Les républicains gardent le Sénat, les démocrates prennent la Chambre
Les démocrates ont engrangé mardi soir une victoire précieuse dans les élections de mi-mandat en prenant le contrôle partiel du Congrès, mais la «vague» anti-Trump un temps annoncée n’a pas eu lieu.
Deux ans après la victoire choc de Donald Trump, propulsé à la Maison Blanche sans la moindre expérience politique ou diplomatique, les Américains se sont pressés en nombre dans les bureaux de vote à travers le pays.
Selon les estimations des chaînes américaines, les démocrates ont repris le contrôle de la Chambre des représentants pour la première fois depuis 2010. Les républicains, de leur côté, ont conservé leur majorité au Sénat, qu’il pourraient même accroître d’un ou deux sièges.
Les démocrates ont arraché plusieurs sièges aux républicains en Floride, dans le Colorado, le Kansas, le New Jersey, en Pennsylvanie et en Virginie.
Les États-Unis se retrouveront donc, en janvier 2019, avec un 116e Congrès divisé, ce qui devrait limiter la marge de manoeuvre du 45e président des États-Unis, jusqu’aux prochaines élections, législatives et présidentielle, prévues en novembre 2020. Les élections de mi-mandat sont traditionnellement délicates pour le président en place. Mais la perte de la Chambre, en dépit des excellents chiffres de l’économie américaine, reste un revers pour le magnat de l’immobilier tant il avait fait de ce rendez-vous un véritable référendum sur sa personne.
La chef des démocrates à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a promis mardi un nouvel équilibre des pouvoirs aux États-Unis, déclarant que les Américains “en ont assez des divisions”. “Un Congrès démocrate va oeuvrer à des solutions qui nous rassemblent, car nous en avons tous assez des divisions”, a déclaré Mme Pelosi, en annonçant la “restauration des pouvoirs et contrepouvoirs constitutionnels”.
Le président américain Donald Trump a revendiqué mardi soir un «immense succès» électoral et remercié ses partisans qui ont permis aux républicains de conserver la majorité au Sénat, même si les démocrates ont pris le contrôle de la Chambre des représentants. «Immense succès ce soir. Merci à tous!», a tweeté le président, qui s’est pleinement investi dans la campagne de ces élections législatives largement considérées comme un référendum sur sa personne.
Le sénateur du Texas Ted Cruz a été réélu, tout comme l’ex-candidat conservateur à la présidentielle américaine, Mitt Romney. Ce dernier signe un retour en politique qui lui offre une place de choix à Washington pour critiquer le président républicain Donald Trump, avec qui il a déjà croisé le fer.
En milieu de soirée, la porte-parole de la Maison Blanche a exprimé une forme d’optimisme. «À ce stade, nous sommes satisfaits, mais la nuit est encore longue», a déclaré Sarah Sanders sur Fox News. La totalité de la Chambre des représentants (435 élus), sera renouvelée ainsi qu’un tiers du Sénat (35 sièges sur 100) mais aussi 36 des 50 gouverneurs du pays.
La carte électorale sénatoriale jouait, cette année, en faveur des républicains: le renouvellement par tiers concernait cette année des États majoritairement conservateurs. Le nombre de votants n’est pas centralisé par une autorité électorale unique aux États-Unis, mais au Texas, à New York ou dans le Maryland, électeurs et scrutateurs interrogés par l’AFP semblaient surpris par l’affluence. À l’Université d’Irvine, 60 km au sud de Los Angeles, les électeurs se pressaient en nombre.
John Savarese, étudiant en psychologie de 26 ans, a grandi à Fullerton, une ville d’Orange County réputée pour être très conservatrice. Mais il a voté démocrate. Ses parents sont des républicains convaincus, il est fiancé à une jeune fille d’origine mexicaine, Américaine de première génération: «Quand je vois les difficultés que sa famille endure en ce moment, je ne pouvais pas ne pas voter», explique-t-il à l’AFP.
Nicky Davidson, étudiante en biologie, 20 ans, a elle voté républicain au nom de ses «croyances chrétiennes» notamment. Donald Trump «n’est pas un président classique mais ce n’est pas une raison pour ne pas le soutenir», explique-t-elle. «Il fait les choses différemment, et c’est ça dont nous avons besoin».
«Le sujet central des élections c’est Trump, Trump, Trump», résume Cliff Young, de l’institut Ipsos aux États». «C’est particulièrement vrai pour les démocrates, pour lesquels il s’agit d’un référendum contre lui». Au moins 38 millions d’électeurs ont voté en avance, en personne ou par courrier, soit 40% de plus qu’en 2014, selon les chiffres compilés par le professeur Michael McDonald à l’université de Floride.
De nombreux États le permettent des semaines avant le jour J. Dans certains Etats très disputés, comme le Texas, le Nevada et l’Arizona, le nombre de bulletins enregistrés avant mardi dépassait de toute façon le total de 2014. «Je serai abasourdi si nous perdons la Chambre», avait lancé dans la journée l’ancien vice-président Joe Biden, jugeant qu’une victoire au Sénat était aussi à portée de main. Donald Trump, qui était cloîtré mardi à la Maison Blanche, a fait campagne jusqu’au dernier moment, enchaînant les rassemblements «Make America Great Again».
«Il se passe quelque chose et cela me rappelle l’atmosphère d’il y a deux ans», a-t-il lancé, lors de son ultime meeting, à Cap-Girardeau dans le Missouri lundi soir. Reprenant l’argument de campagne du président, James Gerlock, 27 ans, a voté républicain à Chicago car il «adore la déréglementation» en cours. «Je suis extrêmement satisfait de l’économie».
Le magnat de l’immobilier, qui avait commencé sa campagne présidentielle en traitant les immigrés mexicains de «violeurs», a de nouveau opté cette année pour un message anxiogène sur l’immigration. «C’est une invasion», martèle-t-il depuis plusieurs semaines à propos des migrants d’Amérique centrale qui traversent actuellement, en groupe, le Mexique vers la frontière américaine.
Les démocrates ont fait campagne sur la défense du système de santé. Mais ils pariaient aussi sur le rejet de Donald Trump, qu’ils sont nombreux à qualifier ouvertement de menteur et de catalyseur des violences racistes et antisémites récentes.