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Célébrations arc-en-ciel en Inde pour la dépénalisation de l’homosexualité

Photo: AP

Comme sortis d’un film de Bollywood, une vingtaine d’employés parés de foulards multicolores exécutent une chorégraphie élaborée dans le hall de l’un des hôtels les plus chics de Delhi, fêtant la dépénalisation de l’homosexualité en Inde.

Delhi, Bombay, Bangalore, Chennai… Le drapeau arc-en-ciel est de sortie jeudi dans plusieurs grandes villes de ce pays d’Asie du Sud où de petits groupes LGBT célèbrent la décision de la Cour suprême d’invalider un article de loi datant de la colonisation britannique.

Au Lalit Hotel de la capitale, les salariés se déhanchent au rythme du hit «Scream & Shout» de will.i.am. Le bouchon de champagne saute pour agrémenter un grand gâteau au chocolat décoré d’un marteau comestible aux couleurs de la Gay Pride.

Le directeur des lieux Keshav Suri fait son entrée sous les applaudissements. Il embrasse sur la joue son mari français, épousé en juin à Paris.
Activiste gay de premier plan en Inde, Keshav Suri a instauré une politique sociale protectrice pour ses employés homosexuels. Il était aussi l’un des plaignants contestant la pénalisation de l’homosexualité devant la Cour suprême, qui lui a donné raison.

«C’est le moment de célébrer. C’est le moment de sortir du placard», lance l’homme d’affaires, également fondateur d’une chaîne de discothèques réputées pour leurs soirées gays branchées.

À ses yeux, le jugement de jeudi n’est que la première marche du combat de la communauté LGBT en Inde pour la reconnaissance et l’égalité des droits des homosexuels.

«Il reste encore beaucoup à faire à propos des questions d’héritage, de mariage, d’assurance (…) mais nous nous en approchons lentement», dit-il.

Coming-out télévisé
L’heure est à l’émotion et à la liesse en fin de matinée pour la minorité LGBT au moment de la lecture du jugement par la plus haute instance judiciaire de cette nation de 1,25 milliard d’habitants.

Nombre de militants se sont rassemblés en petits comités devant la télévision. Ils laissent éclater leur joie avant même que les magistrats de la Cour suprême aient fini de parler.

Devant le bâtiment de la Cour suprême à Delhi, les larmes coulent à profusion, des amis s’étreignent. Une jeune femme a séché les cours et fait son coming out à sa famille face à la nuée de caméras de télévisions présentes.

Cette dépénalisation de l’homosexualité intervient au terme d’un périple judiciaire aux multiples rebondissements et étalé sur près de vingt ans.

Malgré l’interdiction, les poursuites pour homosexualité étaient rarissimes en Inde. Les juges ont estimé que la disposition pénale concernée «était devenue une arme de harcèlement contre la communauté LGBT».

Dans les faits, la vie quotidienne pour la communauté LGBT risque de peu changer tant l’homosexualité reste un stigmate dans la société indienne, aux valeurs profondément conservatrices.

À Chennai, grande ville du sud du pays, des activistes ont distribué des chocolats pour fêter leur victoire. Dans la capitale économique Bombay, le tout-Bollywood a applaudi la décision.

«Décriminaliser l’homosexualité et abolir l’article 377 est un grand coup de pouce à l’humanité et l’égalité des droits! Le pays respire à nouveau!», s’est réjoui sur Twitter le réalisateur Karan Johar.

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