«À nous la Malting!»
La volonté citoyenne d’utiliser le site de la Canada Malting à des fins communautaires se concrétise de plus en plus. Une cinquantaine de résidents du quartier Saint-Henri, rassemblés samedi en table de concertation, ont décidé de mettre sur pied un collectif dédié à l’avenir de l’usine abandonnée.
La décision a été prise lors d’un atelier d’échange d’idées organisé par Solidarité Saint-Henri (SSH). «L’objectif était de discuter avec les gens afin qu’ils puissent se mobiliser et créer quelque chose de concret dans le long terme», explique la coordonnatrice, Shannon Franssen.
Située aux abords du canal de Lachine sur la rue Saint-Ambroise, la Canada Malting est convoitée par le privé depuis plusieurs années. SSH a réussi à stopper un projet de 600 condominiums de luxe sur son territoire en 2013, mais craint que d’autres promoteurs immobiliers tentent de s’emparer de la première usine de malt du pays.
«Le plus grand défi sera de déterminer comment nous financerons nos projets, mais avant même de faire ça, nous devons lancer un message clair aux décideurs que nous ne voulons rien savoir des condos, dit Mme Franssen. Le tout doit revenir à la communauté et ça passe par des propositions concrètes.»
Premier pas
Les projets devraient s’articuler autour de quatre grands thèmes: logement, emploi, patrimoine et services de proximité.
«Il faut préserver le caractère industriel de la Malting, un élément qui disparaît de plus en plus du quartier», avance le porte-parole de l’équipe patrimoine, Fred Burrill.
L’idée de faire travailler des résidents sur la restauration du site contaminé a entre autres été lancée. L’importance de services alimentaires abordables et contrer la gentrification seront aussi une priorité.
«Il y a eu de super bonnes idées, samedi. On n’est pas encore assez renseignés, mais c’est à ça que servira le comité», précise la participante, Annabelle Daoust.
Déjà vu
Le maire de l’arrondissement Sud-Ouest, Benoit Dorais, avait dit en 2013 que tous les projets communautaires sur le site de la Malting avaient été refusés parce qu’ils coûtaient trop cher. «La seule stratégie qui reste est le développement privé», avait-il affirmé.
Ce n’est pas ce que croit la chargée de projets au développement du bâtiment 7, une partie des anciens ateliers du CN à Pointe-Saint-Charles, Judith Cayer, présente à la session d’atelier.
«Il y a toujours des façons d’envisager le développement communautaire, croit-elle. Plusieurs bailleurs de fonds nous ont refusé et nous ont dit que ça ne fonctionnerait pas.»
Le bâtiment 7, voué à devenir un casino en 2009, abritera un magasin communautaire, une microbrasserie et des ateliers pour s’initier au travail du bois et du métal en 2018. Mme Cayer et son équipe ont également bénéficié d’une subvention d’un million de dollars pour financer des travaux de restauration.
Shannon Franssen souhaite voir un dénouement semblable pour la Canada Malting.