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Trump prive l’Inde et la Turquie d’accords commerciaux préférentiels

Le président américain Donald Trump. Photo: Carolyn Kaster/AP
Rédaction - Agence France-Presse

L’administration américaine a ouvert lundi deux nouveaux fronts commerciaux en annonçant qu’elle souhaitait priver l’Inde et la Turquie de leur statut privilégié, s’attirant les critiques d’Ankara tandis que New Delhi minimisait la portée de cette décision.

Les États-Unis vont mettre fin à des accords commerciaux préférentiels avec l’Inde et la Turquie, deux pays déjà dans le viseur de la Maison Blanche depuis plusieurs mois, car ils «ne respectent plus les critères» leur permettant de bénéficier de ce programme, a annoncé le gouvernement américain. 

«A la demande du président Donald Trump, le représentant américain au Commerce a annoncé (lundi) que les États-Unis comptaient mettre fin au statut accordé à l’Inde et la Turquie de pays en développement bénéficiant du SGP», ou Système généralisé de préférences, a écrit dans un communiqué le bureau du représentant américain au Commerce (USTR).

Ce programme permet à des pays en développement de faire entrer sur le sol américain certains produits sans barrière douanière s’ils respectent des critères établis par les États-Unis, notamment la lutte contre le travail des enfants, certains droits des travailleurs reconnus à l’échelle internationale, le respect de la propriété intellectuelle, et un accès équitable et raisonnable des États-Unis à leur marché, a expliqué l’USTR.

Concernant l’Inde, l’USTR a mis en avant l’absence d’assurances suffisantes pour permettre aux États-Unis un accès «équitable et raisonnable à son marché dans de nombreux secteurs».

Lors de l’annonce de l’examen de l’éligibilité de l’Inde au programme SGP en avril 2018, l’USTR avait fustigé les barrières commerciales qu’imposait l’Inde dans les industries laitières et médicales, causant selon lui du tort aux exportations américaines.

Guerre commerciale

La Turquie a vu en revanche son statut remis en cause officiellement en raison de son niveau de développement économique qui ne la rend plus éligible à un accès préférentiel au marché américain, réservé aux pays en développement.

«Durant les quatre décennies et demie où la Turquie a bénéficié du statut de SGP pour les pays développés, l’économie turque s’est développée et diversifiée», a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué, citant notamment la hausse du niveau de revenu par habitant dans le pays et la baisse du taux de pauvreté comme «preuves».

En août toutefois, l’USTR avait lancé un examen de l’éligibilité de la Turquie au programme SGP, citant l’imposition par Ankara de taxes douanières supplémentaires sur l’équivalent de 1,78 milliard de dollars de produits en provenance des États-Unis, en réaction à des taxes américaines punitives sur l’acier et l’aluminium.

Les États-Unis ont importé 1,66 milliard de dollars de produits turcs via le programme SGP en 2017, soit 17,7% du total des importations américaines en provenance de ce pays, principalement des véhicules, des composants automobiles, et des métaux précieux, affirme l’USTR sur son site internet.

En réaction, la ministre turque du Commerce Ruhsar Pekcan a jugé mardi sur Twitter que la décision de Washington était en contradiction avec l’objectif affiché par les deux pays d’augmenter leurs échanges vers l’objectif de «75 milliards de dollars» (…) et aura en outre un impact négatif sur les petites et moyennes entreprises américaines».

De son côté, le secrétaire au Commerce indien, Anup Wadhawan, a estimé, cité par l’agence de presse locale PTI, que «le retrait du SGP n’aura pas d’impact significatif sur les exportations de l’Inde vers les États-Unis».

Les exportations annuelles de l’Inde vers les États-Unis s’élèvent à près de 80 milliards de dollars, mais celles couvertes par le SGP ne représentent que 5,6 milliards de dollars, a-t-il argumenté.

Bien que l’Inde soit le principal bénéficiaire du système, M. Wadhawan a précisé que son avantage tarifaire n’était que de 190 millions de dollars par an.

L’annonce de l’administration américaine semble confirmer la stratégie du président Trump de négocier durement dans le domaine du commerce avec ses partenaires, à l’image du bras de fer imposé à la Chine depuis de nombreux mois, sur le point d’aboutir à une détente d’après la presse américaine. 

La sortie de l’Inde et de la Turquie du statut préférentiel américain ne prendra effet qu’au moins 60 jours après la notification adressée au Congrès américain ainsi qu’aux gouvernements indien et turc, a précisé l’USTR.

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