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Des milliers de «gilets jaunes» manifestent en France

A protester wearing a yellow vest (gilet jaune) holds a bunch of flowers as he runs through smoke of tear gas during a demonstration against rising costs of living they blame on high taxes on the Champs-Elysees avenue in Paris, on December 15, 2018. - The "Yellow Vests" (Gilets Jaunes) movement in France originally started as a protest about planned fuel hikes but has morphed into a mass protest against President's policies and top-down style of governing. (Photo by Abdul ABEISSA / AFP) Photo: AFP

Près de 50 000 gilets jaunes ont défilé samedi en France pour leur huitième journée d’action, marquée par des heurts avec les forces de l’ordre et l’évacuation du porte-parole du gouvernement après une intrusion violente dans la cour du ministère.

«Une fois encore, une extrême violence est venue attaquer la République – ses gardiens, ses représentants, ses symboles (…). Chacun doit se ressaisir pour faire advenir le débat et le dialogue», a réagi Emmanuel Macron sur Twitter.

Les gilets jaunes ont réussi leur pari, en mobilisant pour cet «acte VIII» hebdomadaire bien plus que les 32 000 manifestants du 29 décembre, même si le ministre de l’Intérieur a assuré que ce mouvement n’était «pas représentatif de la France».

Il a lui aussi condamné les heurts qui ont émaillé cette journée, tout en reconnaissant que la plupart des manifestations «se sont bien passées». Il a, en particulier, dénoncé des attaques de mairies, d’institutions, et de gendarmeries, ainsi que «des journalistes et des journaux (…) malmenés». 

A Paris, alors que le défilé parisien s’était déroulé dans le calme dans la matinée – environ 4 000 participants dans l’après-midi-, des heurts ont éclaté dans plusieurs quartiers, notamment sur les quais de Seine.

Un feu s’est déclaré dans une péniche-restaurant amarrée près du musée d’Orsay. Plusieurs scooters, une voiture, des poubelles ont été incendiés sur le boulevard Saint-Germain, quartier huppé du centre prisé des touristes, où des barricades de fortune ont été érigées, selon des journalistes de l’AFP. 

«Mettre le feu comme ça, c’est pas possible. C’est l’apocalypse», a commenté une passante auprès de l’AFP, s’inquiétant de «l’image de la France dans le monde».

En milieu d’après-midi, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a été évacué de ses bureaux après une intrusion de gilets jaunes avec un engin de chantier dans la cour du ministère, située non loin de ceux du Premier ministre. 

«Il y avait des gilets jaunes, des gens habillés en noir (…) qui ont pris un engin de chantier qui était dans la rue, et qui ont défoncé la porte du ministère (…) et cassé deux voitures«, a affirmé M. Griveaux à l’AFP.

«Ce n’est pas moi qui suis visé, c’est la République», par «ceux qui souhaitent l’insurrection, renverser le gouvernement», mais «la République tient debout», a-t-il encore déclaré.

«Changer le système»

A Nantes (ouest), la manifestation, qui a rassemblé au moins 2 000 personnes, a aussi dégénéré, avec des heurts et des tirs de grenades, a constaté un photographe de l’AFP. Au moins une personne a été blessée.

A Rouen (nord-ouest), ils étaient 2 000, selon la police. Des jets de pavés ont entraîné la réplique des forces de l’ordre qui ont tiré des grenades lacrymogènes ainsi que des balles de lanceurs de balles de défense (LBD), atteignant un manifestant à l’arrière de la tête, a constaté un correspondant de l’AFP.

A Montpellier (sud-est), quatre membres des forces de l’ordre ont été légèrement blessés à la suite de jets de pierres et de bouteilles de «gilets jaunes», selon les autorités régionales.

Le mouvement des «gilets jaunes» regroupe des Français issus des classes populaires et moyennes qui dénoncent depuis le 17 novembre la politique fiscale et sociale du gouvernement, qu’ils jugent injuste, et réclament également plus de pouvoir d’achat. Cette forme inédite de mobilisation citoyenne se traduit notamment par l’occupation de ronds-points à travers la France, et une journée d’action chaque samedi.

Ces Français des fins de mois difficiles sont restés insensibles aux concessions annoncées par le président Emmanuel Macron (annulation pour 2019 de la hausse de la fiscalité des carburants, mesures pour améliorer le pouvoir d’achat pour un coût évalué à 10 milliards d’euros, débat national qui doit s’ouvrir à la mi-janvier pour faire émerger des revendications).

Avec une mobilisation en hausse par rapport à samedi dernier, Bordeaux et Toulouse (sud-ouest) s’imposaient parmi les principaux bastions du mouvement.

Précédés d’une banderole proclamant «Unis, le changement est possible», quelque 4 600 «gilets jaunes» défilaient à Bordeaux dans le calme, alors que ces rassemblements s’y sont toujours terminés jusqu’à présent par des heurts avec les forces de l’ordre à la tombée de la nuit. A Toulouse, ils étaient 2 000, contre 1 350 samedi dernier. 

Des milliers de «gilets jaunes» ont aussi bloqué dans les deux sens l’autoroute A7 qui traverse la ville de Lyon (centre-est), créant des bouchons en ce jour de retour des vacances de Noël, selon des journalistes de l’AFP. «Nous, on est là pour changer le système, donc tant qu’il n’y a rien qui change on va continuer à être là, on n’a pas de raison de rentrer», a déclaré à l’AFP Walter, étudiant de 23 ans.

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