannabinol. Cannabinoïde le plus documenté. Présente des effets psychoactifs, certains thérapeutiques, d’autres nocifs. Détermine la manière dont le cerveau et le corps réagissent au cannabis.
CBD
Cannabidiol. Ne présente pas d’effets psychoactifs et pourraient en bloquer ou en réduire certains du THC comme les troubles de l’humeur et les symptômes psychotiques. Étudié pour des utilisations thérapeutiques.