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Des dizaines de locataires sous pression pour quitter leur logement

Le 95, boulevard Deguire à Saint-Laurent
Photo: Olivier Boivin/Métro

À la suite du rachat de l’immeuble situé au 95, boulevard Deguire au début du mois d’avril, le nouveau propriétaire met de la pression sur les locataires pour qu’ils quittent leur logement avant que d’importants travaux y soient effectués. Cette situation inquiète fortement les résidents.

Plusieurs d’entre eux rapportent que deux représentants du nouveau propriétaire, Investissement Crépeau Deguire, cognent à répétition aux portes des résidents pour leur proposer de signer une résiliation de bail avec en contre partie, une somme en argent.

C’est notamment le cas d’André*, qui a reçu plusieurs fois la visite de ces deux personnes, au point où il se sent harcelé.

«À chaque fois que je passe devant l’administration, on nous reparle des fameuses deux options, explique-t-il. Soit on attend les travaux, on part temporairement et notre loyer est augmenté, soit on accepte un montant d’argent pour partir immédiatement et le propriétaire paye le déménagement.»

Le père de famille se dit troublé par la perspective de devoir éventuellement déménager de manière temporaire ou permanente.

«C’est frustrant et préoccupant, continue-t-il. Ici je suis bien avec un loyer pas trop cher et un bon quartier pour ma famille. J’ai regardé les trois et demi dans le coin et il n’y a rien au prix que je paye en ce moment. Tout est environ 400$ plus cher.»

Pour augmenter la pression, les deux ascenseurs du bâtiment sont hors services depuis plus de deux semaines. Souad Faref, dont la belle-mère de 89 ans habite l’immeuble, est particulièrement inquiète.

«Ça fait deux semaines qu’elle n’est pas sortie, explique-t-elle. Elle est pratiquement seule sur son étage étant donné que les autres ont décidé de partir. On lui a dit de ne pas signer les documents, mais comme elle est allophone, j’ai peur qu’elle signe quelque chose en ne sachant pas ce que c’est.»

Connaître ses droits

Cette entente que le propriétaire entend faire signer, bien qu’elle ne soit pas illégale, est dénoncée par la directrice générale du comité de logement de Saint-Laurent, Maria Vasquez.

«Étant donné que l’entente n’est discutée que verbalement, il est impossible de savoir le contenu du document ni de garantir la somme qui sera versée à ceux qui acceptent, explique-t-elle. Il ne faut vraiment pas signer ça.»

Comme les prix mensuels des appartements sont en dessous des prix du marché, un déménagement pourrait précariser la situation de certaines personnes.

«Il faut que le gouvernement du Québec ou la Ville de Montréal fasse quelque chose pour éradiquer cette pratique, continue-t-elle. C’est toujours les plus vulnérables qui vont en souffrir.»

Prochaines étapes

Mme Vasquez a aidé les résidents à envoyer des mises en demeure au propriétaire afin qu’il procède à la réparation de l’ascenseur.

Pour ce qui en est des méthodes utilisées par les représentants du propriétaire pour faire signer la résiliation de bail, la directrice tente de mobiliser des locataires pour qu’ils déposent des plaintes au tribunal administratif du logement.

«Quand on vient déranger les gens le soir pour faire pression pour qu’ils signent l’entente, ça brime le droit à la jouissance du logement, explique-t-elle. Mais j’ai peur que certains locataires, principalement les personnes âgées, ne soient pas en mesure de se mobiliser.»

Le comité de logement entend suivre la situation de près afin de s’assurer que les locataires encore présents au 95, boulevard Deguire fassent valoir leurs droits.

Au moment de la publication, le propriétaire, Henry Zavriyev, dont le nom est associé à plusieurs autres cas de rachats d’immeubles pour travaux et de rénovictions, n’avait pas répondu à notre demande d’entrevue.

*Nom fictif pour préserver l’anonymat de la personne.

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