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Être à mobilité réduite dans Rosemont

La Ville a demandé au collectif de faire une tournée de leurs aménagements pour leurs apporter des suggestions. Photo: Caroline Lefer-Palos/Métro Média

Le collectif Rosemont pour tout le monde milite pour l’accessibilité universelle dans l’arrondissement. Il développe des relations avec la Ville afin que les personnes en situation de handicap puissent profiter des aménagements urbains comme tout le monde.

Le journal Métro a rencontré Isabelle Martineau, porte-parole du collectif, afin de se mettre dans les chaussures d’une personne à mobilité réduite se promenant dans Rosemont–La Petite-Patrie

Premier arrêt: le parc Étienne-Desmarteau. Situé en face d’habitations communautaires disposant de 46 logements adaptés, ce parc a été réaménagé en 2020 en prenant en compte, théoriquement, les directives de la Ville sur l’accessibilité universelle.

«Des lieux ou des activités universellement accessibles, ça inclut tout le monde. Pour tout le monde, ça veut dire: cessez de nous exclure.»

Isabelle Matineau, porte-parole du collectif Rosemont pour tout le monde

Isabelle observe qu’aucun de ses résidents ne fréquente ce parc. «Je vois que des efforts ont étés faits, mais cela n’a pas été fait jusqu’au bout», analyse Isabelle Martineau.

Rosemont pour tout le monde a interrogé l’arrondissement pour comprendre. Mme Martineau pense que cela vient sûrement d’une bonne volonté, mais qu’il y a un manque d’expertise sur le sujet. «Les gens sont super gentils avec nous et sont de très bonne foi, mais ça fait des décennies qu’on parle d’accessibilité et ça ne se réalise pas. On comprend mal. On se doute qu’il y a une question d’argent derrière ça, mais quand on demande à la Ville combien ça coûte, ils nous répondent: absolument rien de plus madame. On le droit à des arguments bizarres.»

L’accessibilité dans les parcs

Le chalet du parc Étienne-Desmarteau dispose d’une rampe d’accès, cependant, sa largeur est trop étroite pour qu’une personne en fauteuil roulant puisse manœuvrer sans difficulté ou être accompagnée. Elle ne fait que 94 cm de large, alors que le code du bâtiment du Québec recommande 1,5 mètre. De plus, une fois au chalet, si la salle de bain indique bien qu’elle est adaptée, la poignée de porte n’est pas placée à hauteur de fauteuil et n’est pas facile à ouvrir.

Du côté des jeux pour enfants, les jeux d’eau ont une surface plane et assez lisse pour qu’un enfant en fauteuil roulant puisse se rafraichir. Cependant, s’il veut rejoindre sa famille assise à une table de piquenique, cela lui est impossible, car il lui faut rouler sur du gazon, puis s’assoir à une table non adaptée aux fauteuils. La solution serait de prolonger les chemins bitumés pour connecter tous les aménagements et d’installer des tables adaptées.

«On se retrouve devant une situation où on ne peut pas profiter des aménagements comme tout le monde. Et c’est inacceptable, parce que si on disait à quelqu’un: « Tu ne peux pas t’assoir à une table de piquenique à cause de ton orientation sexuelle ou de ton origine ethnoculturelle », on serait d’accord que ça n’a aucun bon sens. Alors que nous…», mentionne Isabelle Martineau.

Des artères commerçantes non-accessibles

En sortant du parc, nous empruntons des chemins bitumés, adaptés aux fauteuils, au milieu du gazon. Isabelle Martineau fait remarquer qu’il n’y a pas de délimitation claire entre le chemin et le gazon. Ainsi, quelqu’un avec une canne a plus de mal à se retrouver entre les deux espaces. Il faudrait par exemple indiquer les limites du chemin plus clairement de manière physique ou visuelle.

Dans l’aire de jeux pour enfants, des marquages au sol colorés et de formes géométriques sont un bon exemple de délimitations visuelles claires.

Les marquages au sol aident les mal-voyants à se repérer dans l’espace.

Une fois sur le trottoir, Mme Martineau salue les rainures au sol qui permettent aux personnes de se retrouver plus facilement avec une canne. En revanche les terrasses, les pancartes et autres installations présentes sur les artères commerciales perturbent les repères des personnes mal voyantes ou à mobilité réduite.

De nombreuses personnes confient au collectif que ce qui les gêne le plus est de ne pas pouvoir magasiner librement. En effet, la plupart des commerces étant non-accessibles, ces personnes se voient contraintes d’attendre dehors pendant que quelqu’un magasine à leur place.

«La vision que les autres ont de nous c’est qu’il faut nous faire la charité. Et c’est vrai que tout le monde est gentil avec nous, en particulier à Rosemont. Cette vision qu’il faut nous aider, qu’on ne peut pas améliorer les choses pour qu’on soit autonomes comme tout le monde… Il y a quelque chose qui n’est pas passé comme message.»

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