Ligne bleue: enthousiasme prudent dans la pointe de l’île
Divers acteurs de la pointe est de l’île de Montréal ont accueilli avec un engouement réfréné l’annonce, lundi, d’une entente de 362 M$ entre Québec et Ottawa pour financer le dossier d’affaires du prolongement de la ligne bleue du métro.
«La ligne bleue est attendue depuis 30 ou 40 ans. Il y a déjà eu plusieurs pelletées de terre. Si c’est le bon coup, tant mieux, parce qu’il faut avancer», a réagi la mairesse de l’arrondissement Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, qui «réserve son enthousiasme».
«À l’étape ou on en est, je m’attendais à ce qu’on annonce des travaux et qu’il y ait de la construction», a pour sa part réagi la députée péquiste de Pointe-aux-Trembles, Nicole Léger, qui parle d’un plan libéral «très, très maigre» pour l’est de Montréal.
«Show de boucane»
Le maire de Montréal-Est, Robert Coutu, dénonce un «show de boucane», auquel il a refusé d’assister, en présence des premiers ministres Justin Trudeau et Philippe Couillard, ainsi que de la mairesse Valérie Plante.
«Le financement n’est pas assuré, les échéanciers ne sont pas clairs, j’étais là en 2009 et en 2013, quand on a annoncé et réannoncé des bureaux de projet. Je trouve ça totalement désolant comme projet», a-t-il fustigé.
Après avoir assisté sur place à l’annonce, le député fédéral de La Pointe-de-l’Île, Mario Beaulieu, espère lui aussi que «cette fois sera la bonne» pour l’est de Montréal, «parent pauvre du transport collectif».
«Ce qui est un peu étonnant, c’est que, par exemple, le projet pour l’ouest de l’île, le REM [Réseau express métropolitain, NDLR] aura pris moins de cinq ans entre le moment où ils en ont parlé au départ et le moment où ça s’est concrétisé», a-t-il critiqué.
Au-delà d’Anjou
Tous ne manquent pas de soulever que le prolongement de la ligne bleue s’arrêtera à Anjou, loin des arrondissements situés plus à l’est.
«Ce prolongement […] ne règlera pas tous les problèmes de transport dans notre arrondissement alors que nous sommes sans aucun doute l’un des moins bien desservis en transport tout en étant le 6e plus populeux», déclare la conseillère de ville du district de Pointe-aux-Trembles, Suzanne Décarie, dans un communiqué.
«L’est de Montréal, ce n’est pas que la ligne bleue […] J’aurais aimé qu’ils rajoutent un lien intermodal entre les terminus des lignes bleue et verte», a ajouté Mme Léger.
Ce lien intermodal, la députée le réclame depuis décembre dernier dans une campagne menée auprès d’instances régionales de transport. Il fait aussi partie du «Grand Déblocage», un plan de développement du transport collectif dévoilé par le Parti québécois à la fin du mois dernier.
Le plan, juge M. Beaulieu, élu bloquiste de La Pointe-de-l’Île, «a plus d’impacts concrets» pour le secteur. «Le projet de tramway qui partirait de la station de métro Honoré-Beaugrand, l’antenne du Train de l’est et l’ajout de service d’autobus seraient une avancée majeure», a-t-il estimé.
Pour sa part, Mme Rouleau, candidate désignée de la Coalition Avenir Québec dans Pointe-aux-Trembles aux élections provinciales du 1er octobre prochain, ne tient pas à commenter le plan péquiste.
«Peu importe ce qui sera proposé, ce qui est important de comprendre, c’est qu’il faut un plan global pour l’est de Montréal. Nous sommes mal desservis dans l’arrondissement», a-t-elle plaidé, sans toutefois préciser la forme de ce plan global.