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La vie entre les murs de la prison de Rivière-des-Prairies

Bousquet-Richard Simon - TC Media
Le Centre de détention de Rivière-des-Prairies est l’endroit le plus ennuyant où Alain a été incarcéré au cours de ses six ans d’emprisonnement, mais les récits de son blogue ouvrent la porte d’un milieu méconnu des Prairivois qui habitent à l’ombre des murs de l’établissement.

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Celui qui était le doyen de l’aile G3 se souvient que le premier son qui le réveillait le matin était le déclic du verrou de sa cellule qui tournait à 7 h. En tant que représentant des détenus, Alain sortait le premier pour préparer les petits déjeuners des autres codétenus. C’était le début d’une journée lente et monotone pour les prisonniers.

Une journée en prison

À 7 h 30, un nouveau déclic résonne dans la grande salle ouverte bordée de portes de cellules sur deux étages qui forme l’univers des détenus. À cette heure, ceux qui vont à l’école sortent pour manger, suivie des autres détenus, une demi-heure plus tard.

À 10 h, tout le monde rentre dans sa cellule pour que les gardiens puissent faire le compte. Les geôliers ne rentent dans l’aile que lorsque les détenus sont enfermés à double tour. Le reste du temps, ils les observent par la grande vitre du poste de garde, situé à une extrémité de la salle.

Vers midi, le repas est servi, suivi d’une autre période libre, d’un recomptage, d’une autre période libre puis du souper, vers 16 h 30. Entre temps, les prisonniers sont libres de prendre leur douche, de manger ou d’écouter la télévision, mais la plupart du temps, ils n’ont rien à faire.

À la prison de Rivière-des-Prairies, les détenus n’ont pas accès à Internet, mais ils peuvent lire les journaux et regarder la télévision. Ils ont rarement accès à la bibliothèque et ne peuvent posséder que sept livres ou magazines à la fois. Certains fréquentent l’école qui fait toutefois relâche l’été. Ils peuvent aussi téléphoner à frais virés. La règle fixée par les détenus est de maximum 20 minutes par appel et les bruits de fond rendent les conversations difficiles.

Le soir, les prisonniers se disputent régulièrement pour choisir la chaîne de télévision à regarder. La discorde éclate parfois aussi dans les minuscules cellules que partagent des hommes qui n’ont pas tous le même niveau d’hygiène.

Alain se souvient avec dédain d’un vieux prisonnier de 75 ans avec qui il a partagé sa cellule pendant 95 jours. L’homme se promenait en bobettes et suait à grosses gouttes en raison de la chaleur et de l’absence d’air conditionné.

Tous les deux mois, les chasses d’eau des toilettes des cellules cessent subitement de fonctionner, c’est le signe que les gardiens s’apprêtent à faire une fouille à nu à chaque détenu. Lorsque quelqu’un se fait prendre avec des produits illicites, il est souvent condamné à rester dans sa chambre pour la journée, mais la punition est double puisque son compagnon de cellule se retrouve soit pris à l’intérieur ou à l’extérieur de la cellule.

Une des choses qui a le plus marqué Alain en prison est de voir sortir le corps d’un prisonnier qui s’était suicidé. Mais tout n’est pas noir entre les murs. Alain se souvient des plaisanteries que faisaient les détenus aux nouveaux arrivés, surtout ceux qui étaient très médicamentés.

« Les gars leur disaient d’aller demander toute sorte de choses aux gardiens, comme la clé pour sortir, un casque de bain pour aller se baigner avec les filles de la Maison Tanguay ou des jetons pour la laveuse, qui est gratuite », raconte Alain.

Après six ans de prison, Alain ne veut plus y retourner. Sur son blogue, il raconte surtout les épreuves qu’il doit traverser depuis qu’il a franchi la porte du pénitencier pour la dernière fois et les espoirs qu’il entretient.

« Je suis tombé en amour avec la ville de Montréal. Tout le monde est beau et gentil. Au début tout m’émouvait et j’avais beaucoup de difficulté à ne pas pleurer. Je commence à m’habituer, mais je me suis promis de ne pas devenir insensible à tous ces petits privilèges de la vie d’homme libre », conclut-il.

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