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Chez Paul: une parcelle d’histoire qui s’efface à Pointe-Saint-Charles

Photo: (Photo: TC Media - Patrick Sicotte)

Après 62 ans à desservir les résidents de Pointe-Saint-Charles, la cantine Chez Paul, sur la rue du Centre, cédera sa place à un nouveau projet immobilier. Le spécialiste du steamé cessera ses activités le 2 septembre, suscitant beaucoup de frustration chez ses nombreux habitués.

«C’est de l’histoire qui s’en va», mentionne un des clients en file pour savourer un de ses derniers hot-dog vapeur avant la fermeture imminente. Résident de la Pointe depuis 50 ans, il venait pratiquement tous les jours depuis les vingt dernières années.

«Ils veulent nous chasser d’ici. On nous enlève tout, ce n’est même plus surprenant», s’insurge Lyne Rail, une autre habituée de l’endroit depuis 12 ans.

Le propriétaire du commerce Michel Lapierre a annoncé officiellement la mauvaise nouvelle à sa fidèle clientèle la semaine dernière. Depuis les années 1980, ses beaux-parents étaient propriétaires du 2425 rue du Centre. À la suite du décès de son mari et de sa fille, la belle-mère de M. Lapierre a décidé de vendre l’immeuble en novembre.

(Photo: TC Media – Patrick Sicotte)

Le nouvel acquéreur, Benjamin Papineau, a décidé de ne pas renouveler le bail du restaurant. «Nous allons rénover la bâtisse afin de la revendre à l’automne, probablement à quelqu’un qui veut y emménager des bureaux. Dans le stationnement d’à côté, nous allons construire un immeuble locatif de trois étages, afin de desservir la population qui n’a pas les moyens de s’acheter des condos», précise-t-il.

L’homme de 57 ans avait espéré une meilleure fin pour ce commerce familial, qui a été fondé en 1955 par l’oncle de sa femme, Paul Gauthier. Après 34 ans à travailler six jours par semaine, il prévoyait encore continuer une ou deux années, puis vendre afin que l’entreprise continue entre de bonnes mains.

Ce père de deux enfants ne souhaitait toutefois pas que le restaurant reste dans la famille. «Un esclave dans la famille c’est assez», ricane-t-il, soulignant qu’il est très heureux que sa fille soit infirmière et que son fils soit dans le domaine de la construction.

Historique
Michel Lapierre a commencé à travailler Chez Paul en 1983. À l’époque, c’est son beau-père, le frère du fondateur, qui lui a enseigné les rudiments du métier. Il avait fait l’acquisition du restaurant après que Paul Gauthier, victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC), ait dû jeter l’éponge, à défaut de pouvoir s’en occuper.

Grâce aux enseignements de son beau-père, Michel Lapierre a vite repris les rênes du restaurant, poursuivant la tradition de vendre uniquement des hot-dogs vapeur et des frites. Il a toutefois ajouté une touche personnelle en insérant la poutine au menu il y a vingt-cinq ans, ce qui a fait fureur auprès de ses clients.

(Photo: TC Media – Patrick Sicotte)

«Tout est pareil depuis 60 ans. C’est la même moutarde, la même recette de salade de chou, la même méthode pour les patates frites et les steamés, rien n’a changé», souligne-t-il. Cette tradition se terminera dans moins de deux semaines.

Plusieurs clients ont fait part de leur désir de voir le restaurant ouvrir ailleurs, mais M. Lapierre n’exaucera pas leur souhait. Il considère prendre un repos bien mérité au cours des prochains mois et voir ce que la vie lui réservera par la suite.

Ce qui est sûr, c’est que ce résident de Pointe-Saint-Charles, qui a emménagé dans le quartier par amour en 1980, compte y rester.

«Je vais mourir dans la Pointe, c’est certain», conclu M. Lapierre.

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