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Une église défie à nouveau les règles sanitaires

Good news chapel
Photo: Félix Lacerte-Gauthier/Métro Média

Depuis des mois, l’Église évangélique Good News Chapel remet en question les mesures sanitaires décrétées par le gouvernement. Dimanche, pour une deuxième semaine consécutive, elle a ouvert ses portes à ses fidèles, incitant les croyants à faire fi des restrictions sanitaires limitant à 10 le nombre de personnes qui peuvent se rassembler dans un lieu de culte.

Sur place, trois voitures de police étaient aux aguets à proximité de l’établissement de Saint-Léonard, mais les agents ne sont pas intervenus.

«Ce que je peux dire, c’est que si quoi que ce soit a été observé qui contrevient à la loi sur la santé publique, on collige ces informations dans un rapport qui est acheminé au directeur des poursuites criminelles et pénales», explique Julien Lévesque, porte-parole pour le SPVM.

La règle actuelle pour les lieux de culte prévoit qu’il peut y avoir un maximum de 10 personnes par pièce fermée ayant une porte menant à l’extérieure.

«L’Église a été établie par Dieu et non par les gouvernements. En tant que tel, il n’appartient pas aux gouvernements d’imposer des sanctions ou des restrictions contre l’Église qui l’empêcheraient de fonctionner.» – Site web de Good News Chapel

Défiance

En entrevue avec Métro Média la semaine dernière, le pasteur Steve Gesualdi expliquait qu’il suivait toutes les règles sanitaires, sauf celle concernant le nombre limite de fidèles. Il ajoutait que ceux-ci venaient à l’église de leur propre gré.

Néanmoins, depuis plusieurs mois, l’église du boulevard Couture publie des messages sur son site web et sur les réseaux sociaux qui tendent à minimiser le virus et remettre en question la légitimité des mesures gouvernementales.

Lors de son prêche de dimanche, également disponible en ligne, le pasteur Steve Gesualdi comparait le Canada à des pays autoritaires, tels que l’Iran et l’ancienne URSS, et la COVID à un rhume pour lequel on pourrait, selon lui, guérir avec des protéines.

La semaine précédente, il clamait également que «Dieu préfère que les gens se rassemblent», et que «Jésus prendrait certainement la décision d’être présent».

Ces propos ressemblent à ceux publiés sur le site web de Good News Chapel.

«Nous ne pouvons pas accepter un moratoire imposé par le gouvernement sur notre culte hebdomadaire en congrégation ou d’autres rassemblements corporatifs réguliers. La conformité est la désobéissance aux commandements clairs de notre Seigneur», indique ce passage traduit de l’anglais.

La même publication affirme que les fermetures de lieux de culte «étaient infondées, inconstitutionnelles et carrément erronées, même face à une soi-disant urgence.»

L’église Good News Chapel ajoute que «ce virus est réel», mais que «le taux de mortalité a été trop exagéré».

Même lors de la première vague de la pandémie, l’église Good News Chapel remettait en question la dangerosité de la COVID-19.

En juin 2020, Jessica Gesualdi, épouse de Steve Gesualdi, a écrit sur Twitter qu’en lieu et place des mesures sanitaires, il serait plus efficace de renforcer le système immunitaire, «pour qu’il fonctionne de la façon dont il a été conçu.»

En mars 2020, The Remnant, la branche de l’église destinée aux jeunes adultes, clamait sur Instagram qu’il ne fallait pas avoir peur de la COVID, puisque les chrétiens sont invulnérables face à l’ennemi, et que même si les gens mouraient par milliers, les croyants en seraient de simples spectateurs.

Le mois suivant, The Remnant publiait cette fois «qu’il n’était pas nécessaire d’attendre le vaccin, que le remède existait déjà et c’est Jésus».

Des leaders religieux dénoncent

Président du Réseau évangélique du Québec et membre de la Table interreligieuse de concertation, Louis Bourque condamne la décision de Good News Chapel d’accueillir à nouveau les fidèles.

«Nous, ce qu’on dit, c’est qu’on collabore avec le gouvernement. Quand on n’a pas la permission, on ne l’a pas, alors on désapprouve leur action. On peut comprendre leurs bonnes intentions, mais ce n’est pas la bonne stratégie», résume-t-il.

Bien qu’il comprenne les frustrations que peuvent ressentir les églises, frustration qu’il ressent lui-même, il rappelle que les règles sont les mêmes pour tous.

Ces propos rejoignent ceux de Joseph Jr. Clorméus, pasteur évangélique et membre du Conseil des leaders religieux de Montréal-Nord.

«Je crois personnellement que les leaders religieux doivent s’intéresser tant à la santé spirituelle que physique de leurs membres […] dans un contexte où tous les pans de la société́ consentent à d’énormes sacrifices pour faire front commun contre la pandémie», ajoute-t-il.

Bien qu’il estime que les règles actuelles du gouvernement démontrent une méconnaissance du fonctionnement des lieux de culte, ce qui crée de la frustration, il souligne que cette défiance est inexcusable et est regrettable pour toute la communauté chrétienne.

Au bureau de la députée de Jeanne-Mance – Viger, Filomena Rotiroti, on indique prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à la situation.

Avec la collaboration de Lylou Nicastro

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