Un panda à la conquête de la planète rap
Le rappeur de Rivière-des-Prairies, Someone Very Smooth, vient de sortir son premier EP, à l’issue d’une année particulièrement productive d’un point de vue artistique et avec l’ambition d’installer durablement le personnage atypique qu’il a créé dans le paysage musical montréalais.
À 25 ans, Someone Very Smooth, ne veut plus perdre de temps et veut prouver à la scène hip-hop montréalaise, si dynamique, qu’il a lui aussi sa place. Soucieux « de porter le focus sur ce [qu’il fait] plus que sur ce [qu’il est] », il a fait de l’anonymat un leitmotiv autant qu‘une marque de fabrique.
Pour le conserver, c’est donc avec une cagoule de panda qu’il apparait dans ses clips, sur scène et sur la pochette de son EP, intitulé « Four », comme le nombre de titres qui le compose. Pourquoi une cagoule de panda? Car Someone Very Smooth « n’est pas dans les histoires de gangsta rap » et qu’il a simplement « tripé quand [il l’a] vu sur internet. »
« Mon panda, c’est comme un superhéros, c’est « mon » superhéros. Ironman, il a un costume, mais tu sais qui c’est. Eh bien mon panda, c’est la même chose », s’amuse-t-il.
Sa musique, explique-t-il, est une expression de ce qu’il est, de ce qu’il ressent, bien qu’il essaye de l’intégrer dans un cadre plus général et ainsi trouver de l’écho chez chacun de ses auditeurs.
« Je parle d’argent, ou des relations qui m’ont inspiré, mais je l’adapte. Je ne raconte pas ma vie à 1000%, car je veux laisser le monde être libre de ses interprétations », explique-t-il.
Pour y parvenir, il a surtout choisi de s’exprimer en anglais, surtout parce que la musique qu’il écoute, dans tous les styles, est chantée dans cette langue. « Si je chante en français, et même si c’est ma langue, ça ne va pas sonner comme si ça venait de moi », se justifie-t-il.
Une famille artistique qu’il veut agrandir
Someone Very Smooth – un surnom qui le suit depuis son adolescence – s’est entouré d’un collectif de Rivière-des-Prairies pour réaliser sa musique.
Avec le 90 Supreme, composé de ses compères Fvb X et MM Molomolotov, eux aussi de Rivière-des-Prairies, il enregistre ses morceaux au Studio AZ, à Pointe-aux-Trembles. Son frère, Jimmy James, agit aussi en tant que producteur.
The Wist, le réalisateur de certains de ses clips et de ses pochettes, est également une connaissance de l’école secondaire.
Cette proximité ne l’empêche pas de vouloir élargir ses connexions dans le milieu de la musique, tant qu’elles correspondent à ses aspirations artistiques.
Someone Very Smooth a ainsi collaboré avec le vidéographe Touche Moi Pas, « très talentueux et réputé dans l’underground », qui « insiste sur les effets de caméras », à l’image du jeune réalisateur Cole Bennett, qui s’impose peu à peu comme une référence mondiale dans les clips musicaux.
Son vœu désormais, c’est de développer les collaborations dans le milieu, afin de multiplier les concerts et sa reconnaissance.
« Quel que soit ton talent, c’est aussi une question de plug. C’est important de socialiser avec le monde, de ne snober personne », explique-t-il ainsi.
Des projets
Après la parution de son EP, Someone Very Smooth veut désormais multiplier ses présences scéniques, d’autant qu’il a « de la musique à montrer » et qu’il n’a pas encore « montré tout ce [qu’il] pouvait faire en show. »
Très impliqué dans son activité artistique durant ces six derniers mois, il n’entend pas baisser la cadence, envisage de sortir son premier album à l’automne, et veut se faire un nom dans une scène hip-hop québécoise assez saturée.
« Le fait qu’il y ait beaucoup de monde n’est pas une mauvaise chose, dit-il, car cela montre que le hip-hop a vraiment sa place ici. Tout le monde doit avoir un esprit d’entraide plus que de compétition, sauf si c’est de la bonne compétition, car ça motive tout le monde et c’est profitable ». La fameuse sagesse du panda.