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Six mois de suspension pour un médecin dont la patiente est décédée

Photo: Archives Métro

Un ancien médecin de l’hôpital Santa-Cabrini a été suspendu six mois après avoir donné congé à une patiente diabétique dont le taux de glycémie était cinq fois supérieur à la normale. Faute de traitement adéquat, la femme est décédée.

C’est le Conseil de discipline du Collège des médecins qui a imposé la suspension au docteur Quang Hung Nguyen, estimant qu’il avait fait preuve d’«extrême négligence ». Une décision que portent toutefois en appel le docteur et son avocat.

La patiente en question s’est présentée avec des signes vitaux irréguliers à l’urgence de l’hôpital Santa Cabrini, le 23 décembre 2012, où le docteur Quang Hung Nguyen est alors en poste.

«[ Le Dr Nguyen n’a] pas questionné adéquatement la patiente, ni tenu compte des notes du personnel infirmier et ambulancier et d’avoir donné congé à la patiente avec une glycémie objectivée à 27,4 sans traitement adéquat», indique la décision du Conseil, précisant que le taux de glycémie normal est de 5.

«Le rapport du Coroner fait état d’un décès probablement évitable», peut-on lire plus bas.

Malgré le drame, l’absence de mesures disciplinaires dans la carrière du Dr Nguyen amène son avocat Marc Dufour à contester la sentence, à son avis trop longue pour ce genre de cas.

Le dossier devra être réévalué devant le Tribunal des professions.

Le Conseil de discipline fait toutefois remarquer qu’il «ne peut passer sous silence les nombreux avertissements reçus du Collège des médecins au cours des ans dont notamment le plus ancien qui date de 1989.»

Selon le Collège des médecins, le Dr Nguyen travaille maintenant dans une clinique de Saint-Henri à Montréal et au Groupe de médecine familiale (GMF) Blainville.

Pris de remords
Selon le Conseil de discipline, le Dr Nguyen a omis de respecté deux articles du Code de déontologie des médecins, selon lesquels un médecin doit «doit élaborer son diagnostic avec la plus grande attention», et «s’abstenir de faire des omissions, des manœuvres ou des actes intempestifs ou contraires aux données actuelles de la science médicale».

À sa défense, le docteur explique s’être «fié uniquement à l’indication du personnel infirmier qui faisait état d’un état grippal de la patiente sans demander d’autres documents aux ambulanciers et les notes de triage.»

Il aurait agi autrement s’il avait pris connaissance des autres éléments révélant l’état de santé alarmant de la patiente, dont le nom est protégé par une ordonnance de non-publication.

Trop vieux pour les urgences
Le docteur Nguyen a démissionné de son poste à l’urgence trois jours après les événements, «trop affecté par les évènements pour poursuivre ce genre de pratique, ayant notamment trop de remords et de regrets», selon la décision.

Plaidant coupable face à la plainte déposée devant le Conseil de discipline par une collègue, le Dr Nguyen, âgé de 61 ans lors des événements, affirme que sa forme physique et émotionnelle ne lui permettait plus de travailler à l’urgence.

Contacté par TC Media à ce sujet, le Collège des médecins explique que le processus de «surveillance des médecins» est bien plus efficace que par le passé.

«À différentes étapes on peut surveiller leur pratique. Avant, on effectuait des visites au hasard. Aujourd’hui, notre programme de surveillance est basé sur des facteurs de risque», assure Leslie Labranche, relationniste de presse au Collège des médecins. Au moyen d’un formulaire, le Collège des médecins s’enquiert des bonnes pratiques de ses membres médecins âgés de 70 ans et plus ou ayant plus de 35 ans de pratique.

«Les médecins ont le devoir d’adapter leur pratique médicale selon leurs capacités physiques et intellectuelles. Ce n’est pas une question d’âge mais bel et bien une question de connaître ses propres limites selon son état», ajoute Mme Labranche.

Le cas du Dr Nguyen ne fera donc pas l’objet d’un suivi particulier auprès des membres du Collège des médecins, les mécanismes de surveillance étant déjà en place.

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