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Russie: l’arrêt des vols avec la Géorgie menace de saper le tourisme

Photo: Archives/Métro
Anna Smolchenko et Irakli Metreveli - Agence France-Presse

Professionnels du tourisme et voyageurs russes risquent de subir de plein fouet la décision de Moscou d’interdire aux compagnies russes et géorgiennes d’effectuer des vols entre les deux pays, des mesures jugées politiques après des manifestations hostiles à la Russie.

Au lendemain d’un décret du président Vladimir Poutine interdisant à partir du 8 juillet les vols d’avions russes vers la Géorgie, le ministère russe des Transports a annoncé samedi que les vols des compagnies géorgiennes vers la Russie seraient également suspendus à partir de cette date.

Ces mesures interviennent après des manifestations contre le pouvoir jugé pro-russe à Tbilissi, la capitale de cette ex-république soviétique. Les protestations, qui ont rassemblé des milliers de personnes, avaient été déclenchées jeudi par le discours polémique d’un député russe au Parlement géorgien.

Samedi soir, ce mouvement est entré dans son troisième jour. La foule était toutefois moins dense : environ 3000 personnes, selon un journaliste de l’AFP, ont défilé dans le centre de la capitale géorgienne, en entonnant pour certaines des chants hostiles à Vladimir Poutine. Elles demandaient la libération des manifestants arrêtés et la démission du ministre de l’Intérieur.

Selon le Kremlin, l’interdiction des vols entre les deux pays vise à «protéger les ressortissants russes d’actes criminels». Les autorités ont recommandé aux tours opérateurs de cesser leurs offres vers la Géorgie.

Destination prisée
Le ministère des Transports a justifié cette suspension par «la nécessité d’assurer un niveau suffisant de sécurité aérienne» et par le non-paiement par les avionneurs géorgiens de près de 800 000 dollars «d’arriérés» à l’entreprise russe chargée de la règlementation des vols.

Ces interdictions devraient frapper durement les industries touristiques des deux pays. Selon l’Union russe du tourisme, les Russes étaient en 2018 au troisième rang des visiteurs les plus nombreux en Géorgie, soit 1,7 million de personnes.

«Le tourisme vers la Géorgie est en essor et cette décision a choqué tout le secteur», a affirmé Aleksan Mkrtchian, directeur d’une chaîne d’agences de voyage.

Les tensions restent fortes entre Tbilissi et Moscou, qui se sont affrontés lors d’une guerre courte mais sanglante en 2008. L’armée russe était alors intervenue sur le territoire géorgien pour soutenir la petite Ossétie du Sud, région séparatiste prorusse, où Tbilissi avait lancé une opération militaire.

Depuis, l’Ossétie du Sud et une autre république prorusse, l’Abkhazie, comptent des troupes russes sur leur territoire.

Grâce à ses paysages naturels, ses traditions culinaires mais aussi sa proximité et la possibilité de s’y rendre sans visa, la Géorgie reste néanmoins une destination privilégiée des Russes.

Pour Irina Tiourina, porte-parole de l’Union russe du tourisme, la sécurité des voyageurs russes reste garantie en Géorgie: «Par tradition, les Géorgiens traitent bien les Russes», a-t-elle affirmé à l’AFP.

«Punir la Géorgie»
Elena Chekalova, une blogueuse culinaire, s’est dite sur Facebook «choquée» par ces interdictions: «Pourquoi décident-ils pour nous ce que nous ne pouvons pas manger, où nous ne pouvons pas aller et avec qui nous ne pouvons pas être amis ?»

Mikhail Strelkov, un touriste russe, a lui regretté auprès de l’AFP «une affaire politique n’ayant rien à voir avec les gens en vacances». «Poutine a décidé de punir la Géorgie car il y a des manifestations», a jugé pour sa part l’opposant Alexeï Navalny.

Moscou avait déjà suspendu ses vols vers la Géorgie en octobre 2006, puis en août 2008 après la guerre avec Tbilissi.

Si les autorités géorgiennes n’ont pas encore réagi officiellement, un haut responsable a soutenu qu’il s’agissait d’une décision politique. «Cela n’a rien à voir avec des questions de sécurité», a-t-il indiqué à l’AFP sous couvert de l’anonymat.

«Historiquement, la Géorgie a été l’une des destinations favorites des Russes et Poutine ne peut pas changer cela d’un coup de stylo», a estimé cette source géorgienne.

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