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Sanimax: «on est furieux que RDP ait été encore ignoré»

Le gouvernement du Québec a annoncé un plan visant à réduire les nuisances autour du site d'équirassage de Sanimax à Lévis.
Depuis la semaine du 11 juillet, près d’une cinquantaine de plaintes ont été enregistrées par le service Environnement de l’arrondissement RDP-PAT. Photo: Yohann Goyat/Métro

Si le gouvernement du Québec a annoncé ce mercredi un plan d’action pour réduire les odeurs de l’usine Sanimax à Lévis, rien de tel n’est pour l’instant prévu à Rivière-des-Prairies, déplore le comité citoyen SOS Sanimax RDP.

Le ministre de l’Environnement Benoit Charette a présenté le plan pour L’usine de Lévis mercredi, en présence du président de Sanimax pour l’Amérique du Nord, Martial Hamel.

Le plan prévoit l’installation de brumisateurs à l’extérieur de l’usine d’équarissage au cours des deux prochaines années. Sanimax devra également mettre en place une aire de réception ventilée pour ses véhicules.

Ce plan est le fruit de la concertation de Sanimax, des Éleveurs de porcs du Québec ainsi que des ministères de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) et de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC).

Les citoyens voisins du site d’équarrissage de Lévis ont multiplié les plaintes depuis l’été dernier. Ils protestaient notamment contre les odeurs nauséabondes produites par les activités de l’entreprise.

Un combat également mené depuis plusieurs années par des citoyens de Rivière-des-Prairies.

Sanimax a fait l’objet de deux condamnations par la Cours supérieure du Québec en décembre dernier. Photo: Archives, Métro Média

RDP laissé pour compte

Si la nouvelle semble positive pour les habitants de Lévis, aucun changement n’est à prévoir pour l’instant à Rivière-des-Prairies.

Le comité citoyen SOS Sanimax RDP, qui se bat depuis plusieurs mois contre Sanimax, avait obtenu une victoire juridique contre l’entreprise le 23 décembre. La Cour supérieure avait alors reconnue la société coupable de pollution de l’air et des eaux sur son site montréalais.

Alors que le collectif s’était félicité de la condamnation, il est aujourd’hui toujours en attente d’actions concrètes.

«Nous sommes très déçus», confie à Métro le coresponsable du groupe SOS Sanimax RDP, Théo Vecera.

Ici, à Rivière-des-Prairies, nous sommes aussi des Québécois. Le CAQ parle de protéger l’environnement mais il ne semble pas que RDP ou Montréal sont inclus dans ses plans. C’est dommage.

Théo Vecera, coresponsable du collectif citoyen SOS Sanimax RDP

«On est furieux que Rivière-des-Prairies ait été encore ignoré par ce gouvernement. […] C’est ici le siège social, c’est ici que Sanimax a plus d’un million d’amendes. C’est ici que la Ville est en cours [de discussions] avec Sanimax. Et c’est ici qu’a commencé le recours collectif», martèle-t-il.

«Les résultats ne sont pas au rendez-vous»

Caroline Bourgeois, mairesse de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, partage la déception du Prairivois.

«Je ne peux pas comprendre. Les citoyens de Rivière-des-Prairies ne sont pas des citoyens de seconde classe. Année après année, la situation ne se règle pas. Et ce, alors qu’on a de nombreuses représentations auprès des ministères, que ce soit avec l’arrondissement ou la Ville de Montréal», abonde-t-elle.

«De voir qu’un plan d’action est fait pour Lévis, ça me dépasse. Je n’accepte pas», ajoute l’élue.

Encore tout récemment, l’arrondissement et la Ville de Montréal étaient en communication avec le MAPAQ et le MELCC au sujet de Sanimax. De quoi renforcer l’amertume de Mme Bourgeois.

 «Année après année, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Il faut que Rivière-des-Prairies fasse partie d’un plan d’action combiné. Les tribunaux nous ont donné raison», rappelle-t-elle.

«Nous attendons le plan pour Montréal»

Lors de la récente condamnation de Sanimax, la mairesse de Montréal Valérie Plante saluait la décision de la Cour supérieure. Un engagement par ailleurs répété dans une réaction au plan d’action provincial pour l’usine de Lévis.

«La Ville de Montréal travaille sans relâche pour que Sanimax respecte les lois environnementales et arrête de polluer la qualité de vie du quartier de Rivière-des-Prairies», affirme la Ville, selon ce que relaie la mairesse d’arrondissement Caroline Bourgeois sur sa page Facebook.

Théo Vecera y voit un favoritisme politique. «RDP est plus parti libéral et Lévis est plus CAQ», analyse-t-il.

La mairesse d’arrondissement sait que les jugements de faveur existent, mais elle «espère qu’on ne gère pas un dossier en fonction de l’allégeance politique des électeurs».

Le cabinet de Valérie Plante demande au gouvernement «un plan national pour les trois usines de Sanimax» au Québec.

«C’est le MAPAQ qui détient le pouvoir de faire coopérer l’entreprise. Nous attendons avec impatience [son] plan pour Montréal», insiste la Ville centre.

Cela fait plus de 30 ans que les citoyens de l’Est de Montréal subissent les nuisances causées par l’entreprise

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Québec «veut régler la situation»

Selon le cabinet de la ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal et ex-mairesse de l’arrondissement, Chantal Rouleau, «des actions concrètes, il y en a déjà».

«Établir un dialogue, ce n’est pas toujours facile. Il faut que tout le monde démontre de l’ouverture et de la flexibilité», confie une représentante du cabinet de la ministre à Métro.

Le ministère affirme être bien au fait des enjeux liés à l’usine de Sanimax à Montréal, entre autres parce que la députée du CAQ était «depuis longtemps […] à la table de concertation».

En outre, le cabinet estime que le travail effectué à Lévis est «une belle leçon d’apprentissage», notamment pour «la suite des choses dans région métropolitaine».

Interrogé sur les détails de cette suite, le ministère répond que «pour arriver à des conclusions, ça prend de la concertation».

«On veut répondre aux besoin de l’ensemble des parties. Mais pour ça, il faut qu’elles soient de bonne foi», précise le ministère.

Sanimax: «Nous nous sommes heurtés à une porte close»

Sanimax a tenu à réagir à la suite de la publication de notre article. L’entreprise s’est déclarée surprise par les affirmations des élus. «Nous sommes surpris par cette prise de position soudaine de la Ville de Montréal, puisque celle-ci dissone d’avec l’inflexibilité à laquelle nous faisons actuellement face au déploiement d’améliorations pour favoriser notre cohabitation avec la communauté de Rivière-des-Prairies», estime Sanimax.

Selon le principal intéressé dans cet affaire, «le plan d’action présenté [pour Lévis] est la preuve tangible que la collaboration et le dialogue […] sont incontournables à la réussite d’améliorations structurantes et réelles».

Sanimax souligne «l’écoute, la collaboration et le leadership du MELCC, du MAPAQ, du député Marc Picard, de la Ville de Lévis et des Éleveurs de porcs du Québec» dans le dossier de Lévis.

Quant à l’absence d’annonce officielle d’un plan pour l’usine située à RDP, Sanimax réplique qu’elle a fourni à la Ville de Montréal «les bases d’un plan d’action et d’investissements ambitieux de plusieurs dizaines de millions de dollars».

«Après plus de deux ans d’échanges soutenus à tous les niveaux de l’administration, nous nous sommes heurtés à une porte close. Cette fin de non-recevoir, décidée unilatéralement par la Ville de Montréal, est contreproductive et se fait au détriment des principaux intéressés: les résidents de Rivière-des-Prairies.»

En conclusion, Sanimax pointe à nouveau les élus locaux. Elle note que son approche à Lévis et Saint-Hyacinthe «a donné des résultats concrets […] grâce à l’ouverture qu’on témoignée leurs administrations respectives».

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