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Villeray a de plus en plus faim

Le comptoir alimentaire de Villeray distribue de la nourriture 4 fois par mois. Photo: Isabelle Bergeron

Population à faible revenu, loyers en augmentation, la pauvreté dans Villeray amène chaque semaine de nombreuses familles, parfois plus d’une centaine, au comptoir alimentaire. Malgré ses tablettes remplies de cannages, pains, fruits et légumes, nombreuses sont celles qui en repartent bredouilles.

Le mois dernier, alors que le temps des Fêtes approche, la situation était particulièrement critique. «Les deux derniers jeudis ont été dramatiques. On pouvait en donner pour 80 ménages, mais on avait eu au-dessus de 130 inscriptions», regrette Carole Mayer, intervenante pour la Corporation de développement communautaire Solidarités Villeray.

Selon Mme Mayer, le comptoir est incapable de répondre à la demande un jeudi sur deux.

«Chaque semaine, des dizaines de nouvelles personnes s’inscrivent au comptoir du dépannage alimentaire», indique-t-elle. Il y a tout de même un bon roulement du côté des usagers, selon celle qui est engagée dans le quartier depuis 19 ans.

Les personnes qui n’ont pu avoir leurs denrées sont référées chaque semaine vers d’autres organismes pour tenter de combler leur faim.

Grand besoin à Villeray
La majorité des gens qui fréquentent le comptoir sont sur l’aide sociale, en attente de revenus, des nouveaux arrivants qui n’ont pas de revenu, des travailleurs à temps plein au salaire minimum et beaucoup de personnes seules.

«Ceux qui ont un salaire de base de 616 dollars par mois, une fois qu’ils ont payé leur loyer, il ne leur reste plus grand-chose», regrette-t-elle. Mme Mayer dit constater sur le terrain les effets des «mesures d’austérité» du gouvernement.

Selon Mme Mayer, les gens qui fréquentent le comptoir paient plus de 61% de leur revenu pour se loger.

Se déplacer et se nourrir devient alors secondaire. Le comptoir alimentaire, situé à la Paroisse Notre-Dame du Rosaire, est accessible à pied pour la plupart de ses usagers.

Bien que beaucoup de quartiers montréalais connaissent des problèmes de sécurité alimentaire, les récents développements dans Villeray, comme dans Parc-Extension, a mené à une hausse des besoins.

«À l’instar d’autres quartiers centraux montréalais, Villeray et Parc-Extension vivent un processus de transformation accéléré par des projets immobiliers de type résidentiel et institutionnel qui changent leur environnement urbain et leur composition sociodémographique», peut-on lire dans l’analyse territoriale 2012 par Centraide.

Selon le même document, Saint-Michel et Villeray regroupent plus de personnes à faible revenu (15 483 et 15 087 respectivement) que Parc-Extension, qui en compte 12 526.

Grande concentration d’organismes dans le quartier
La table de concertation en sécurité alimentaire de Villeray regroupe chaque semaine tous les dons faits aux organismes qu’elle chapeaute pour offrir les services de comptoir de dépannage alimentaire.

La table de concertation Villeray compose avec 17 000$ par année en plus des dons reçus par Moisson Montréal.

Tous les efforts sont concentrés dans le service du comptoir alimentaire, en plus des initiatives d’autres organismes qui œuvrent en sécurité alimentaire.

Par exemple, la Maison de quartier Villeray offre des activités de cuisine collective avec les dons qu’elle reçoit aussi de Moisson Montréal. Le projet Villeray dans l’est tente de rejoindre les personnes à l’est de Papineau, à l’écart de tous les organismes qui se trouvent à Villeray.

Villeray compte 20 des organismes que nourrit Moisson Montréal, soit 9,2% de tous ceux qui s’approvisionnent auprès du centre de don montréalais.

Selon le Bilan-Faim 2015, 146 230 personnes, dont 33 860 enfants (23% des bénéficiaires), reçoivent une aide alimentaire chaque mois, par l’entremise des organismes montréalais.

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