Bassins Chartier : un parc sur le point de voir le jour
Projet attendu depuis des années, le parc des bassins Chartier est sur le point de se concrétiser. Alors que les derniers travaux à y faire devraient s’y terminer en automne, Le Progrès a pu visiter les lieux.
Sur place, plusieurs sentiers sont déjà aménagés et permettent de désenclaver les résidents de la rue J.-B. Martineau. Une piste cyclable permettra bientôt de relier le parc à la gare Saint-Léonard–Montréal-Nord, bien visible en arrière-plan. À terme, des plateformes d’observation seront également mises sur pied.
« [Avec celle-ci], on sera au cœur du bassin, explique Johanne Couture, directrice de l’aménagement urbain et des services aux entreprises. C’est une manière sécuritaire d’amener les gens à faire des observations. Les matériaux ont aussi été choisis pour conserver le côté rustique et naturel. »
Des bordures de bois accompagneront les sentiers, afin d’inciter les utilisateurs à rester sur le chemin. « On ne veut pas déranger la nature et la faune qui est ici, explique à ce propos le conseiller de ville Dominic Perri. Je pense que c’est un parc unique à Montréal, qui offrira un lieu de détente et un aspect éducatif. »
Pour Mme Couture, la délimitation des espaces est aussi nécessaire pour la sécurité des utilisateurs, alors que les bassins peuvent être marécageux, surtout après de fortes pluies.
Protéger la faune et la flore
Tout sur le site est pensé en fonction de la faune locale à protéger. Une petite toile noire borde d’ailleurs l’endroit. « À certains endroits il y a une toile noire. C’est pour protéger les couleuvres brunes et les confiner à l’intérieur du bassin, révèle Mme Couture. On ne veut pas qu’elles se fassent écraser au cours des travaux. C’est une mesure de protection qu’on met en place vu qu’il s’agit d’une espèce à protéger. »
Un peu plus loin, M. Perri s’émerveille du passage de quelques libellules. « Une faune s’est établie et on veut garder la végétation telle quelle pour favoriser la biodiversité, souligne-t-il. Je crois que ce sera aussi un lieu où les écoles pourront venir voir la nature et étudier les différents insectes et plantes. »
« C’est comme une prairie, ça amène les oiseaux, papillons, insectes et pollinisateurs, s’enthousiasme Mme Couture. Il y a des enfants qui ne sont jamais en contact avec le milieu naturel, qui pourront s’y familiariser. Ça permettra aussi de faire de l’éducation. »
Des critères précis
C’est grâce à une collaboration avec Hydro-Québec, qui possède une servitude sur le terrain, que le parc a pu être développé. En raison des pylônes électriques surplombant le site, les possibilités d’aménagements étaient limitées, pour des raisons de sécurité. « On ne peut pas aller en hauteur en raison de leurs exigences, révèle Mme Couture. On ne peut pas prendre n’importe quels matériaux non plus. [Hydro-Québec] voit à tout ce qui relève de la sécurité du lieu. »
Exemple des compromis parfois nécessaires, l’éclairage du site sera assuré par des lampadaires de types « bollard ». Ceux-ci respectent les hauteurs maximales permises par la société d’État. De même, les végétaux plantés n’incluent pas d’arbres, qui, en raison de leur taille, pourraient être dangereux.
Néanmoins, le chemin parcouru pour l’établissement du parc est important. « C’était devenu une place où les gens dompaient les déchets, se remémore le conseiller d’arrondissement Mario Battista. Les gens sont devenus plus sensibles ; on voit que c’est très propre maintenant. »
Les derniers travaux devraient se terminer au cours des deux prochains mois. Des panneaux permettront à ce moment aux visiteurs de comprendre ce qu’ils observent sur le site et les guideront à travers les lieux.
La genèse d’un parc
Au coût de près de 2 M$, le bassin de rétention du Domaine Chartier a été bâti par l’arrondissement pour assurer une meilleure gestion de l’eau de pluie. Dès le début, l’idée était de créer un espace vert naturel – une « prairie sauvage » – au cœur d’un projet domiciliaire. En 2011, il a reçu un prix au Gala de reconnaissance en environnement et développement durable de Montréal.
Or, l’aspect «sauvage» a sans doute été mal compris. Croyant le terrain vacant et en friche, des résidents et entrepreneurs l’ont utilisé comme lieu de dépôt pour leurs rebus de construction et déchets ménagers. En 2014, cette situation est révélée par Le Progrès à la suite d’une plainte faite par un résident du secteur.
En 2016, les élus ont lancé l’idée d’y créer un parc-nature. L’objectif est de bâtir des aménagements pour permettre aux citoyens de profiter d’un milieu de vie où les espèces animales et végétales cohabiteraient avec les résidents du secteur.
Dans la foulée, l’arrondissement a lancé des consultations publiques menées par Nature-Action Québec. Outre les investissements de l’arrondissement, le projet a obtenu un appui financier de la Ville de Montréal et Hydro-Québec. En 2018, un contrat de 355 000 $ est accordé pour l’aménagement de sentiers. L’année suivante, un contrat de 1,4M$ est accordé pour les structures de bois, l’éclairage et le mobilier urbain. Les travaux se terminent à l’automne. L’inauguration officielle pourrait se faire au printemps 2020.