Ce que vous décidez de manger à un effet immédiat sur votre cœur
L ‘étude du docteur Anil Nigam, directeur du programme de recherche clinique au centre ÉPIC et professeur associé à la faculté de médecine de l’Université de Montréal, visait à comparer les effets sur l’endothélium vasculaire, soit la paroi qui tapisse l’intérieur du cœur et des vaisseaux, d’un repas de type méditerranéen (riche en bon gras comme les acides gras mono et polyinsaturés) à un repas de malbouffe.
En mesurant la fonction endothéliale, il est possible de voir la facilité avec laquelle les artères se dilatent après une occlusion temporaire de 5 minutes, suivant la consommation d’un repas avec des bons ou des mauvais gras.
« On savait déjà que la consommation de malbouffe entraînait des effets à long terme sur le cœur et était étroitement liée au développement d’une maladie coronarienne. Là, avec l’étude, on s’aperçoit qu’un seul repas de malbouffe a un impact immédiat sur la fonction vasculaire, alors qu’un « bon » repas n’a aucun impact sur le cœur », laisse savoir Sébastien Lacroix, chercheur étudiant au centre ÉPIC et doctorant du département Nutrition de la faculté de médecine de l’Université de Montréal.
Durant l’étude, 28 hommes non-fumeurs et ne présentant pas d’embonpoint ou de problèmes de santé en général, ont consommé deux repas à un intervalle d’une semaine.
Ils ont d’abord consommé un menu de type malbouffe (sandwich comprenant une saucisse, un œuf et une tranche de fromage, en plus de trois patates hachées brunes), où 58% des calories totales provenaient des matières grasses, était très riche en acides gras saturés et ne comprenait aucun acide gras omega-3.
« Quatre heures après ce repas, explique M. Lacroix, on leur faisait une échographie de l’artère du pli du coude afin d’évaluer à nouveau la fonction endothéliale. Au final, on a constaté que leurs artères se dilataient en moyenne 24 % moins bien qu’à l’état de jeûne. »
Le deuxième repas, de type méditerranéen, était composé de saumon, d’amandes et de légumes cuits à l’huile d’olive, dont 51% des calories totales du repas provenaient des matières grasses, principalement des acides gras mono et polyinsaturés. Quatre heures plus tard, une nouvelle échographie de l’artère était effectuée.
« Cette fois, les artères des participants se sont dilatées normalement, ni plus, ni moins. La circulation était bonne. Au contraire de la malbouffe, la fonction vasculaire n’était pas affectée du tout », affirme le chercheur.
« On ne dira pas aux gens d’arrêter de consommer de la malbouffe, poursuit M. Lacroix. Personnellement, je ne dirais pas non plus que je ne mangerai plus jamais une poutine, par exemple. Non, ce qu’il faut retenir, c’est que chaque repas que l’on prend a un impact sur la santé du cœur, dans l’immédiat comme à long terme. Il faut en être conscient. »
À propos de l’Institut de Cardiologie de Montréal : www.icm-mhi.org