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Jeunes parents contre l’isolement

Alexandra Boissonneault, enceinte de Aline, s’occupe du petit Laurent
Alexandra Boissonneault, enceinte de Aline, s’occupe du petit Laurent Photo: Alexandra Boissonneault/Gracieuseté

Isolement, télétravail, surmenage : la pandémie a chamboulé la vie de Gabriel, Alexandra et Julie, trois jeunes parents de Villeray qui se sont confiés à Metro. Si la crise est loin d’être facile à gérer, chacun peut compter sur des ressources dans le quartier pour braver la tempête.

Gabriel Fortin a vu son quotidien changer du tout au tout en mars 2020. L’atteinte d’un équilibre familial s’est soudainement transformée en défi de taille au printemps, alors qu’il travaillait de la maison aux côtés de sa femme enceinte et de ses deux jeunes enfants, libres comme l’air. Florence avait alors 3 ans et la petite Léa, 1 an et demi. «On essayait de se relayer avec les enfants. Ce n’était pas toujours facile de leur faire comprendre qu’ils ne pouvaient plus jouer avec leurs amis, mais au moins, ils étaient ensemble. Je n’imagine pas ce que c’était pour les enfants seuls», affirme l’enseignant de 32 ans.

Julie Trolès, mère de Jaïnalem 3 ans et Yaëlann 4 mois, s’est retrouvée dans cette situation. Elle se rappelle d’un premier confinement douloureux : «j’étais enceinte de déjà quelques mois et en arrêt de travail forcé. J’ai vécu beaucoup d’isolement et de stress, ma petite pleurait puisqu’elle ne pouvait plus voir personne. C’est difficile s’improviser éducatrice du jour au lendemain».

Isolement

«Des familles éprouvent beaucoup de difficulté à vivre seule, l’arrivée d’un nouvel enfant, sans soutien, sans pauses, sans moyen de ventiler», affirme Estelle Huard, directrice générale d’Espace Famille Villeray. L’organisme vient en aide aux jeunes parents depuis plus de trente ans dans le quartier.

En raison de la distanciation, l’entraide est devenue beaucoup plus difficile.

«Notre communauté est tissée très serrée. Le fait de ne plus pouvoir échanger autant, c’est dur pour beaucoup de gens», affirme Léa Mauchamp, qui s’occupe du service aux membres pour Espace Famille. Conscient des besoins actuels criants, l’organisme tente activement d’adapter son approche aux contraintes du confinement.

«C’est dur puisqu’après mon accouchement, on n’a pas eu droit à plusieurs moments précieux. Comme parent on est fier de présenter nos petits nouveaux à la famille et aux amis. On aurait été bruncher, plein de gens auraient pris nos enfants dans leurs bras», regrette Alexandra Boissonneault, mère de Laurent 20 mois et Aline, 1 mois.

«J’aimerais partager ces moments avec les mères d’Espace Famille avec qui je discutais dans les ateliers. En ce moment, on communique à distance, mais ce n’est pas toujours évident quand il faut surveiller les enfants à la maison. On fait tous de notre mieux. Il faut continuer de sortir et bouger en attendant», confie Mme Trolès.

Devant l’impossibilité de se rassembler, Espace Famille Villeray place entre autres des appels à sa clientèle et a développé une messagerie directe via l’outil WhatsApp pour ses membres. Ces derniers ont également un accès occasionnel au service de relevailles qui remplace temporairement la halte-garderie.

Répit

«C’est particulièrement vrai en ce moment, il ne faut pas oublier de se garder une petite bulle pour soi lorsqu’on est parent»,  affirme Estelle Huard. Son organisme suggère une coparentalité impliquée dans la situation actuelle pour favoriser le bien-être des jeunes pères et mères. Un conseil qu’applique Gabriel Fortin :

«Nous on s’accorde des petits moments de répit chacun. Parfois, il s’agit juste d’un petit 20 minutes. Il faut réussir à prendre du temps pour soi», affirme-t-il.

En attendant le retour à la normale, les jeunes parents tiennent bon. Dans les parcs et sur les trottoirs du quartier, ils prennent l’air et rêvent un peu au jour où ils se retrouveront à l’Espace Famille Villeray.

Gabriel Fortin prend une marche avec Florence sur ses épaules, et Léa
Gabriel Fortin prend une marche avec Florence sur ses épaules, et Léa

Un support inconditionnel

Espace Famille Villeray, qui soutient depuis 30 ans les jeunes parents, a traversé l’année 2020 en innovant constamment. Avec des besoins plus criants que jamais, les familles ont pu compter sur l’organisme qui a su adapter son offre aux contraintes de la pandémie.

Le service de relevailles s’est illustré en temps de confinement alors qu’il n’y avait plus de halte-garderie. «En temps normal, les parents pouvaient venir dans nos locaux et souffler quelque temps pendant que nous nous occupions des petits. Ce service vise à épauler à domicile les familles qui se retrouvent dans une situation anxiogène», affirme Estelle Huard, directrice générale de l’organisme.

Pour ce faire, des accompagnantes vont à la rencontre des jeunes parents afin de leur offrir un soutien qui peut prendre plusieurs formes. «J’étais en fin de grossesse et assez fatiguée. Une accompagnante est venue chercher mon petit Laurent pour aller jouer au parc. Ça m’a donné un peu de répit, j’étais enchantée», affirme Alexandra Boissonneault.

Services en ligne

«La pandémie, ça nous a forcés à trouver des solutions pour continuer à remplir notre mission. La socialisation, qui est notre objectif le plus important, se déroule à présent majoritairement en ligne», affirme Léa Mauchamp, agente de services aux membres.

Outre les appels téléphoniques, des conférences et des activités de groupe sont offertes en ligne afin de contrer l’isolement des jeunes parents. Que ce soit pour une conversation entre mères ou un atelier animé par un expert, une panoplie d’opportunités sont à la disposition des membres. «On veut tenter de créer une intimité relative entre les parents. Pour plusieurs, on est un peu une seconde famille», poursuit Mme. Huard.

Depuis peu, les nouveaux pères et mères ont accès à un outil de messagerie directe sur WhatsApp qui vient s’ajouter aux salons de discussion sur Facebook. L’organisation assure que plusieurs autres projets sont à venir.

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